lundi 19 décembre 2016

Dialogue entre le Moi et le Soi


Il ne faut pas éliminer l'ego mais le dompter,
il est l'échelle qui permet de monter au ciel,
mais s'il devient guide il nous perd,
c'est l'âme qui doit lui indiquer le chemin.
 .
Alexandro Jodorowsky
"L'échelle des anges"
.


Si vous faites disparaître le moi ou l'ego,
 il n'y a plus personne pour vivre l'expérience ni pour la goûter. 

Il n'y a plus d'instance ou d'organe psychique qui permet la présence. 
Or, qu'il s'agisse de présence à soi, aux autres ou à l'univers environnant, 
celle-ci est centrale à l'évolution personnelle. 
Si l'on fait disparaître le moi, la conscience de soi qui permet 
la présence et la sensation de vivre une expérience disparaît avec lui, 
comme lorsque nous dormons et que les frontières du moi se dissolvent.

Alors, que peuvent bien vouloir dire des expressions comme « abolir l'ego » ? 
Pour avoir partagé la scène avec des maîtres spirituels comme Sogyal Rinpoche, 
j'ai cru comprendre qu'à un premier niveau du moins, ceux-ci désignaient par « ego » 
quelque chose qui se rapproche plutôt de l'égocentrisme, 
c'est-à-dire du fait d'avoir mis son ego au centre du monde, 
que de la notion de moi ou d'ego utilisée en psychologie. 

Plus avant, ils définissent cet égocentrisme comme le fait 
de toujours vouloir saisir quelque chose pour en tirer profit. 
Ce mécanisme de saisie est constamment en action 
et il est à mettre en relation étroite avec nos insécurités de base. 
Voilà d'ailleurs pourquoi, dans le domaine spirituel, 
on parle du « lâcher prise ».

En réalité, il ne faut pas confondre ego et égocentrisme. 
L'égocentrisme peut certes voiler le moi et faire en sorte 
que l'expérience vécue soit totalement centrée sur soi. 
Cependant, le moi peut également être l'hôte de sentiments 
aussi nobles et généreux que la compassion. 
Autrement dit, il ne faut pas jeter le bébé avec l'eau du bain. 

Le moi est l'organe qui permet l'expérience subjective, il en est le contenant. 
L'expérience qu'il vit - l'eau du bain - 
peut varier énormément en qualité et en valeur.

Bien entendu, lorsque l'ego accueille une expérience extatique
il est en expansion et il existe d'une façon très ténue. 
Mais, il existe tout de même et, 
à moins d'être en train de vivre une telle expérience de façon inattendue, 
elle a souvent été recherchée et permise 
par nul autre qu'un moi qui s'est rendu disponible à cet état d'ouverture.

La réalisation de soi

Ceci m’amène à parler de la notion du « Soi », 
une autre notion qui porte à confusion. 

Le psychanalyste Carl Gustav Jung a introduit cette notion en psychologie : 
si le moi est le centre du champ de la conscience, 
le Soi est le centre de l’individualité entière 
qui comporte à la fois le champ conscient et l’inconscient.

Ainsi, le conscient serait comme une île qui flotte à la surface de l’inconscient,
 un peu comme la terre flotte dans le système solaire. 
Et le Soi serait comme le soleil qui embrasse tout de ses rayons. 

Jung a appelé « processus d’individuation » le chemin qu’un individu peut emprunter 
pour devenir consciemment lui-même, 
c’est-à-dire pour se réaliser en entreprenant un dialogue avec le soi. 

La réalisation du Soi signifie qu’une personne devient le plus originalement possible 
ce qu’elle est appelée à être de par le développement de ses qualités intrinsèques 
et que, du même coup, elle se ressent comme étant pareille à tout ce qui l’environne. 

On n’est pas loin de la parole bouddhiste qui définit la réalisation par les mots :
 « je suis cela qui est ».
L’originalité de Jung réside dans le fait d’avoir sans cesse pointé du doigt 
que l’identification avec un Soi omniscient et tout puissant 
comportait des dangers importants qui pouvaient entraîner un être 
à la folie ou au délire de grandeur. 

De même que le refus de l’inconscient menait à la névrose. 
Il propose donc plutôt un dialogue entre le moi et le Soi.
.

               À mon avis, le point de vue de Jung représente une sage voie du milieu 
entre le moi que l’on veut casser à tout prix 
et le soi que l’on exècre lorsque l’on veut s’en tenir 
à une voie rationaliste et volontariste.
.
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dimanche 11 décembre 2016

Les jeux de l'ego...




Dans tout changement, dans toute transformation 
il faut savoir identifier et apprivoiser  l’ego, 
s’en faire un ami pour faciliter cette transition.

Certains parleront de le transfigurer pour, je cite :
 « découvrir à travers sa propre transparence et son propre effacement, 
l’Être éternel qu’il masquait
et auquel son geste de renoncement à soi le fait advenir ».

Il me vient à l’esprit le cas d’une personne qui, après avoir retrouvé sa motivation, 
revisité ses ressources intérieures, ses compétences, ses talents, 
n’enclenchait pas de manière satisfaisante son processus de transformation.

Des pensées « limitantes » l’envahissaient encore parfois 
l’empêchant d’agir comme elle le désirait. 
Il y avait quelque chose qui bloquait encore, quelque chose d’imperceptible 
mais qui pourtant était là, ancrée dans cette personne
et qui faisait de la résistance au changement
quelque chose qui l’empêchait d’œuvrer et d’agir pour le meilleur d’elle-même.

Avant de rentrer plus en détail sur l’ego et ses manifestations 
lorsque vous abordez une étape de changement dans votre  vie, 
je vous propose d’aller faire un petit tour du côté de vos pensées.

Qui parmi vous ne s’est pas entendu dire : « je suis nul », 
« je ne vais pas réussir cet examen, cet entretien »,
« c’est trop beau pour moi », 
« c’est trop beau pour être vrai », « je ne suis pas à la hauteur », 
« qu’est-ce que je peux être bête », « je ne le mérite pas tout cela », 
et bien d’autres formulations encore
aussi pessimistes, négatives et dévalorisantes.

A cet instant, il est intéressant de faire une pause intérieure, 
d’être et apprendre à vivre le moment présent et de s’observer.  
Et d’être en quelque sorte le coach de son mental, de ses pensées

J’aime à reprendre et à citer Guy Corneau (psychanalyste) 
sur la pratique d’être observateur de soi-même 
pour accompagner des patients dans la direction de leur créativité : 
« Pour moi, le premier acte de création, 
c’est d’installer un observateur bienveillant à l’intérieur de soi 
qui accueille tout ce qui se passe, sans jugement. 
J’ai donc invité les patients à devenir observateurs d’eux-mêmes, 
à se comprendre. »

En observant ses pensées on apprendra à les canaliser, 
à leur accorder l’importance qu’elles méritent, 
à dépasser l’effet de surprise, à les surmonter et à les transformer 
ce qui changera notre état interne pour le tourner le plus souvent possible 
vers le positif, le constructif.
(...)
Je reprendrais la définition de Nita Mocanu – 
Maître de Reiki (technique de bien-être énergétique) 
car elle me parait la plus accessible :

"L’Ego est cette partie de nous-même
dont la mission est de diriger le fonctionnement 
de notre corps et notre comportement en général – 
c’est aussi la partie assimilée à l’inconscient."

Il s’agit d’une mission très importante puisqu’il s’agit de faire en sorte 
que notre corps soit préservé et de le faire fonctionner correctement, 
préférablement sans souffrance.
Tout cela devait se réaliser sans aucune émotion ou jugement.

Cependant, peu à peu, l’Ego est devenu notre personnalité. 
A cette étape, nous avons toujours le discernement 
et c’est toujours notre conscience qui fait les choix et qui décide. 
De ce point de vue, on pourrait dire
que les grands Maîtres spirituels de l’histoire avaient un Ego ; 
leur conscience décidait et leur Ego/personnalité 
se manifestait en accord avec ces décisions.

De nos jours, chez beaucoup d’entre nous, 
L’Ego est devenu synonyme de « soi-même ». 
Cette partie de moi-même qui était censée être un simple logiciel 
se prend pour « moi » de plus en plus 
et je ne m’en rends même pas compte ».

Arnaud Desjardins  disait, lui :
«  Le sens de l’ego, c’est une identification 
– j’entends par ce mot se prendre pour ce qu’on n’est pas réellement -, 
une identification de la conscience au personnage que nous sommes… ».

Pour ce qui est de cette personne qui malgré son profond désir de changement 
se heurtait à un obstacle, où son état interne n’était pas totalement aligné avec ses actions, 
ses efforts comportementaux allant pourtant dans le sens du changement ;
il fallait comprendre le pourquoi, déterminer la cause de la résistance.

Et  c’est cette approche de l’ego qui lui permit de faire le déclic et d’identifier 
ce qui manquait à son envolée : une pensée intérieure
 qui sabordait son épanouissement, sa libération : 
« Ce n’est pas à mon âge que je vais changer,
après tout je suis bien comme cela ». 
Il prit conscience en ayant ainsi
 la possibilité de distinguer l’Ego et le « moi authentique »
que c’était son Ego qui parlait à travers cette pensée 
et qui par peur de l’inconnu dictait à lui-même de ne pas changer.

L’Ego devrait être structurant, rester à sa juste place 
et ne pas nous desservir en nous éloignant de notre moi authentique.
Tellement il est ancré chez une personne et honoré, animé à chaque instant de la vie, 
il refuse toute idée de changement et cultive chez cette même personne 
l’existence d’une zone de confort l’empêchant de prendre une autre direction.

Il s’accroche et c’est là que bien souvent 
si cette personne est déterminée à prendre le virage
 vers une vie ayant plus de sens alors elle se trouvera confrontée  
à des tempêtes la mettant à l’épreuve ; 
testant en quelque sorte son engagement de changement.

Quand cette bataille s’achève par la victoire du moi authentique, 
en ayant dompté l’ego, alors la percée de l’être peut se déployer 
et nous commençons à remarquer des coïncidences dans notre vie.

Les gens dont nous avons besoin apparaissent, 
les circonstances se réunissent de manière à nous aider
sur la voie de notre cheminement. 
Ces événements mis en perspective prennent la forme de balises, 
de guides, de partenaires de réussite.

Dans les mots de Patanjali :
« les forces, les facultés et les talents latents se manifestent 
et vous découvrez que vous êtes quelqu’un 
de bien plus formidable que vous ne le croyez ».

J’aime à citer Rûmî :

« La voie spirituelle déchire le corps,
pour ensuite le ramener à la santé.
Et elle détruit la maison pour déterrer le trésor,
et avec ce trésor la reconstruit meilleure qu’avant. »

Chaque chute renferme le potentiel de nous emmener plus haut. 
Cette libération de l’emprise de l’Ego bien ancré passe parfois 
par le côtoiement des ténèbres de l’âme. 
Derrière ce qui apparaît aux yeux de l’Ego comme une malchance 
se cache une chance.
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Texte complet ICI
"Agir et se transformer"
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jeudi 8 décembre 2016

La route de la conscience





Il est des êtres qui ouvrent de nouvelles "routes"
et parcourent des territoires inconnus...
nous permettant ensuite de les fouler à notre tour...

J'ai une grande (et bonne) nouvelle :
la conscience commence à être réellement prise en compte
par les physiciens !

Philippe Guillemant, physicien émérite,
passionné par le  mystère du temps et des synchronicités,
découvreur de la "double causalité"
(ou comment le futur influe sur le présent)
vous en dit deux mots...
.
Juste de quoi vous mettre l'eau à la bouche...

Pour plus de détails, vous pouvez aller ICI
.
La Licorne
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dimanche 27 novembre 2016

Marcher sur le vide




LA GRANDEUR DE L’OBSTACLE
N’EST PAS PUNITION, MAIS CONFIANCE.
Faites attention ! Vous tous !
 
Il n’y a pas d’abîmes si sombres,
Il n’y a pas de falaises si hautes,
Il n’y a pas d’égarements si tortueux
Qui ne soient pas CHEMIN.
Que les frayeurs terribles ne vous égarent pas !

Vous pouvez déjà marcher, 
non seulement sur l’eau -si vous avez la foi – 
mais aussi sur le vide.
Sur le vide noir. Ne vous effrayez pas !
 
Faites attention à cette seule chose :
NE VOUS APPUYEZ PAS !
Ce qui paraît l’appui le plus sûr, 
C’est le vide le plus noir.
 
NE LE SAISISSEZ PAS,
CAR VOUS DEVIENDRIEZ LE VIDE VOUS-MÊME !
Il y a un unique appui qui ne déçoit pas.
(...)
CHACUN DE VOS PAS A TRAVERS LE VIDE
DEVIENT UNE ILE FLEURIE
OU LES AUTRES PEUVENT POSER LE PIED.
 
Mais sur le chemin, n’emportez rien d’ancien avec vous !
Le vide attire le vide.
Vous devez partir sans vêtement.
Un vêtement neuf, encore jamais vu, vous attend…
.
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samedi 26 novembre 2016

Entre deux abîmes, le chemin...


Il est de savoir quelle civilisation
s'établira demain sur ce monde nouveau
qui s'élabore au fond du creuset.
.
Lucien Febvre
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Nous savons qu'il n'y a rien d'autre que du présent, 
et qu'il n'y aura jamais rien d'autre.
Par conséquent la véritable valeur d'un projet 
n'est pas dans son accomplissement comme résultat,
mais dans son accomplissement comme processus, 
autrement dit dans le chemin qu'il oblige à ouvrir et à parcourir.

 Car nous sommes toujours en chemin ;
il n'y a pas de point final, seulement des haltes temporaires
pour un repos qui n'est que préparation à un nouveau mouvement. 
Et ce qui vaut pour les individus vaut aussi pour la société :
seul compte le chemin.

La tâche d'ouvrir ce chemin est ô combien exaltante
Mais il faut avoir bien conscience qu'elle recèle d'incroyables difficultés, 
car il s'agit d'avancer sur le fil d'un rasoir entre deux abîmes.

 D'un côté celui où nous précipiterait l'inaction, l'abîme de la désagrégation, 
qu'il ne faut pas forcément concevoir comme une apocalypse 
(nucléaire, biologique, climatique, ou autre). 
Car entre d'une part la grande inertie du système économico-social actuel, 
et d'autre part la très grande faculté d'adaptation de l'homme, 
les choses se feront progressivement, si progressivement peut-être 
que les ruptures ne seront guère perceptibles.

Le climat évoluera lentement, l'environnement se dégradera de plus en plus, 
de nouvelles maladies se propageront, les économies se désorganiseront, etc, 
mais à tout cela l'homme s'adaptera au jour le jour.

Seulement, dans ce contexte de déclin de la civilisation
cette adaptation risque fort d'être une régression, 
qui verrait la résurgence de tant de comportements néfastes

Précisons encore que si chacun se contente de cultiver dans son coin son jardin, 
de se faire un joli sam-suffit, cela ne résoudra rien car tout est lié.

Quant à l'autre côté du fil du rasoir, c'est un abîme où nous précipiterait 
un excès de zèle et de prosélytisme.
Nous le savons bien, l'enfer est pavé de bonnes intentions.

Prudence donc avant de généraliser à l'humanité 
des modèles qui n'ont pas été éprouvés. 
Et n'en déplaise à monsieur Rousseau et à quelques uns de ses suivants 
qui ont fait bien du mal à leurs semblables, 
il est tout à fait stupide de vouloir forcer les hommes 
à être libres et heureux ! 

D'abord on ne sait même pas ce que ces mots veulent dire, 
ensuite toutes les expériences faites en ce sens
montrent que ça ne marche pas, 
et enfin cela attise les rancoeurs, 
et pollue un astral qui l'est déjà passablement.

Entre ces deux abîmes, tout est possible 
parce que notre pensée est créatrice de la réalité. 
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Vahé Zartarian-Martine Castello
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dimanche 20 novembre 2016

Leonard Cohen : un chanteur "spirituel" ?




 
La quête de Leonard Cohen était d’atteindre les profondeurs du cœur. 
Pour cela, il n’eut d’autres choix que d’explorer avec une lucidité implacable 
la part d’ombre et de lumière qui constitue chacun de nous, 
à commencer par lui-même. 
 
Profondément tourmenté depuis l’enfance autant qu’il aspirait à la lumière, 
Leonard Cohen a su déployer comme peu d’artistes
 une œuvre qui oscille de la grâce à la chute, de la haine à l’amour, 
sondant chaque émotion comme une vérité sans fard. 
 
 « Tout est dit dans mes chansons », affirmait l’écrivain romancier et poète, 
devenu chanteur parce qu’il voulait donner une voix à ses textes. 
Au fil de ses mots et de ses mélodies, 
des anges peuvent côtoyer les lames de rasoir, 
des berceuses renfermer une violence impitoyable, 
sa voix grave s’envelopper de chœurs féminins, 
la pureté blanche d’une avalanche engloutir une âme lourde… 
 
Si son but est d’approcher la grâce, 
il ne peut l’atteindre sans traverser les abîmes.
 C’est que pour lui, « nos cœurs brûlent dans nos poitrines 
comme de la viande de kebab sur sa broche ». 
Pour tenter de comprendre et traverser ce feu, 
toute l’œuvre de Leonard Cohen est composée 
comme un gigantesque art d’aimer. 
Pour les femmes, la poésie, Dieu, ou toute chose vivante. 
 
Amours issus d’un même élan se confondant sans cesse. 
À l’écoute des textes ciselés sur parfois des années, 
accompagnés d’arpèges de guitare comme de musique électronique, 
Leonard Cohen a su transcender une à une ses peurs 
pour entrer dans une sagesse rayonnante. 
 
À la fin de sa vie, il n’avait pas fait disparaître le côté sombre de l’existence, 
mais, devenu léger, il avait su frotter le noir 
jusqu’à ce qu’il prenne les propriétés de la lumière.
 


Extraits d'une interview d' Alexandra Pleshoyano 
(en intégralité ICI) :


 3 - Comment expliquez vous que ses chansons et son aura touchent tous les âges et toutes les religions ?
Alexandra Pleshoyano : Probablement parce que Leonard est vrai et qu’il chante à partir de son cœur. Il souhaitait lorsqu’il était jeune toucher les gens comme un magicien, les transformer, les blesser, laisser sa marque sur eux et les rendre beaux . 

Son public varie des adolescents aux octogénaires. Il a un impact profond et de longue durée sur les gens. Avec Leonard c’est du cœur à cœur. Il s’adresse directement à toi. Il représente la voix/voie de l’intimité. En parlant de son livre le plus intime et personnel publié, Book of Mercy, Leonard dit : « si la chose devient suffisamment intime et suffisamment personnelle et suffisamment vraie, alors ça va s’adresser à tout le monde… C’est la condition pour l’universalité, cette intimité absolue » .

Tel que l’exprime le Talmud: Dieu cherche le cœur de la personne. Leonard chante avec son cœur. Selon le fondateur du mouvement hassidique, Israel Baal Shem Tov , lorsqu’une personne chante, elle confesse toute sa vie. « Et lorsque qu’une personne se confesse, ajoute-t-il, vous êtes obligés de l’écouter » .
 Leonard écrit : « Après les prières du Shabbat, le papillon du Baal Shem m’a suivi jusqu’en bas de la colline […]. »

Malgré la diversité du genre humain, il existe un rapport intrinsèque entre les rites religieux et la musique. Celle-ci unit les gens malgré leurs différences et touche directement le cœur de la personne. Par son mouvement dynamique et créatif, la musique fait naître de nouvelles formes de communautés. 

Il y a un son et un ton sacrés dans la voix de Leonard. La religion – qu’on y croit ou non – fait partie de la civilisation et de la culture humaine. Elle se manifeste non seulement à travers les rites sacrés propres à chaque confession, mais à travers la création artistique. Depuis le début de la création, l’art est la réponse humaine à la Présence du sacré qui peut être conçue de différentes manières. 

Je crois personnellement que la musique sacrée est une clé importante pour le dialogue interreligieux et interspirituel. Tel que l’écrit Rudolf Otto, la musique représente ce grand combat pour atteindre le tout Autre que rien ne peut exprimer. 

La musique est le langage universel des émotions humaines, l’expression de l’inexprimable . Selon le Baal Shem Tov, la joie et l’extase rapprochent de la Présence de Dieu (Shehkinah) et la musique est le medium par lequel on éveille cette joie et cette extase . 

Lorsque Leonard chante, il chante pour l’Autre et se donne corps et âme à ceux qui l’écoutent. Lorsque vous parlez ou chantez à partir de votre cœur, vous touchez tous les cœurs qui ont des « oreilles pour entendre ». Leonard révèle tout ce qu’il est à travers ses écrits : son amour, sa haine, ses angoisses, sa colère, son amertume et son espérance. On sait presque tout de lui si on prend le temps de méditer ses paroles.




À la fin de son premier roman publié, Leonard retranscrit quelques pages de son journal intime, dont cette prière adressée au Tout Autre : « Ramène-moi à la maison. Bâtis à nouveau ma maison. Fais de moi un hôte en Toi. Prends ma douleur. Je ne peux plus l’utiliser. Elle ne fait rien de beau. […] Sainte vie. Fais que je puisse la mener. Je ne veux pas haïr. Laisse-moi m’épanouir. Que le rêve de Toi s’épanouisse en moi. »

La vie de Leonard est comme un fil ininterrompu se promenant entre la lumière et les ténèbres, entre les anges et les démons, entre l’espérance et le désespoir. Dans une même phrase, Leonard peut passer du profane au sacré, de la chair à l’esprit, de l’humain au divin. 

Sa vie est tissée de contradictions, d’oppositions et de paradoxes, mais il a le courage et l’honnêteté de se présenter tout entier. C’est certainement un des côtés les plus appréciés chez lui. 
Leonard amalgame fréquemment spiritualité et sensualité exprimant ainsi son désir pour la femme et son désir pour Dieu. Tel qu’il l’écrit : « Gémis pour moi, comme je gémis pour toi mon amour, comme je gémis pour Dieu » 
.
 
7 - Dans ses chansons, on trouve énormément de symboles universels, même chrétiens comme "The Lord", "The Church", "Hallelujah" ... 
Est-ce voulu pour toucher le plus grand nombre ?

Alexandra Pleshoyano : Leonard témoigne de son héritage juif à travers tous ses écrits en y ajoutant des éléments du christianisme et du bouddhisme Zen. Il n’y voit rien d’incompatible, parce qu’il ne s’attarde pas aux dogmes. The Lord (le Seigneur) et Hallelujah sont des termes juifs qui ont été récupérés par les chrétiens. 

Mais on retrouve en effet chez Leonard – dans sa poésie, ses romans et ses chansons – tout un amalgame de son héritage juif, du christianisme – rappelons que Montréal durant l’enfance et la jeunesse de Cohen était dominé par le Catholicisme et que même sa nurse Mary était une irlandaise catholique qui l’emmenait parfois à l’église avec elle – et du bouddhisme Zen qu’il a fréquenté pendant plus de trente ans. Mais en dernière instance il insiste sur son identité juive.

8 - On sait très peu de choses sur les 9 mois qu'il a passé en Inde en 2001 avec un Maître ... Pouvez-vous nous en dire plus ?
Alexandra Pleshoyano : Je sais que Leonard a passé plusieurs mois à Bombay auprès de Ramesh S. Balsekar et qu’il aurait été particulièrement touché par un de ses livres intitulé The Ultimate Understanding, mais je n’en sais pas plus.
9 - Quelle est selon vous la chanson la plus spirituelle de Leonard Cohen ?
Alexandra Pleshoyano : Dans une interview, Leonard a confié au journaliste que chaque poète possède un poème et que chaque romancier possède une histoire, et que tout le monde possède une chanson et que toutes ses chansons sont en fait une seule chanson. 

Tous ses livres, a-t-il ajouté, représentent un seul poème. La chanson la plus spirituelle de Leonard est donc celle qu’il porte au plus profond de son être et qui est la Source même où il puise toutes celles qu’il nous offre si généreusement depuis plus de quarante ans.





lundi 14 novembre 2016

dimanche 13 novembre 2016

Il arrive un temps




Il arrive un temps...
Il arrive un temps dans la vie où on apprend
la différence entre tenir la main de l'autre
et l'enchaîner à soi.

Un temps où on apprend que l'amour
ne signifie pas se soulager de tout souci sur l'autre.
Et que la compagnie n'est pas toujours
une garantie contre la solitude.
Un temps où on apprend que les baisers
ne sont que des cadeaux
et ne sont pas des promesses.

Il arrive un temps dans la vie où on apprend
à accepter ses échecs en gardant la tête haute
et les yeux ouverts,
où on apprend à bâtir notre vie dans l'instant présent
parce qu'on ignore si on sera toujours là demain.

Il arrive un temps dans la vie où on apprend
que même le soleil brûle si on abuse.
Il arrive un temps dans la vie où on apprend...
La souffrance, la peine, l’absence,
Mais où on apprend qu'on a en soi
la force d'y faire face.

Il arrive un temps dans la vie où on découvre...
ce que l'on vaut vraiment...
Et on continue d’apprendre...
Avec chaque abandon, chaque perte,
chaque départ, on apprend.

Alors travaillons à décorer notre jardin intérieur
au lieu d'attendre que quelqu'un nous offre des fleurs.



samedi 12 novembre 2016

Fêlure


.

There is a crack
A crack in everything
That's how the light gets in...

Il y a une fêlure
Une fêlure en tout ce qui est
C'est comme ça que la lumière entre...
.
Léonard Cohen
.


mercredi 26 octobre 2016

Ecologie et spiritualité



Rester en contact avec le mystère...
de la Vie, de la Nature
et retrouver le sacré
et l'esprit qui est présent
en tout...
.


lundi 24 octobre 2016

La fin d'un système : il est urgent d'agir...


Ce système-là peut-il encore perdurer ?
Non.
Il ne faut pas s’illusionner et se raconter des histoires :
Notre système arrive à ses limites.
Il faut maintenant que l’imagination se mette en route,
pour en créer un autre.
.
.
 


Assez de mots...il faut agir.
Les belles paroles ne suffisent plus...

Combien de temps nous reste-t-il
avant que notre planète étouffe
sous notre inconscience ?

Jacques Gamblin nous rappelle,
avec talent, verve et humour,
que nous sommes au pied du mur...
mais que tout est encore possible !
.
La Licorne
.


Vidéo trouvée chez Célestine

 
Extrait du discours: 

La mer monte, monte, monte...
(...)
Les preuves sont établies alors pourquoi tergiverser ?
Que tout le monde s'active alors...
Maintenant, maintenant...

Pas dans deux heures,
je pense que maintenant, maintenant,
le monde entier a les preuves en main
sur ce "climat ressenti" et réel,
qu'il a assez réfléchi, non ?,
assez analysé le globe et son échauffement,
assez mesuré la hauteur d'eau...



 
Je vous en prie, bougez-vous maintenant, les gars !
Et laissez un peu de place aux filles...
Nous, on est prêts, les hommes sont prêts.
Mettez de la terre et du ciel entre vos dents
mais ne parlez plus la bouche pleine
et transpirez de la décision.

Tombez les chemises et les cravates
pour courir après demain.
Arrêtez les ascenseurs et les tapis roulants de l'inertie,
actionnez les manivelles !

Allez, mesdames et messieurs,
faut aller dans le grand bain,
brasser du concret,
stopper la parlerie,
multiplier les muscles
et arrêter de ramper avec la langue,
elle a assez tourné.

Faut baver du palpable !!!
.
Jacques Gamblin
.




dimanche 23 octobre 2016

Où sont les guides ?





 
N’y-a-t-il plus de Mandela, de Gandhi, de Mère Theresa,
d’Albert Einstein, de Rose Kennedy, de Martin Luther King,
 pour nous éveiller, plus encore nous réveiller, nous inspirer,
nous propulser, nous guider, nous enchanter ?

Grandir, mûrir, changer, avoir un état d’esprit plus favorable,
devenir meilleur, prendre du recul, être plus positif et serein,
 plus confiant, retrouver l’estime de soi,
tout ce qui relève de l’évolution et du développement personnel
est certes pour une grande part une affaire individuelle
avec l’objectif d’accéder à une vie plus satisfaisante.

Mais c’est une affaire personnelle 
qui a des incidences et des conséquences
à l’échelle collective, humanitaire, planétaire ;
un cheminement personnel, une transformation de notre être
qui se trouve grandement facilités par la rencontre de personnalités lumineuses
et qui montrent la voie, la direction ( la voie de l’éveil)
comme Gandhi, Le Dalaï-Lama, Nelson Mandela.

Aujourd’hui je m’inquiète, j’ai beau regarder autour de moi,
notre société occidentale est en panne d’inspiration, de sens,
d’espérance, d’humilité, d’élan créateur,
de beauté et de sagesse, de merveilleux, de discernement .

Et pire encore même si on nous parle de vision, de changement,
de renouveau, d’innovation, de défi, de grandeur, de talents ;
j’ai l’impression de ne voir que des mots qui sonnent de plus en plus creux
et n’enchantent plus personne.

A force de les prononcer peut-être auraient-ils même l’effet contraire,
un effet de démotivation, de fatalité, de résignation, d’immobilisme
avec le doute aussi que ceux qui les formulent de manière réitérée 
ne cherchent pas au final, eux-mêmes, qu’à se rassurer, 
à afficher de belles valeurs, voire se convaincre.

Je ne vois plus ces hommes et femmes, d’éthique et de confiance,
porteurs de valeurs authentiques, d’inspiration, d’engagements, de mobilisation,
de rassemblement, de bienveillance, héritiers du sens et du sel de la vie.

Ces guides de lumière appartiendraient-ils 
à une source en voie de tarissement ?
Les fondements et fonctionnements  actuels de notre société
 qui prônent la performance, l’excellence, la concurrence, 
l’égo, la consommation, le pouvoir,
le culte de l’individu, le culte de l’argent 
seraient-ils un frein
à l’émergence d’authentiques et d’éthiques leaders,
bien loin du « diviser pour mieux régner » ?

Notre société serait-elle en manque de modèles qui ouvrent la voie ?
Sans des hommes ou des femmes de bonne volonté de la trempe de Nelson Mandela
les mots «  motivation, énergie, espoir, foi, ressources, talents,
confiance, reconnaissance, rassemblement »
ne seront et ne resteront que des mots.

Or l’heure n’est plus aux mots, il s’agit de FAIRE,
de faire ensemble pour œuvrer à un monde meilleur.
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Texte trouvé ICI
 
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vendredi 21 octobre 2016

Ce qui importe, c'est d'aller vers...




Si tu diffères de moi, mon frère, loin de me léser, tu m’enrichis...
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L’ordre pour l’ordre est la caricature de la vie.
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Pour créer l'ordre, je crée un visage à aimer.
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La vertu, c’est la perfection dans l’état d’homme 
et non l’absence de défauts.
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Une civilisation repose sur ce qui est exigé des hommes, 
non sur ce qui leur est fourni.
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Si tu veux qu'ils soient  frères, oblige-les de bâtir une tour.
Mais si tu veux qu'ils se haïssent, jette-leur du grain.
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De l'homme, je ne demande pas quelle est la valeur de ses lois,
mais bien quel est son pouvoir créateur.
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Si tu veux construire un bateau,
 ne rassemble pas tes hommes et femmes
pour leur donner des ordres,
pour expliquer chaque détail,
 pour leur dire où trouver chaque chose...
Si tu veux construire un bateau,
 fais naître dans le cœur de tes hommes et femmes
 le désir de la mer..
Appelles-tu liberté le droit d’errer dans le vide ? 
C’est plutôt un renoncement à notre vocation d’homme.
Seule la direction a un sens. 
Ce qui importe c’est d’aller vers 
et non d’être arrivé 
car jamais l’on n’arrive nulle part 
sauf dans la mort.
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- Cependant, lui dit l'autre, si toi, chef d'un empire,
tu ne te préoccupes point en premier du bonheur des hommes...
- Je ne me préoccupe point, répondit mon père,
de courir après le vent pour en faire des provisions,
car, si je le tiens immobile, le vent n'est plus...
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Ainsi n'écoute jamais ceux qui te veulent servir
 en te conseillant de renoncer à l'une de tes aspirations.
Tu la connais, ta vocation, à ce qu'elle pèse en toi.
Et si tu la trahis, c'est toi que tu défigures,
 mais sache que ta vérité  se fera lentement
car elle est naissance d'arbre
et non trouvaille d'une formule,
car c'est le temps d'abord qui joue un rôle,
car il s'agit pour toi de devenir autre
et de gravir une montagne difficile.
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Si quelque chose s'oppose à toi et te déchire, laisse croître,
c'est que tu prends racine et que tu mues.
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C'est pourquoi je dis qu'importe d'abord,
dans la construction de l'homme,
non de l'instruire,
ce qui est vain s'il n'est plus qu'un livre qui marche,
mais de l'élever et de le conduire aux étages
où ne sont plus les choses mais les visages
nés du "noeud divin" qui noue les choses.
Car il n'est rien à espérer des choses
si elles ne retentissent les unes sur les autres,
ce qui est seule musique pour le coeur.
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Celui-là qui lit une lettre d'amour s'estime comblé
quels que soient l'encre et le papier.
Il ne cherchait l'amour
ni dans le papier ni dans l'encre.
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Si tu veux comprendre le mot  bonheur, 
il faut l’entendre comme récompense et non comme but.
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. ...vous êtes un "noeud de relations" et rien d'autre
et s'il n'est point de relation,
 vous ne trouverez en vous-même qu'un carrefour mort.
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Rien n'a de sens si je n'y ai mêlé mon corps et mon esprit,
il n'est point d'aventure si je ne m'y engage.
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Telle fleur est d’abord un refus de toutes les autres fleurs. 
Et cependant, à cette condition seulement elle est belle.
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Je ne te dirai point les raisons que tu as de m’aimer. 
Car tu n’en as point. 
La raison d’aimer, c’est l’amour.
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La vie n’est ni simple, ni complexe, ni claire ni obscure,
ni contradictoire, ni cohérente, elle est..

Saint-Exupéry
"Citadelle"



lundi 17 octobre 2016

La tête et le coeur



La tête est incapable de communier. 
La seule chose qu’elle puisse faire est disséquer, 
analyser, fragmenter la réalité.

Le coeur synthétise, relie, réunit, fusionne ce qu’il perçoit.
L’homme qui regarde à travers son coeur 
voit le monde comme un tout organique indivisible.

Pour la tête par contre, le monde est une multitude d’atomes. 
L’Un que seul le coeur peut découvrir
est ce qu’on appelle Dieu, le divin.
Osho Rajneesh
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samedi 15 octobre 2016

Vraie rencontre



Le charme d'une vraie rencontre, 
c'est qu'elle a souvent lieu dans l'inattendu et l'inespéré. 
Elle est toujours fulgurante, unique, 
provoquant une émotion intense, illuminante. 
Tout à coup, on se trouve face à face,
devant un autre.

Après quelques échanges, on se reconnaît. 
Le courant passe comme on dit, 
et un rapport d'être à être s'établit ;
 pendant que les esprits assurent la communication, 
les âmes créent déjà un état de communion.

Je distingue toujours ces deux degrés : 
la communication et la communion.

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François Cheng
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jeudi 13 octobre 2016

Se parler



Deux biens sont pour nous aussi précieux 
que l'eau ou la lumière pour les arbres: 
la solitude et les échanges.

Très peu de vraies paroles s'échangent chaque jour, 
vraiment très peu. 
Peut-être ne tombe-t-on amoureux que pour enfin commencer à parler. 
Peut-être n'ouvre-t-on un livre que pour enfin commencer à entendre.

Rencontrer quelqu'un, le rencontrer vraiment 
- et non simplement bavarder
comme si personne ne devait mourir un jour -, 
est une chose infiniment rare. 
La substance inaltérable de l'amour 
est l'intelligence partagée de la vie.
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Christian Bobin
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mardi 11 octobre 2016

L'amitié spirituelle





 
Toute amitié me paraît inattendue.
Elle est le fruit du hasard, du destin, de la grâce.
On la nourrit ou on la laisse dépérir.
Elle n’est pas volontaire.
Quelqu’un peut avoir des qualités humaines
et ne jamais rencontrer un ami.
Il s’agit d’un lien d’élection unique
entre deux personnes.
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Jacqueline Kelen
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dimanche 9 octobre 2016

Le miracle d'être là



La vie a la prééminence, disais-je.
mais cela n'enlève rien au fait
que nous sommes dans le pétrin.

Nous autres humains sur terre, 
nous sommes pris dans un terrible engrenage :
 la certitude de mourir
sans  en connaître  ni le jour ni l'heure 
devient en nous  la source de toutes les incertitudes.

Malgré nos mille mesures visant à nous sécuriser, 
nous vivons sous la menace de maladies, d'accidents, 
de conflits meurtriers, de perte d'êtres chers.
D'où notre permanente angoisse.

 Compte tenu de cette situation,
 il y a bien lieu de parler du miracle d'être là ensemble, 
de partager ce rare bonheur d'un vrai échange.
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François Cheng

"Cinq méditations sur la mort,
autrement dit sur la vie"
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vendredi 7 octobre 2016

Nuit


Il faut que le noir s'accentue
pour que la première étoile apparaisse.
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Christian Bobin
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Après que la fulgurance du jour a fui,
La nuit seule, l'obscure nuit révèle les étoiles à mes yeux ;
Après le tonnerre de l'orgue majestueux, du chœur, de l'orchestre parfait,
Silencieuse à travers mon âme chemine la symphonie véritable.

Walt Whitman




mercredi 5 octobre 2016

Le monde moderne et l'esprit



Le monde moderne a  par rapport à l'esprit,
une vertu de clarté :
l'esprit et l'âme n'ont plus rien à faire ici-bas.
(...)
Il n' y a plus aucun espace laissé
à ce qu'on appelle l'esprit.
Celui-ci est donc voué à une résistance absolue,
il ne peut s'accommoder de rien
parce que c'est trop manifeste
qu'il n' y a plus que la matière.

C'est beaucoup plus net qu'avant.
Hier, le clocher des églises pointait le ciel
comme un doigt,
c'était un petit rappel constant de l'infini.

Aujourd'hui, l'esprit se réfugie où il peut,
dans un brin d'herbe ou dans cette tourterelle,
que j'ai vu l'autre jour aussi blanche
qu'une boule de neige...
.
(...)
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photo personnelle


Dans un sens, je dirais que c'est la chance de l'esprit
que la société aille à sa perte
et ne se soucie plus du spirituel.
Le plus grand danger serait en effet
que la société lui fasse une place.
(...)
Les philosophies et les religions ne sont
qu'une manière interne pour le monde
de se réguler encore mieux.
Ceux qui écrivent là-dessus ne gênent personne :
ils ronronnent.
C'est un mélange d'humanisme
et de gentil moralisme.
(...)
C'est parce qu'aujourd'hui tout est perdu
que la résurrection peut commencer enfin :
tout ce qui était sacré est atteint
comme le seraient des arbres
 après le travail d'un vent noir.

Le mot résurrection trouve un appui réel
dans cette perte enfin totalement réalisée :
de même que l'absence d'un mort
nous inonde de sa présence
et nous le rend encore plus cher,
on sait ce qu'est un arbre quand on le découvre
accablé et face contre terre.
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Christian Bobin
"La lumière du monde"



lundi 3 octobre 2016

Conspiration universelle



On ne comprend absolument rien à la civilisation moderne 
si l' on n' admet pas d' abord qu' elle est une conspiration universelle 
contre toute espèce de vie intérieure.
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Georges Bernanos
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samedi 1 octobre 2016

Le son du silence


Parmi les expériences les plus belles que j’ai vécues,
de nombreuses ont un point commun : le silence.
Un silence intérieur paisible et vibrant.

Le silence qui jaillit quand s’arrête le processus de la pensée
 pour faire place au moment présent.
Un silence spontané.
Le plus extraordinaire dans cette révélation
est la découverte que le silence est plein, vivant,
et exprime la totalité, comme ne peuvent le faire les mots,
les sons, la musique.
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Lao Tseu




Méditer, ce n’est pas ce qu’on pense. 
Méditer, ce n’est pas non plus « ne pas penser ». 

Méditer, c’est entreprendre un virage, un entraînement ; 
je répète, la méditation est un entraînement d’un genre différent : 
c’est entraîner ce mental récalcitrant et rebelle. 
C’est cultiver une habitude nouvelle pour la plupart d’entre nous. 
Alors qu’on a l’habitude de courir, d’entreprendre, de fixer des objectifs, 
l’approche méditative nous propose tout le contraire : 
nous donner un temps d’arrêt, de présence à ce qui est. 

Complètement, consciemment, intentionnellement. 
Donc, il nous faut nous asseoir. Nous immobiliser, pour un temps. 
Ressentir, cesser de se battre, commencer à faire la paix en nous 
et laisser tomber, pour le temps de notre méditation, tout objectif.

Être ici. Maintenant. 
Tout simplement présent à son expérience du moment : 
ouvert, disponible, accueillant, vaste...

Méditer, donc, c’est s’arrêter, faire silence, 
lâcher prise, laisser tomber son agenda, ses obsessions, 
ses rôles, ses grands et petits projets, 
cesser de (se) juger et de préjuger.

Méditer, c’est surtout entraîner le mental 
à s’installer dans le présent tel qu’il est, d’instant en instant, 
avec sa mouvance, avec ce qui se présente à nous, 
sans choisir ceci, sans exclure cela et surtout, 
sans étiqueter (comme bon ou mauvais…) 
ni réagir à ce qui se produit. 

Cela tranche sur notre manière habituelle 
d’entreprendre une action...

Robert Béliveau
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Lorsque vous êtes envahi par les problèmes,
il ne reste aucune place pour la nouveauté ou les solutions.
Alors, chaque fois que vous le pouvez, faites un peu de place à tout cela
et vous trouverez votre vie qui se cache derrière vos conditions de vie.

Utilisez pleinement vos sens.
Soyez véritablement là où vous êtes.
Regardez autour de vous.
Simplement, sans interpréter.
Voyez la lumière, les formes, les couleurs, les textures.
Soyez conscient de la présence silencieuse de chaque objet,
de l'espace qui permet à chaque chose d'être.
Écoutez les bruits sans les juger.
Entendez le silence qui les anime.

Touchez quelque chose, n'importe quoi,
et sentez et reconnaissez son essence.
Observez le rythme de votre respiration.
Sentez l'air qui entre et qui sort de vos poumons,
sentez l'énergie de vie qui circule dans votre corps.
Laissez chaque chose être, au-dedans comme au-dehors.
Reconnaissez en chaque chose son « être-là ».
Plongez totalement dans le présent.
De la sorte, vous laissez derrière vous le monde assourdissant
de l'abstraction mentale, du temps.

Vous sortez de la folie de ce mental
qui vous dépouille de votre énergie vitale
et qui empoisonne et détruit la Terre.
Vous sortez du rêve qu'est le temps
pour arriver dans le présent.
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Eckhart Tolle
"Le pouvoir du moment présent"
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Les deux derniers textes ont été empruntés 
au blog d'Acouphène :
"Phytospiritualité"
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