vendredi 25 janvier 2019

Fonctionnement "fou" du système monétaire actuel



Il est heureux que le peuple de la nation
ne comprenne pas
notre système monétaire et bancaire,
parce que, s'il le comprenait,
je crois qu'il y aurait une révolution
avant demain matin.
.
Henry Ford
.





Finement comprendre la monnaie
est une expérience incroyable,
quelque chose de l’ordre du film Matrix. 
On se libère des conditionnements du système,
pour le contempler du dehors,
dans ses structures fines.

La plupart des échanges sont aujourd’hui monétarisés.
La monnaie imbibe tout, nos psychés, nos comportements,
 bien au-delà de ce que nous imaginons.
L’ensemble du monde actuel est modelé par la monnaie.
Réaliser cela est très secouant.
C’est du même ordre que découvrir la rotondité de la terre...
.

Jean-François Noubel
.



De la même façon que le micro-ordinateur a donné leur autonomie informatique 
à toutes les unités humaines (maisons, entreprises, écoles, institutions...) 
et que les technologies vertes promettent de leur donner 
une autonomie énergétique (solaire, éolien, géothermie, etc.), 
voilà qu’arrivent les monnaies libres (« open money »), 
censées donner à chacun son autonomie monétaire... 
chacun pourra bientôt devenir émetteur/récepteur de monnaies
 - ce qui va métamorphoser l’économie et la société, 
mais aussi nos vies et nos esprits.


Nouvelles Clés : Avant les années 70, personne n’avait vu venir le micro-ordinateur 
et les bouleversements qu’il allait apporter. 
Dans les années 80, qui nous parlait d’Internet ? 
Aujourd’hui, vous dites que nous sommes à la veille d’un choc aussi grand, 
concernant non plus l’information, mais la monnaie ?

Jean-François Noubel : Avant de pouvoir vous parler de l’arrivée 
des « monnaies libres » (open money), 
il est indispensable de comprendre
deux ou trois choses sur notre système actuel.
Vous avez déjà joué au Monopoly, n’est-ce pas,
avec des joueurs et une banque ?
 Si la banque ne donne pas d’argent, le jeu s’arrête, 
même si vous possédez des maisons.
 On peut entrer en pauvreté, non par manque de richesse, 
mais par manque d’outil de transaction, de monnaie.

Dans le monde d’aujourd’hui, 90% des personnes, 
des entreprises et même des États sont en manque de moyens d’échange, 
non qu’ils soient pauvres dans l’absolu (ils ont du temps, des compétences, 
souvent des matières premières), mais par absence de monnaie
Pourquoi ? Parce que, comme dans le Monopoly, 
leur seule monnaie dépend d’une source extérieure,
qui va en injecter ou pas. 
Il n’y a pas autonomie monétaire des écosystèmes.

Au Monopoly tout le monde commence à égalité. 
Puis, peu à peu, des déséquilibres s’introduisent. 
Si la banque décidait de faire payer la monnaie, avec taux d’intérêt, 
les déséquilibres s’accroîtraient encore plus vite,
parce que, mathématiquement, 
l’intérêt évolue de façon exponentielle.  
Aujourd’hui, 95 % de la monnaie mondiale est payante
En moyenne, quand vous achetez un objet, 
le cumul des intérêts constitue 50% de son prix.

Cette architecture fait que la moindre inégalité s’amplifie très vite : 
plus vous êtes riche, plus vous avez tendance à vous enrichir, 
plus vous êtes pauvre, plus vous avez tendance à vous appauvrir.
Il y a un phénomène d’auto-attraction de la monnaie, 
quasiment comme la matière dans le cosmos. 
On parle de « loi de condensation », 
avec des boucles en feedback positif ou négatif.

Le premier a en avoir parlé, au XIX° siècle, est l’économiste Vilfredo Pareto
qui avait beaucoup voyagé et constaté que, quel que soit le système, 
20% de la population humaine possédait en moyenne 80% des richesses.
Le « principe Pareto » a montré que notre système monétaire 
n’était pas viable à long terme - tout le monde est d’accord là-dessus, 
même les dirigeants de l’US Federal Bank.

C’est par nature un système à cycle court,
où l’on doit régulièrement remettre les compteurs à zéro,
par une crise grave, un crack général, une guerre.
 Ce système encourage fondamentalement le court terme, la compétition, 
la propriétarisation d’un maximum de choses, ressources, 
mais aussi savoir, espèces vivantes, etc.


Dans la métaphore du Monopoly, 
le décalage entre riches et pauvres s’accroît jusqu’à l’absurde, 
puisque finalement, le riche élimine les pauvres et, 
se retrouvant seul, ne peut plus jouer. 
Même s’il dit qu’il a « gagné »,
c’est un jeu à mort collective.

 Si vous faisiez jouer à ce jeu
les dix sages les plus sages du monde, 
ils ne pourraient rien y changer,
car tout dépend de la règle
c’est-à-dire de l’architecture intrinsèque du système,
notamment en ceci : 
les joueurs dépendent d’une source extérieure
qui leur fournit l’outil de leurs propres transactions 
et, ce faisant, leur dicte sa loi.
.
.




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire