Le monde va mal : c’est un fait. Qu’il soit de pire en pire, malheureusement, est tout à fait probable.
Pour qui, comme moi, se donne la peine de se tenir informé du monde, qui
lit les journaux ou écoute la radio, est présent sur les réseaux
sociaux, les occasions de "s’encolérer", de râler, de pester, de
désespérer, d’éructer, de pleurer, de s’indigner, d’invectiver, de
contester, de se perdre dans des gouffres d’incompréhension, sont
légions. Ce monde comme il va peut nous rendre fous. Le flux continu des
informations nous oblige à réagir nous transformant en sauterelles
tombées sur une plaque chauffante.
Étrange conséquence où, sous prétexte de lutter contre la folie de ce
monde et de beaucoup de ses dirigeants, de s’indigner de la prédation de
quelques-uns sur le plus grand nombre ; nous devenons comme lui.
Comme lui, car ce système tant honni est basé sur quelques schémas réactifs que nous reproduisons à l’infini : sur-émotivité, sur-réaction, accumulation compulsive de tout (tant dans le matériel que l’immatériel), sur-réactivité, avidité à en vouloir toujours plus, agitation sans limite, simplification outrancière du réel. Sous prétexte de « lutter contre », nous devenons comme lui.
Car le monde marchand capitaliste dans lequel nous vivons repose entièrement sur cette architecture : toujours plus de tout. L’avidité sans fin, la réactivité maladive à des milliards de stimuli qui nous assaillent en permanence. On se moque de l’avide d’argent, on ne voit pas le camé à la réaction tapi en nous.
Ainsi devient-on le serviteur qui s’ignore de ce que nous condamnons en en reproduisant le fonctionnement. Nous avons le doigt dans la prise, alors qu’il suffirait, parfois, de débrancher.
Comme lui, car ce système tant honni est basé sur quelques schémas réactifs que nous reproduisons à l’infini : sur-émotivité, sur-réaction, accumulation compulsive de tout (tant dans le matériel que l’immatériel), sur-réactivité, avidité à en vouloir toujours plus, agitation sans limite, simplification outrancière du réel. Sous prétexte de « lutter contre », nous devenons comme lui.
Car le monde marchand capitaliste dans lequel nous vivons repose entièrement sur cette architecture : toujours plus de tout. L’avidité sans fin, la réactivité maladive à des milliards de stimuli qui nous assaillent en permanence. On se moque de l’avide d’argent, on ne voit pas le camé à la réaction tapi en nous.
Ainsi devient-on le serviteur qui s’ignore de ce que nous condamnons en en reproduisant le fonctionnement. Nous avons le doigt dans la prise, alors qu’il suffirait, parfois, de débrancher.
Ce faisant, nous ne voyons pas le fait que sous prétexte de lutter
contre l’inacceptable du monde, nous faisons cadeau au grand Moloch de
ce que nous avons de plus précieux : notre lumière, notre présence,
notre beauté, notre joie.
J’en ai tant vu, sur les réseaux sociaux ou lors d’échanges amicaux, de
ces amis devenir de simples machines à s’insurger, à vilipender, à
excommunier. Non pas qu’ils aient tort sur les raisons ; je peux souvent
les partager (mais pas toujours, loin s’en faut !), mais à force, ils
ne deviennent plus que cela, propageant à leur insu de par le monde un
peu plus de déraison, de colère, et ne partageant plus la finesse, la
générosité, la tendresse et le talent dont ils sont pourtant riches.
Je ne dis pas qu’il faut se retirer du monde, je dis juste que
l’indignation nécessaire devant l’inacceptable ne doit pas se faire au
prix de l’exténuation de la force de Vie et de joie que nous avons en
nous. Car à l’heure du dernier bilan, sans doute ne reste t-il que cette
question qui vaille : qu’ai-je fait de la lumière qui était en moi ?
Vois-tu, j’ai la faiblesse de penser que notre monde au futur si
incertain - pour ne pas dire terrifiant - a plus besoin d’elle que de
nos colères. Nos enfants et petits enfants ont au plus profond besoin de
voir qu’il est possible de croire en la beauté de la Vie, de vivre dans
la paume de sa main comme un bienheureux. Que le monde est malade, mais
la Vie merveilleuse. Quelqu’un a dit que : « nous ne manquons pas de
merveilles, mais d’émerveillement ».
Une autre personne dont j’ai aussi
oublié le nom a dit (t’inquiète : je perds sans doute beaucoup
d’informations qui ne sont pas si indispensables que cela) « qu’il ne
fallait pas lutter contre le monde, mais juste le démoder ». Je crois
profondément en ce mantra.
Démoder ce monde malade, c’est actualiser, là, maintenant ce que nous souhaitons pour lui. Que ce soit dans des projets associatifs, collaboratifs et collectifs, dans notre façon de consommer et de vivre, mais aussi et surtout dans notre manière d’être vivants et présents à la beauté du monde, dans l'intimité de notre cœur et de notre conscience.
Démoder ce monde malade, c’est actualiser, là, maintenant ce que nous souhaitons pour lui. Que ce soit dans des projets associatifs, collaboratifs et collectifs, dans notre façon de consommer et de vivre, mais aussi et surtout dans notre manière d’être vivants et présents à la beauté du monde, dans l'intimité de notre cœur et de notre conscience.
Construire, faire, plutôt que de lutter contre.
Trop s'opposer c'est s'épuiser quand de surcroît ce n'est pas nous qui
avons la force de frappe. Soyons des pratiquants aguerris en arts
martiaux : apprenons à jouer avec la force de l'adversaire plutôt que
contre.
J’ai pour ma part, à l’exception du premier mois où j’ai été bien malade
(oui, tu sais, ce truc dont on parle tant en ce moment…), adoré la
période du confinement. J’ai parfaitement conscience de l’avoir vécu
comme un privilégié, mais quand même.
J’en ai profité pour aimer, prendre soin de mon environnement, jardiner, embellir les choses, nettoyer en moi des vieilles resucées maladives, faire de la musique, travailler des contes. Je me suis rendu compte à quel point, le vide, le presque rien, la Présence nue, étaient dotés d’une puissance d’impact colossale. J’en ai perdu l’envie d’avoir raison et de convaincre qui que ce soit, de rajouter du commentaire au commentaire, de la colère à la colère. Le pas de côté provisoire s’est avéré pérenne.
J’en ai profité pour aimer, prendre soin de mon environnement, jardiner, embellir les choses, nettoyer en moi des vieilles resucées maladives, faire de la musique, travailler des contes. Je me suis rendu compte à quel point, le vide, le presque rien, la Présence nue, étaient dotés d’une puissance d’impact colossale. J’en ai perdu l’envie d’avoir raison et de convaincre qui que ce soit, de rajouter du commentaire au commentaire, de la colère à la colère. Le pas de côté provisoire s’est avéré pérenne.
Je ne veux plus sacrifier à ce monde malade mon énergie de vie, de
croire et de créer.
La colère, la sur-réactivité, la sur-émotivité, la haine, le ressentiment et tous les dérivés que nous pouvons ressentir devant les nouvelles du monde sont des poisons dont se nourrit ce même monde malade.
Arrêtons de les lui offrir pour le nourrir.
Au mieux, il finira par mourir de sa belle mort, au pire il ira de mal en pis, mais toi tu auras su cultiver le jardin merveilleux qui t’habite, et tu auras appris, d’une part, à honorer la Vie plutôt qu’à nourrir le grand Moloch ; d’autre part, qu’il n’y a pas plus puissant que cela pour affaiblir le monstre, pour l’affamer plutôt que de le nourrir de nos impatiences et colères compulsives.
La colère, la sur-réactivité, la sur-émotivité, la haine, le ressentiment et tous les dérivés que nous pouvons ressentir devant les nouvelles du monde sont des poisons dont se nourrit ce même monde malade.
Arrêtons de les lui offrir pour le nourrir.
Au mieux, il finira par mourir de sa belle mort, au pire il ira de mal en pis, mais toi tu auras su cultiver le jardin merveilleux qui t’habite, et tu auras appris, d’une part, à honorer la Vie plutôt qu’à nourrir le grand Moloch ; d’autre part, qu’il n’y a pas plus puissant que cela pour affaiblir le monstre, pour l’affamer plutôt que de le nourrir de nos impatiences et colères compulsives.
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Dominique Motte
"L'homme au bois dormant"
"L'homme au bois dormant"
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