samedi 6 février 2021

Des aujourd'huis qui bruissent

 
 
 
 
Pendant cinquante-cinq jours, on a bien voulu jouer les lapins
apeurés dans les phares de la pandémie. 
Mais ça y est : on est en train de traverser la route 
et de rejoindre le maquis. 
On est là. Sur la bande d’arrêt d’urgence. 
« On est lààà ! » 
 
Derrière nous, la circulation recommence 
doucement sur l’autoroute. 
Ce moteur qui tousse, la bouche dans son coude, 
ce n’est pas un bus scolaire, 
non : c’est l’économie.
 
Disons-le : il n’existe aucune raison que cette crise, 
qui ouvre tellement de possibilités de bouleversements, 
n’en ouvre pas à celles et à ceux qui, comme nous, 
veulent changer ce monde. 
 
Toute crise majeure est une chance, oui. 
Parce qu’elle brise un continuum. 
Et qu’elle ouvre une lucarne
 dans le mur circulaire de nos habitus 
cimentés à la résignation et au déni. 
 
Une lucarne qui peut vite devenir fenêtres, 
puis portes sur un futur à désincarcérer.
Cette pandémie n’est donc pas qu’une catastrophe.
 
 C’est déjà beaucoup plus, beaucoup mieux : 
une promesse.
 Une promesse pour ce printemps qui pousse 
et dont nous pouvons être les bourgeons têtus,
 les fleurs sans naïveté et les fruits qui mûrissent.
(...)
 
 
Ce qui importe est de sortir du confinement capitaliste 
et de nous ménager des dehors où respirer, réinventer et retisser. 
Territoires où expérimenter. Temps libérés. Collectif où lier & relier. 
 
La bonne nouvelle est que germent déjà de partout
 (quoiqu’on dise, et étouffe, et fasse croire)
 d’innombrables initiatives en ce sens.
 
Il n’y a plus de lendemains qui chantent, et c’est tant mieux. 
Mais il y a des aujourd’huis qui bruissent. Et c’est mieux.

 
Alain Damasio
20 avril 2020 
.




Texte intégral ICI



6 commentaires:

  1. Chouette réflexion.
    Bon dimanche, la Licorne

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  2. Profiler l'avenir

    Les pensées courent,
    long travelling qui creuse l'obscurité
    par ici ou par là les extrêmes se rejoignent.
    Recherche expérimentale
    la caméra change de sens,
    maintenant qui la porte ?
    Qui joue ? Quel jeu ?
    Plus loin
    encore un flou de bougé :
    la vérité te voile la face,
    format imposé
    décor vivant
    régression en avant toute,
    partie prenante facultative,
    voire interdite.
    Dont acte

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    1. Oui, les extrêmes se rejoignent...
      L'ombre et la lumière n'existent pas l'une sans l'autre...
      mais "partie prenante", nous serons...
      du moins, je l'espère !

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  3. La crise fait émerger plein d'initiatives nouvelles. Certains commencent à inventer de nouvelles façons de faire. Des réflexions innovantes se font jour. La crise constitue un terreau d'où sortiront les graines du renouveau !

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    1. Un mouvement qui avait déjà commencé un peu avant la "crise", mais qui ira en s'amplifiant, par désir...et par nécessité...:-)

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