mercredi 24 octobre 2018

Votre croissance, nous n'en voulons plus...


Il est absolument nécessaire de s'indigner...
et de "casser la langue de bois", les dogmes,
les concepts éculés qui nous emprisonnent...

A ce propos, je vous invite à écouter
ce récent et courageux discours de François Ruffin
à l'Assemblée nationale :




Extrait :

(...)
Que proclame, par exemple, le président Macron?
Que, comme on l’a encore répété à cette tribune, « sans croissance,
il n’y a aucune chance d’avoir de la redistribution. »
C’est faux. C’est archi-faux.
C’est une imposture. On peut redistribuer.
On peut redistribuer tout de suite.
Et on peut redistribuer massivement
.
Pourquoi, alors, un tel mensonge ?
Parce que Macron est l’homme des 500 familles.
Des 500 familles qui se gavent.
Des 500 familles qu’on retrouve chaque année dans Challenges,
qui est, vous le savez, ma lecture favorite.
L’an dernier, ce magazine de l’économie écrivait :
« Le constat saute aux yeux : le patrimoine des ultra-riches, en France,
a considérablement progressé depuis deux décennies.
La valeur des 500 fortunes a été multipliée par sept !
Des chiffres qui témoignent du formidable essor des entreprises
 au bénéfice de leurs actionnaires ». « Résultat :
les ’’500’’, qui ne comptaient que pour l’équivalent
 de 6 % du PlB en 1996,
pèsent aujourd’hui 25 % ! »

Mais cela, c’était l’an dernier :
cette année, dans le nouveau classement de Challenges,
ces 500 fortunes, qui pesaient l’an dernier 25 % du PIB,
représentent aujourd’hui 30 % de ce même PIB !
Ils ont donc gagné 5 % en douze mois seulement.

Et ce qui manquerait, après tout ça, c’est la croissance ?
Non, ce qui manque, c’est le partage.
Le partage d’abord, le partage tout de suite !

 Le gâteau devant nous est énorme, gigantesque :
2 300 milliards d’euros.
Voilà le PIB de la France.
Deux mille trois cents milliards d’euros !
Une richesse jamais atteinte !
Il y a de quoi déguster pour tout le monde, et même largement.
Partageons !
Mais ce mot, partage, vous fait horreur.
Partager : c’est pour les riches depuis toujours un cri d’effroi.

Votre raisonnement, alors, c’est-à-dire le raisonnement
que l’on nous serine depuis quarante ans, c’est :
on va faire grossir le gâteau,
comme ça, les pauvres auront plus de miettes,
les riches auront un plus gros morceau et tout le monde sera content.

C’est une imposture. C’est une escroquerie.

Un économiste, ou un intellectuel, l’a d’ailleurs dit très clairement :
 « Il est un mythe savamment entretenu par les économistes libéraux,
selon lequel la croissance réduit l’inégalité.
Cet argument permettant de reporter ’’à plus tard’’
toute revendication redistributive est une escroquerie intellectuelle
 sans fondement. »

 Qui formulait cette brillante analyse ?
Qui disait : n’attendez pas la croissance pour redistribuer ?
 Savez-vous, monsieur le ministre, qui a dit cela ?
Jacques Attali ! Mais en 1973…
Depuis, il les a rejoints, les économistes libéraux.
Il en a pris la tête, il a répandu cette escroquerie intellectuelle sans fondement.
Il a conseillé Ségolène Royal avant de rejoindre Nicolas Sarkozy
 et de pondre ensuite, aux côtés d’Emmanuel Macron,
ses 316 propositions pour libérer la croissance française,
 symbole de la pensée unique. D’une présidence à l’autre,
cette escroquerie intellectuelle se perpétue donc.

L’urgence écologique

 

Mais l’escroquerie tourne aujourd’hui à la tragédie.
Car enfin, et surtout, il y a la planète.
Vous aurez beau habiller votre croissance de tous les adjectifs du monde
 – verte, durable, soutenable… –
à qui ferez-vous croire que l’on va produire plus et polluer moins ?
C’est du bidon. C’est du baratin greenwashé.
C’est du verdissement lexical.
La vérité, et vous le savez, c’est que le gâteau PIB est aujourd’hui
truffé de trucs toxiques, bourré de  glyphosate, pourri de plastique,
 et qu’il ne fait plus tellement saliver.

La vérité, et vous le savez, c’est qu’on en est déjà, en trente ans,
à 30 % d’oiseaux en moins, 80 % pour les insectes volants,
les papillons, les coccinelles.
Et les prévisions montent à 95  % pour 2030,
 c’est-à-dire une disparition quasi-totale pour demain, en France !

La vérité, et vous le savez, c’est qu’on est déjà au-dessus
de 1,5 degré de réchauffement climatique
– au-dessus de 2 degrés et, sans doute, de 3 degrés.
Les pôles fondent, et les glaciers avec eux.
La vérité, c’est que l’angoisse monte encore plus vite que le niveau des océans.
Quel air, quelle terre, quelles mers allons-nous laisser à nos enfants ?

La vérité, c’est que tout cela, vous le savez, mais vous continuez comme avant,
répétant « Croissance ! Croissance ! Croissance ! » comme si de rien n’était.

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François Ruffin
26 septembre 2018
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Texte complet ICI
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