dimanche 25 octobre 2020

Méditer : pour se retirer...ou pour s'affirmer ?


 La méditation (...) nous apprend 
à entrer en amitié avec nous.
Nous sommes si souvent coupés de nous-mêmes, 
étrangers à nos désirs profonds, 
ne sachant pas dire « non » quand il le faudrait…
 
Parfois même nous nous en voulons 
d’être qui nous sommes.

Or, la méditation, 
en nous apprenant à nous retrouver, 
à écouter ce qui est vrai pour nous,
Et cela change tout !
 
Cela donne la force et le courage dont nous avons besoin.
 Quoi de plus nécessaire pour (...) faire face aux défis 
qui se présentent à beaucoup d’entre nous !
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Quand le mental prend le contrôle et s'emballe, on n'est plus en possession de tous ses moyens

Dans cet état, on est rapidement déstabilisé par les circonstances extérieures.
On est facilement stressé par celles-ci, que l'on ressent comme une pression.

Quel rôle peut jouer la méditation ?

On peut avoir tendance à être déconcentré, distrait, à perdre de vue ce qui est vraiment important pour soi.

Ou bien on peut avoir tendance à s'enfermer dans les mêmes schémas de pensée que l'on mouline parfois comme un disque rayé, passant à côté de perspectives et solutions pourtant simples mais, tristement, restées inaperçues.

Car le mental a tendance au fil des années à reproduire ce qu'il connaît, au détriment de toute expérimentation, créativité, et jouissance.

Dans cet état où on laisse le contrôle au mental, notre efficacité n'est pas optimale et, bien loin de réaliser notre potentiel, nous obtenons peu de résultats au prix de beaucoup d'efforts : dans notre travail, dans nos relations aux autres, dans chaque aspect de notre vie. On se fatigue. On se lasse.

La méditation permet de remettre le mental à sa juste place, de reprendre les rênes du mental au lieu d'être sous sa tyrannie.

Mais son effet n'est pas neutre, et les pratiques diffèrent, menant à des états différents, sous leur ressemblance extérieure

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Savoir se frayer un chemin parmi les nombreuses pratiques de méditation :

Certaines pratiques visent à atteindre la relaxation par la détente du mental, d'autres par la concentration soutenue sur un objet intérieur, certaines visent un rééquilibrage des fonctions cérébrales, d'autres l'absence même de mental, un état de "no mind", et d'autres encore une absence de toute réponse à tout stimulus extérieur, et il en existe davantage encore...

La méditation est fréquemment utilisée comme moyen de déconnexion et de retrait dans les plans intérieurs.

Cette pratique produit des effets qui semblent a priori très positifs : calme, réconfort, détachement vis-à-vis des événements extérieurs, gestion (plutôt mise sous contrôle) des émotions.

Seulement cet état de calme peut être superficiel et précaire, s'il ne provient pas de la croissance intérieure de la personne ayant guéri ses blessures émotionnelles, ayant fait évolué sa neurologie (ce à quoi la pratique de méditation peut aboutir, fait scientifiquement vérifié), mais d'un désengagement progressif vis-à-vis de l'expérience directe de la vie, en quelque sorte de l'ajout de la méditation comme un coussin douillet entre la vie et soi, d'une déconnexion des réponses émotionnelles saines, et de l'espèce de douce torpeur qui en résulte.

Si ce type de pratique méditative est interrompu pour quelque raison que ce soit, à la moindre situation de crise, le calme peut vite laisser la place à un retour du stress et de réactions émotionnelles et nerveuses conditionnées par les schémas mentaux, comme si la personne n'avait pas derrière elle de pratique de la méditation.

La boîte de Pandore intérieure est maintenue fermée et enterrée par la pratique, mais elle est toujours là...

 


Car ce calme n'est pas le résultat d'une évolution intérieure par la méditation, mais d'une déconnexion et d'une suppression du mouvement intérieur par la méditation.

Or le mouvement c'est la vie : notre mouvement émotionnel en réponse au mouvement de nos expériences diverses et contrastées, ce mouvement intérieur en réponse au mouvement extérieur, constitue précisément l'expérience directe et subjective, le substrat, la richesse de notre vie, sans quoi peu à peu plus rien ne nous fait vibrer et nous perdons progressivement notre enthousiasme, notre passion, notre intérêt pour la vie, nous conduisant à vivre au niveau... mental !

Et la boucle d'un état méditatif illusoire est bouclée, la stagnation de la "douce torpeur" l'emporte.

La méditation peut conduire à des états illusoires, si l'on n'y prend garde, d'où l'utilité de bénéficier de la guidance d'une personne ayant cheminé par sa pratique et affûté son discernement.

Il serait dommage d'utiliser la méditation, par mégarde, pour construire autour de soi une armure de plus, une citadelle de paix pour s'extraire de la réalité du monde qui nous entoure, pour se barricader contre la vie ou bien pour s'élever au-dessus d'elle dans des plans éthérés.

En un mot, pour se déconnecter, oublier, s'éthérer, s'anesthésier, s'échapper dans les plans intérieurs. Car ce serait se priver de l'expérience directe de la vie, ressentie dans tous ses contrastes, qui nous fait vibrer quand on l'embrasse vraiment.

La méditation peut précisément servir à ceci : à pouvoir embrasser le monde pleinement, et à en faire l'expérience directe et entière, sans se laisser happer dans quelque tourbillon d'inquiétudes et de soucis, de pression et réactions conditionnées.

Sans s'identifier à ses états d'âme passés ou présents ni les projeter sur le futur. Sans se laisser happer, déstabiliser et mettre sous pression par l'expérience vécue. Sans perdre ses moyens, mais en restant profondément, authentiquement soi-même.

Le méditant peut renforcer l'expérience de sa paix intérieure non pour s'y retrancher, mais pour, à partir de ce noyau de paix, pouvoir s'ouvrir en toute clarté et sécurité à toute la richesse des interactions qui constituent notre vie.

Le méditant ne fuit rien, ne s'échappe pas, mais ancre sa présence dans le centre paisible et stable de son être, choisissant d'opérer à partir de ce centre pour saisir et garder le gouvernail de son être et de sa vie, et naviguer au travers de la vie en possession de ses moyens.

Il retrouve ce centre paisible et authentique, puis apprend à vivre chaque instant à partir de ce centre. Ce centre de paix que le méditant contacte et développe en lui qui n'est pas comme une île lointaine isolée de tout.

 

 
Il est plutôt semblable à l'oeil du cyclone, ce point privilégié et stable d'où tout peut être observé à 360 degrés, ce point qui est présent directement au beau milieu du mouvement, sans jamais être dénaturé par celui-ci.

Le méditant peut s'engager dans des relations sans y perdre le sens de soi-même, embrasser des expériences diverses sans attachement ni fuite, ressentir les émotions contrastées sans s'identifier à aucune, faire ses choix libre et exempt de toute pression extérieure, qu'elle vienne des autres ou des circonstances.

La vie n'en devient pas pour autant plate ni prévisible, et les méditants ne deviennent pas comme des clones, d'une humeur égale, sans passion ni traits de personnalité saillants, mais conservent leur personnalité avec davantage encore d'authenticité.

La personnalité ne s'efface pas avec la méditation.

Et la vie reste pleine d'expériences contrastées, dont le méditant perçoit avec davantage d'acuité les différentes saveurs dans leurs moindres nuances, et les différents courants sous-jacents au mouvement de sa vie.

Revenir à la pure conscience de l'instant présent ne signifie pas s'extraire de la réalité ni renoncer à quoi que ce soit d'essentiel. C'est un retour à l'essentiel, permettant de vivre dans un équilibre non statique, en un mot : l'harmonie.

 

Sophia Frelau
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10 commentaires:

  1. La méditation conduirait au développement en soi-même d’un observateur intérieur qui n’est pas emporté par ce qu’il observe. Le fruit d’une longue pratique de la méditation serait d’être en relation et en échange de plus plus étroits et simples avec cet observateur intérieur non asservi par/à ce qu’il observe ? La voie des rêves longtemps suivie me semble favoriser la naissance et la consolidation d’un tel observateur intérieur libre de ce qu’il observe. Elle est ainsi une voie de méditation bien qu’elle ne soit pas (ou pas souvent) citée au catalogue des voies de méditation. :-)

    Amezeg

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    1. C'est vrai...c'est aussi comme ça que je le ressens...:-)

      Pour ne pas être "emporté", il s'agit de "faire un pas de côté" et de devenir "observateur" de soi-même...

      Or, c'est bien ce qu'on fait quand on se penche sur un rêve personnel : on est "observateur" de ce qui se passe en nous...
      Tout comme quand on médite...et qu'on ramène l'attention de l'extérieur vers l'intérieur...

      Un des points communs, aussi, entre le rêve et la méditation, c'est que, dans les deux cas, on n'est plus dans le "mental"...
      Quand on ferme les yeux, et qu'on s'endort, on laisse automatiquement tomber le mental...
      Et on peut donc, à partir de cette place intérieure qui est "dégagée", à partir de ce "lieu vide", "recevoir" quelque chose d'autre...quelque chose de plus profond que ce que notre "petite lucarne" nous laisse apercevoir habituellement...

      Il me semble que, pendant la méditation, on reçoit plutôt des "intuitions", et que pendant le rêve, on reçoit des "images" ou des "symboles"...mais dans les deux cas, c'est un "message"...un message qui vient de notre "centre".

      Dans les deux cas, on est "connecté" à ce qu'il y a de plus "essentiel" en nous-même...à notre "essence fondamentale".

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    2. Ma paresse te remercie pour ce développement très pertinent… ;-)

      « Qui regarde au dehors rêve. Qui regarde à l'intérieur se réveille. »
      Cette affirmation de Jung ne doit pas trouver beaucoup d’échos chez la plupart de nos contemporains, elle doit même sembler assez insensée au plus grand nombre. Et pourtant….

      Amezeg

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  2. Que c'est difficile de méditer. Parfois des petits miracles se produisent. J'apprécie quand ma conscience s'élargit un peu et que mon mental se met en retrait. J'ai alors la sensation d'entrer dans un plan plus vaste que mon corps, comme une connexion avec un autre monde. Je me demande souvent à qui ça sert !!Mais mon âme aspire à cela ......

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    1. Oui, c'est difficile...
      Ce que je trouve difficile, surtout, c'est de prendre le temps de "s'arrêter"...de se "poser"...

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  3. ...je crois ça sert tout simplement à écarter un peu les barreaux de notre "prison mentale"...

    J'ai entendu récemment quelqu'un qui donnait une très belle image...

    Il disait que nous étions comme des gens qui sont en haut d'une magnifique montagne, "enfermés" dans un chalet.

    Dans ce chalet, il y a plein de toutes petites fenêtres...et chacun regarde dehors par une de ces "petites fenêtres".
    Bien sûr, chacun ne voit qu'un "bout" du paysage...ce qui amène les habitants du chalet à toutes sortes de discussions et de désaccords...

    Mais si ce chalet comportait une grande baie vitrée, ou si, plus simplement, tout le monde sortait sur la terrasse, alors c'est l'ensemble du panorama qui s'ouvrirait...et dans cette "ouverture", chacun reconnaîtrait l'inanité des oppositions précédentes et serait ébloui par la vue à 360° qui s'offrirait à lui, par la magnificence de la Vie...

    Eh bien, je crois que la méditation (sous toutes ses formes, et elles sont nombreuses) sert à "ouvrir la grande baie vitrée" ou même parfois, à sortir du chalet... c'est-à-dire de notre mental "fermé"... :-)

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  4. Le paradoxe (apparent) étant bien sûr qu'en découvrant la "totalité", nous découvrons aussi notre "centre"...

    Jung, là-dessus, dirait bien des choses... ;-)

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  5. C'est une belle image, bien expressive !!

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    1. Oui, je trouve aussi que c'est très parlant...
      En fait, c'est une nouvelle version (plus occidentale et plus moderne) des "aveugles et de l'éléphant"... :-)

      https://fr.wikipedia.org/wiki/Les_aveugles_et_l%27%C3%A9l%C3%A9phant

      Il me semble aussi que la "sortie sur la terrasse", c'est tout simplement ce qu'on appelle, d'habitude, l'"Eveil" !

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