vendredi 11 janvier 2019

Utopie ?




Dans le langage courant actuel, « utopique » veut dire impossible;
une utopie est une chimère, une construction purement imaginaire
dont la réalisation est, a priori, hors de notre portée.

Or, paradoxalement, les auteurs qui ont créé le mot,
puis illustré le genre littéraire inventé par Thomas More en 1516,
 avaient plutôt pour ambition d'élargir le champ du possible,
et d'abord de l'explorer.

Certes, l'utopie se caractérise par un recours à la fiction
qui consiste à décrire une société idéale dans une géographie imaginaire,
souvent dans le cadre d'un récit de voyage purement romanesque.
Mais imaginaire ou fictif ne veut pas dire impossible :
tout rêve n'est pas chimère.




« L'utopie est la vérité de demain »,
 « Utopie aujourd'hui, chair et os demain », 
« Mais, qu'on ne l'oublie pas,
quand elles vont au même but que l'humanité,
 c'est-à-dire vers le bon, le juste et le vrai, 
les utopies d'un siècle sont les faits du siècle suivant » .


Ces citations de Victor Hugo, 
infirmant l'équation habituelle (utopie = rêve irréalisable), 
insistent sur la volonté de réformer l'ordre existant en profondeur. 
Le recours à la fiction est un procédé qui permet de prendre ses distances 
par rapport au présent pour mieux le relativiser et de décrire, 
d'une manière aussi concrète que possible, ce qui pourrait être.


Et l'épanouissement du genre utopique correspond 
à une période où l'on pense, justement, que, 
plutôt que d'attendre un monde meilleur dans un au-delà providentiel, 
les hommes devraient construire autrement
 leurs formes d'organisation politique et sociale 
pour venir à bout des vices, des guerres et des misères.


En ce sens, les descriptions qu'ils proposent, 
dans lesquelles ils font voir des cités heureuses bien gouvernées, 
visent à convaincre leurs lecteurs 
que d'autres modes de vie, d'autres mondes sont possibles.


Georges Bertin


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