samedi 27 juillet 2019

Métamorphose



Tout est en évolution permanente.
Mais il arrive un temps où le changement devient soudain 
plus rapide, plus brusque, plus spectaculaire.
Le bourgeon compact se transforme en fleur épanouie.
La chenille s'extirpe de son épaisse gangue sombre 
et se mue en papillon léger et multicolore.
L'adolescent devient un adulte.
Une peuplade ne vivant que dans la peur, l'égoïsme et la violence, 
se transforme en civilisation consciente et solidaire.

Cette métamorphose s'effectue le plus souvent 
par spasmes, contractions, douleurs.
Lorsqu'elle est achevée, il ne reste plus qu'une vieille enveloppe vide 
accrochée à une branche d'arbre, 
des souvenirs pénibles associés à des photos jaunies,
 des drames notés dans des livres d'histoire, 
des ruines et des musées, autant de vestiges dérisoires
d'un monde archaïque.

Et l'être transmuté peut s'envoler vers le soleil 
pour faire sécher ses ailes neuves.




Cependant, à mesure qu'approche le temps de la Métamorphose, 
surgissent des forces visant à l'empêcher de se réaliser. 
Celles-ci émanent de tous ceux qui craignent la transformation vers l'inconnu 
et préfèrent la stagnation, voire le retour en arrière.
Il ne faut pas sous-estimer ces forces de blocage.
Tout d'abord parce qu'elles s'avèrent souvent majoritaires,
 ensuite parce qu'elles sont plus puissantes, car mieux enracinées, 
que les forces évolutives.

L'envie de rester dans le monde ancien est rassurante. 
La crainte d'avancer est naturelle. 
Pourtant, s'il refuse de changer, l'organisme se sclérose, 
étouffe dans sa vieille peau, sans révéler son vrai potentiel.

Quand un individu arrive à élargir son champ de vision 
dans le temps et dans l'espace, il est naturellement tenté 
de souhaiter sa propre métamorphose, 
mais aussi celle de tous les êtres qui l'entourent.


Bernard Werber
"Troisième humanité"
Encyclopédie du Savoir Relatif et Absolu
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