dimanche 14 juin 2020

Pour la bonne cause ?


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Ce matin, à la vue des cours de récré quadrillées, 
quelqu’un me dit “oui c’est moche, mais si c’est LA solution!”


Quand je pense à l’école de demain, 
à ses quadrillages infranchissables,
 je pense à l’affreux Harlow et ses petits singes.
Je dois être sacrément dérangée pour penser à ça...
ou pas.
L’école c’est 8h par jour...dès 2 ans et demi. 
Ou dès 3 mois si on parle de crèche...


On lui en a beaucoup voulu à Harlow,
d’avoir torturé des petits singes. 
Il voulait juste prouver
que les besoins de contact, les besoins affectifs, 
sont une question de survie pour des petits macaques. 
C’était une expérience. Pour la science.
Il les a choisis parce que c’est l’espèce la plus proche de nous. 
L’expérience a prouvé qu’il avait raison. 
Le petit singe sans réconfort se laisse crever.


L’école c’est se disputer, se réconcilier,
se prendre dans les bras,
 taper dans le ballon, ramasser celui qui tombe, 
se bagarrer, physiquement parfois, 
consoler celui qui pleure, partager ses quatre heures, 
faire passer ses mots doux, faire des blagues, 
tenir la porte des toilettes, courir dans les couloirs,
et entre les coups, apprendre quelques trucs plus abstraits. 
C’est aussi, pour certains enfants, le seul lieu de contact 
qui ne soit pas que violence.


Quand je pense aux instits de demain, je repense à Milgram
Décidément...Cette expérience sur l’obéissance. 
Plus on fragmente les responsabilités plus ça déculpabilise 
celui qui envoie la décharge à celui qui commet une faute. 
Et plus le contexte est d’apparence”scientifique", 
blouses blanches et tout le tralala, plus l’obéissance est grande. 
Ça va quand même jusqu’à envoyer du 220 volts à quelqu’un 
pour avoir commis une faute lors de la répétition d’une liste de mots...
Je dois être dérangée de penser à ça...
ou pas.


On lui en a beaucoup voulu à Milgram
d’avoir traumatisé des gens 
(les décharges c’était pour de faux,
mais celui qui les envoyait ne savait pas),
d’avoir détruit leur estime d’eux-mêmes. 
C’était une expérience. Pour la science.
C’était après la deuxième guerre, 
pour essayer de comprendre ce qui s’était passé. 
L’expérience a prouvé qu’il avait raison. 
Pas besoin d’être un sadique pour maltraiter quelqu’un 
si c’est “pour la bonne cause”.


L’école c’est les instits, les profs, ceux qu’on aime, 
ceux qu’on déteste, ceux qui nous connaissent, nous reconnaissent,
 ceux qui ont fait couler ou essuyé nos larmes, 
ceux qui nous ont fait rire, ceux qu’on a adoré, idolâtré.
 Les gentils, les salauds, les rebelles. Les insoumis.
Quand je pense à l’école de demain, j’ai le sang qui se glace.
 Et dans un frisson j’ai le fol espoir que ni les profs, ni les parents, 
ni les directions ne se réfugieront derrière un “on n’avait pas le choix”.
Je leur répondrai par une conclusion de l’affreux Harlow  :
“ Le réconfort affectif a aussi un autre effet, 
il permet au jeune singe d’explorer le monde autour de lui 
et de continuer ainsi son développement.”
CQFD


Qu’on ne dise pas qu’on ne savait pas.
Il est encore temps, avant que nos enfants 
ne nous en veuillent beaucoup.
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