Dans ce "classique" de la littérature,
l'auteur dresse un réquisitoire
contre les dictatures et le système totalitaire
pour lesquels l'homme n'est rien,
un zéro face à la collectivité,
alors que l'humanisme voit en lui, au contraire,
un infini.
Extrait :
Pendant quarante ans, il avait vécu strictement
selon les voeux de son ordre, le Parti.
Il s'en était tenu aux règles du calcul logique.
Il avait brûlé dans sa conscience
avec l'acide de la raison
les restes de la vieille morale illogique.
(...)
(Maintenant) quand il se demandait :
"Pourquoi au juste meurs-tu ?
il ne trouvait pas de réponse.
Il y avait une erreur dans le système :
peut-être résidait-elle dans le précepte
qu'il avait jusqu'ici tenu pour incontestable,
au nom duquel il avait sacrifié autrui
et se voyait lui-même sacrifié :
le précepte selon lequel
C'était cette phrase qui avait tué
la grande Fraternité de la Révolution
et les avait tous jetés en pleine démence.
Qu'avait-il naguère écrit dans son journal ?
"Nous avons jeté par-dessus bord toutes les conventions,
notre seul principe directeur
est celui de la conséquence logique;
nous naviguons sans lest moral."
Peut-être le coeur du mal était-il là.
Peut-être qu'il ne convenait pas à l'humanité
de naviguer sans lest.
Et peut-être que la raison livrée à elle-même
était une boussole faussée,
conduisant par de tortueux méandres,
si bien que le but finissait par disparaître dans la brume.
.
Arthur Koestler

Il n’y a que deux conceptions de la morale humaine,
et elles sont à des pôles opposés.
L’une d’elles est chrétienne et humanitaire,
elle déclare l’individu sacré,
et affirme que les règles de l’arithmétique
ne doivent pas s’appliquer aux unités humaines
– qui, dans notre équation, représentent soit zéro, soit l’infini.
L’autre conception part du principe fondamental
et non seulement permet mais exige
que l’individu soit en toute façon
subordonné et sacrifié à la communauté –
laquelle peut disposer de lui
soit comme d’un cobaye qui sert à une expérience,
soit comme de l’agneau que l’on offre en sacrifice.
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