jeudi 24 septembre 2020

Le travail de la liberté

 


 

Nous vivons sur cette planète que nous sommes en train de détruire, 
et quand je prononce cette phrase je songe aux merveilles, 
je pense à la mer Egée, je pense aux montagnes enneigées, 
je pense à la vue du Pacifique depuis un coin d’Australie, 
je pense à Bali, aux Indes, à la campagne française 
qu’on est en train de désertifier. 
Autant de merveilles en voie de démolition. 
 
Je pense que nous devrions être les jardiniers de cette planète. 
Il faudrait la cultiver. La cultiver comme elle est et pour elle-même. 
Et trouver notre vie, notre place relativement à cela. 
Voilà une énorme tâche. 
Et cela pourrait absorber une grande partie des loisirs des gens, 
libérés d’un travail stupide, productif, répétitif, etc. 
 
Or cela est très loin non seulement du système actuel 
mais de l’imagination dominante actuelle. 
L’imaginaire de notre époque, c’est celui de l’expansion illimitée, 
c’est l’accumulation de la camelote
 — une télé dans chaque chambre, un micro-ordinateur dans chaque chambre -, 
c’est cela qu’il faut détruire. Le système s’appuie sur cet imaginaire- là.
 
La liberté, c’est très difficile. 
Parce qu’il est très facile de se laisser aller. 
L’homme est un animal paresseux. 
Il y a une phrase merveilleuse de Thucydide : 
« Il faut choisir : se reposer ou être libre. » 
  
Et Périclès dit aux Athéniens : 
« Si vous voulez être libres, il faut travailler. »  
Vous ne pouvez pas vous reposer. 
Vous ne pouvez pas vous asseoir devant la télé. 
Vous n’êtes pas libres quand vous êtes devant la télé. 
Vous croyez être libres en zappant comme un imbécile, 
vous n’êtes pas libres, c’est une fausse liberté.
 La liberté, c’est l’activité.
 (...)

Cornelius Castoriadis



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