Nous sommes si souvent coupés de nous-mêmes,
Or, la méditation,
Quand le mental prend le contrôle et s'emballe, on n'est plus en possession de tous ses moyens
Dans cet état, on est rapidement déstabilisé par les circonstances extérieures.
On est facilement stressé par celles-ci, que l'on ressent comme une pression.
Quel rôle peut jouer la méditation ?
On peut avoir tendance à être déconcentré, distrait, à perdre de vue ce qui est vraiment important pour soi.
Ou
bien on peut avoir tendance à s'enfermer dans les mêmes schémas de
pensée que l'on mouline parfois comme un disque rayé, passant à côté de
perspectives et solutions pourtant simples mais, tristement, restées
inaperçues.
Car le mental a tendance au fil des années à
reproduire ce qu'il connaît, au détriment de toute expérimentation,
créativité, et jouissance.
Dans cet état où on laisse le contrôle
au mental, notre efficacité n'est pas optimale et, bien loin de
réaliser notre potentiel, nous obtenons peu de résultats au prix de
beaucoup d'efforts : dans notre travail, dans nos relations aux autres,
dans chaque aspect de notre vie. On se fatigue. On se lasse.
La méditation permet de remettre le mental à sa juste place, de reprendre les rênes du mental au lieu d'être sous sa tyrannie.
Mais son effet n'est pas neutre, et les pratiques diffèrent, menant à des états différents, sous leur ressemblance extérieure
.
Savoir se frayer un chemin parmi les nombreuses pratiques de méditation :
Certaines
pratiques visent à atteindre la relaxation par la détente du mental,
d'autres par la concentration soutenue sur un objet intérieur, certaines
visent un rééquilibrage des fonctions cérébrales, d'autres l'absence
même de mental, un état de "no mind", et d'autres encore une absence de
toute réponse à tout stimulus extérieur, et il en existe davantage
encore...
La méditation est fréquemment utilisée comme moyen de déconnexion et de retrait dans les plans intérieurs.
Cette
pratique produit des effets qui semblent a priori très positifs :
calme, réconfort, détachement vis-à-vis des événements extérieurs,
gestion (plutôt mise sous contrôle) des émotions.
Seulement cet
état de calme peut être superficiel et précaire, s'il ne provient pas de
la croissance intérieure de la personne ayant guéri ses blessures
émotionnelles, ayant fait évolué sa neurologie (ce à quoi la pratique de
méditation peut aboutir, fait scientifiquement vérifié), mais d'un
désengagement progressif vis-à-vis de l'expérience directe de la vie, en
quelque sorte de l'ajout de la méditation comme un coussin douillet
entre la vie et soi, d'une déconnexion des réponses émotionnelles
saines, et de l'espèce de douce torpeur qui en résulte.
Si ce
type de pratique méditative est interrompu pour quelque raison que ce
soit, à la moindre situation de crise, le calme peut vite laisser la
place à un retour du stress et de réactions émotionnelles et nerveuses
conditionnées par les schémas mentaux, comme si la personne n'avait pas
derrière elle de pratique de la méditation.
La boîte de Pandore intérieure est maintenue fermée et enterrée par la pratique, mais elle est toujours là...
Car
ce calme n'est pas le résultat d'une évolution intérieure par la
méditation, mais d'une déconnexion et d'une suppression du mouvement
intérieur par la méditation.
Or le mouvement c'est la vie : notre
mouvement émotionnel en réponse au mouvement de nos expériences
diverses et contrastées, ce mouvement intérieur en réponse au mouvement
extérieur, constitue précisément l'expérience directe et subjective, le
substrat, la richesse de notre vie, sans quoi peu à peu plus rien ne
nous fait vibrer et nous perdons progressivement notre enthousiasme,
notre passion, notre intérêt pour la vie, nous conduisant à vivre au
niveau... mental !
Et la boucle d'un état méditatif illusoire est bouclée, la stagnation de la "douce torpeur" l'emporte.
La
méditation peut conduire à des états illusoires, si l'on n'y prend
garde, d'où l'utilité de bénéficier de la guidance d'une personne ayant
cheminé par sa pratique et affûté son discernement.
Il serait
dommage d'utiliser la méditation, par mégarde, pour construire autour de
soi une armure de plus, une citadelle de paix pour s'extraire de la
réalité du monde qui nous entoure, pour se barricader contre la vie ou
bien pour s'élever au-dessus d'elle dans des plans éthérés.
En un
mot, pour se déconnecter, oublier, s'éthérer, s'anesthésier, s'échapper
dans les plans intérieurs. Car ce serait se priver de l'expérience
directe de la vie, ressentie dans tous ses contrastes, qui nous fait
vibrer quand on l'embrasse vraiment.
La méditation peut
précisément servir à ceci : à pouvoir embrasser le monde pleinement, et à
en faire l'expérience directe et entière, sans se laisser happer dans
quelque tourbillon d'inquiétudes et de soucis, de pression et réactions
conditionnées.
Sans s'identifier à ses états d'âme passés ou
présents ni les projeter sur le futur. Sans se laisser happer,
déstabiliser et mettre sous pression par l'expérience vécue. Sans perdre
ses moyens, mais en restant profondément, authentiquement soi-même.
Le
méditant peut renforcer l'expérience de sa paix intérieure non pour s'y
retrancher, mais pour, à partir de ce noyau de paix, pouvoir s'ouvrir
en toute clarté et sécurité à toute la richesse des interactions qui
constituent notre vie.
Le méditant ne fuit rien, ne s'échappe
pas, mais ancre sa présence dans le centre paisible et stable de son
être, choisissant d'opérer à partir de ce centre pour saisir et garder
le gouvernail de son être et de sa vie, et naviguer au travers de la vie
en possession de ses moyens.
Il retrouve ce centre paisible et
authentique, puis apprend à vivre chaque instant à partir de ce centre.
Ce centre de paix que le méditant contacte et développe en lui qui n'est
pas comme une île lointaine isolée de tout.
Il est plutôt semblable à
l'oeil du cyclone, ce point privilégié et stable d'où tout peut être
observé à 360 degrés, ce point qui est présent directement au beau
milieu du mouvement, sans jamais être dénaturé par celui-ci.
Le
méditant peut s'engager dans des relations sans y perdre le sens de
soi-même, embrasser des expériences diverses sans attachement ni fuite,
ressentir les émotions contrastées sans s'identifier à aucune, faire ses
choix libre et exempt de toute pression extérieure, qu'elle vienne des
autres ou des circonstances.
La vie n'en devient pas pour autant
plate ni prévisible, et les méditants ne deviennent pas comme des
clones, d'une humeur égale, sans passion ni traits de personnalité
saillants, mais conservent leur personnalité avec davantage encore
d'authenticité.
La personnalité ne s'efface pas avec la méditation.
Et
la vie reste pleine d'expériences contrastées, dont le méditant perçoit
avec davantage d'acuité les différentes saveurs dans leurs moindres
nuances, et les différents courants sous-jacents au mouvement de sa vie.
Revenir
à la pure conscience de l'instant présent ne signifie pas s'extraire de
la réalité ni renoncer à quoi que ce soit d'essentiel. C'est un retour à
l'essentiel, permettant de vivre dans un équilibre non statique, en un
mot : l'harmonie.
La méditation conduirait au développement en soi-même d’un observateur intérieur qui n’est pas emporté par ce qu’il observe. Le fruit d’une longue pratique de la méditation serait d’être en relation et en échange de plus plus étroits et simples avec cet observateur intérieur non asservi par/à ce qu’il observe ? La voie des rêves longtemps suivie me semble favoriser la naissance et la consolidation d’un tel observateur intérieur libre de ce qu’il observe. Elle est ainsi une voie de méditation bien qu’elle ne soit pas (ou pas souvent) citée au catalogue des voies de méditation. :-)
RépondreSupprimerAmezeg
C'est vrai...c'est aussi comme ça que je le ressens...:-)
SupprimerPour ne pas être "emporté", il s'agit de "faire un pas de côté" et de devenir "observateur" de soi-même...
Or, c'est bien ce qu'on fait quand on se penche sur un rêve personnel : on est "observateur" de ce qui se passe en nous...
Tout comme quand on médite...et qu'on ramène l'attention de l'extérieur vers l'intérieur...
Un des points communs, aussi, entre le rêve et la méditation, c'est que, dans les deux cas, on n'est plus dans le "mental"...
Quand on ferme les yeux, et qu'on s'endort, on laisse automatiquement tomber le mental...
Et on peut donc, à partir de cette place intérieure qui est "dégagée", à partir de ce "lieu vide", "recevoir" quelque chose d'autre...quelque chose de plus profond que ce que notre "petite lucarne" nous laisse apercevoir habituellement...
Il me semble que, pendant la méditation, on reçoit plutôt des "intuitions", et que pendant le rêve, on reçoit des "images" ou des "symboles"...mais dans les deux cas, c'est un "message"...un message qui vient de notre "centre".
Dans les deux cas, on est "connecté" à ce qu'il y a de plus "essentiel" en nous-même...à notre "essence fondamentale".
Ma paresse te remercie pour ce développement très pertinent… ;-)
Supprimer« Qui regarde au dehors rêve. Qui regarde à l'intérieur se réveille. »
Cette affirmation de Jung ne doit pas trouver beaucoup d’échos chez la plupart de nos contemporains, elle doit même sembler assez insensée au plus grand nombre. Et pourtant….
Amezeg
Que c'est difficile de méditer. Parfois des petits miracles se produisent. J'apprécie quand ma conscience s'élargit un peu et que mon mental se met en retrait. J'ai alors la sensation d'entrer dans un plan plus vaste que mon corps, comme une connexion avec un autre monde. Je me demande souvent à qui ça sert !!Mais mon âme aspire à cela ......
RépondreSupprimerOui, c'est difficile...
SupprimerCe que je trouve difficile, surtout, c'est de prendre le temps de "s'arrêter"...de se "poser"...
Non pas à qui mais à quoi !!
RépondreSupprimer...je crois ça sert tout simplement à écarter un peu les barreaux de notre "prison mentale"...
RépondreSupprimerJ'ai entendu récemment quelqu'un qui donnait une très belle image...
Il disait que nous étions comme des gens qui sont en haut d'une magnifique montagne, "enfermés" dans un chalet.
Dans ce chalet, il y a plein de toutes petites fenêtres...et chacun regarde dehors par une de ces "petites fenêtres".
Bien sûr, chacun ne voit qu'un "bout" du paysage...ce qui amène les habitants du chalet à toutes sortes de discussions et de désaccords...
Mais si ce chalet comportait une grande baie vitrée, ou si, plus simplement, tout le monde sortait sur la terrasse, alors c'est l'ensemble du panorama qui s'ouvrirait...et dans cette "ouverture", chacun reconnaîtrait l'inanité des oppositions précédentes et serait ébloui par la vue à 360° qui s'offrirait à lui, par la magnificence de la Vie...
Eh bien, je crois que la méditation (sous toutes ses formes, et elles sont nombreuses) sert à "ouvrir la grande baie vitrée" ou même parfois, à sortir du chalet... c'est-à-dire de notre mental "fermé"... :-)
Le paradoxe (apparent) étant bien sûr qu'en découvrant la "totalité", nous découvrons aussi notre "centre"...
RépondreSupprimerJung, là-dessus, dirait bien des choses... ;-)
C'est une belle image, bien expressive !!
RépondreSupprimerOui, je trouve aussi que c'est très parlant...
SupprimerEn fait, c'est une nouvelle version (plus occidentale et plus moderne) des "aveugles et de l'éléphant"... :-)
https://fr.wikipedia.org/wiki/Les_aveugles_et_l%27%C3%A9l%C3%A9phant
Il me semble aussi que la "sortie sur la terrasse", c'est tout simplement ce qu'on appelle, d'habitude, l'"Eveil" !