mardi 30 août 2016

Le mystère de la vie




S’il ignore ce qu’il est, l’homme est aliéné, 
par rapport à son potentiel vital ; 
il ne vit qu’à la superficie de lui-même, 
ne respire donc qu’à la superficie de lui-même, 
survit en redoutant la mort qu’il crée d’autant plus et plus vite 
qu’elle devient en fin de compte, inconsciemment, 
son seul objectif.

Je ne pense pas que nous puissions prendre 
délibérément et consciemment pour objectif la vie 
sans l’objectiver au plus haut niveau de conscience, 
c’est-à-dire sans avoir l’audace de plonger dans son mystère oublié, 
mais dont nos mythes traditionnels sont la mémoire.
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La vie m’émerveille.
Je ne la comprends pas.
À travers ce mystère, je crois vraiment que la plus grande puissance
que peut développer un être humain pour modifier le cours de sa vie,
c’est l’amour.
Ce n’est pas simplement l’amour humain,
mais l’Amour dans sa grande dimension d’aimer.
Vraiment aimer.

S’il y avait l’amour dans notre quotidien et nos décisions,
on ne détruirait pas la vie, nous n’aurions pas d’armements,
 de missiles, de chars d’assaut et toutes ces stupidités liées au meurtre.
Non, on n’aurait pas besoin de tout cela.
Il faut surtout apprendre à aimer et prendre soin,
plutôt qu’à détruire ou à haïr.

Je suis très attaché à ce monsieur qu’on a crucifié,
alors qu'il ne parlait que d’amour.

Il n’a jamais dit “construisez-moi des cathédrales ou des églises”,
il a simplement dit que l’amour est la puissance absolue
qu’un être humain peut déployer...
(...)
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Pierre Rabhi
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dimanche 28 août 2016

Que ma joie demeure




 
 
"Jourdan, tu te souviens d'Orion fleur de carotte ?
- Je me souviens
- Le champ que tu labourais, le tabac que tu m'as donné ?
- Je me souviens
- Tu m'as demandé : "N'as-tu jamais soigné les lépreux ?"
- Je me souviens comme d'hier. Tu m'as répondu:
"Non; je n'ai jamais soigné les lépreux."
- Tu traînais une grande peine.
- Oui
- Plus de goût
- Non.
- Plus d'amour.
- Non.
- Rien.
- La vieillesse, dit Jourdan.
- Tu te souviens, dit Bobi, de la grande nuit ?
Elle fermait la terre sur tous les bords.
- Je me souviens.
- Alors je t'ai dit: regarde là-haut,
Orion-fleur-de-carotte,
un petit paquet d'étoiles.
Jourdan ne répondit pas.
Il regarda Jacquou, et Randoulet, et Carle.
Ils écoutaient.
- Et si je t'avais dit Orion tout seul, dit Bobi,
tu aurais vu les étoiles, pas plus,
et, des étoiles çà n'était pas la première fois que tu en voyais,
et çà n'avait pas guéri les lépreux cependant.
Et si je t'avais dit : fleur de carotte tout seul,
tu aurais vu seulement la fleur de carotte
comme tu l'avais déjà vu mille fois sans résultat.
Mais je t'ai dit : Orion-fleur-de-carotte,
et d'abord tu m'as demandé : pardon ?
pour que je répète, et je l'ai répété.
Alors, tu as vu cette fleur de carotte dans le ciel
et le ciel a été fleuri.
- Je me souviens, dit Jourdan, à voix basse.
- Et tu étais déjà un peu guéri, dis la vérité.
- Oui, dit Jourdan
.
Jean Giono
"Que ma joie demeure"
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samedi 13 août 2016

Créateur




Le passé n'existe pas, le futur n'existe pas,
Sois l'Enfant qui dans l'instant s'offre vierge à l'expérience,
Sois l'Enfant, maître de sa destinée,
Sois l'Enfant qui court devant le temps,
qui rêve d'univers,
qui se rêve créateur d'univers.

La peur retient, le rêve s'éteint.
Sois le Fou, seul qui ose,
Qui ose mettre les pieds là où nul n'est jamais allé,
Qui ose entreprendre le démesuré
que tous jugent impossible.
Sois le Fou à l'enthousiasme inextinguible,
Celui qui rit de tout,
Et qui dans ses éclats accomplit les prodiges
que l'Enfant a rêvés.

Fais l'Enfant, fais le Fou, 
deviens Maître.
Par la grâce de ta nature,
Par la force du désir,
Par l'aspiration du devenir,
Crée,Crée et parfait.

Mais que tout acte soit un acte d'Amour,
Un Amour si brûlant qu'il consume l'acte à sa chaleur.
Et dans les cendres,
Le joyau indestructible et inaltérable,
La Joie Pure du Principe révélé.

Sur le chemin tu chantes;
Tu chantes parce tu aimes;
Tu aimes parce que tu es la Vie.
Tu te réjouis de chaque forme,
qui n'est qu'une forme de toi-même,
une forme de l'amour.
Tu t'en abreuves, t'en laisses ravir,
Et deviens fontaine de l'univers
Qui transmue tout en l'image du sublime.

Absorbe Tout-Ce-Qui-Est et vis;
Contemple Tout-Ce-Qui-Est et ris;
Fais Naître Tout-Ce-Qui-Est et jouis.
Maître du Jeu de la Création,
l'univers est ton enfant,
la joie est ton chemin,
le dépassement ton extase..


mercredi 10 août 2016

Winds




J'ai vu l'enfant courir...j'ai vu l"enfant jouer...
Et j'ai compris d'un coup ce qu'il fallait comprendre...
Et j'ai vu, ô merveille, tout ce qu'il fallait voir...
Et le peu qu'il fallait pour faire fleurir l'avenir :

Respirer en silence dans le souffle du vent
Regarder sans frémir tomber les murs anciens
Accueillir joyeusement toutes les miettes du temps
Ne plus lâcher, enfin, les fils de son destin...
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La Licorne 
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dimanche 7 août 2016

Etre soi dans le monde




Comment continuer à être soi,
pleinement soi,
dans un milieu qui ne le valorise pas... ?
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Isabelle Padovani
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vendredi 5 août 2016

Et si la cigale avait raison ?




La Cigale, ayant chanté
 Tout l’été, 
Se trouva fort dépourvue 
Quand la bise fut venue : 
Pas un seul petit morceau 
De mouche ou de vermisseau. 
Elle alla crier famine 
Chez la Fourmi sa voisine, 
La priant de lui prêter 
Quelque grain pour subsister
 Jusqu’à la saison nouvelle. 
“ Je vous paierai, lui dit-elle, 
Avant l’Oût, foi d’animal, 
Intérêt et principal. ” 
La Fourmi n’est pas prêteuse : 
C’est là son moindre défaut. 
Que faisiez-vous au temps chaud ? 
Dit-elle à cette emprunteuse. 
Nuit et jour à tout venant 
Je chantais, ne vous déplaise. 
Vous chantiez ? 
J’en suis fort aise. 
Eh bien! Dansez maintenant. …

Inspirée par ce conseil, 
La Cigale, 
Heureuse et joyeuse, dansa, 
Puis chanta dans le soleil. 
Sa liesse alentour berça 
Insectes et fleurs du maquis. 
Ce bonheur, tous, les conquit. 
Du chant, elle tissait du rêve, 
Et de sa danse, du sourire. 
A notre Cigale ils offrirent 
Festin de nectars et sèves. 
La fourmi, docte économe, 
Travaillant comme bête de somme,
 Tomba gravement malade. 
Un jour, on la trouva roide. 
Sans été, ni chant, ni vers, 
Sa vie ne fut qu’un hiver.



Photo de Christineeeee...