mercredi 20 septembre 2023

L'homme que personne ne crut

 


 
Seuls les plus petits secrets ont besoin d'être protégés. 
Les plus gros sont gardés par l'incrédulité publique.
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Marshall McLuhan
 
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L’homme d’une soixante d’années est assis devant la caméra, droit, digne dans son costume gris. Nous sommes à Washington en 1978 et cet homme est Jan Karski, qui s’apprête à répondre à Claude Lanzmann, venu l’interviewer pour son film, Shoah, consacré à l’extermination des juifs pendant la Seconde Guerre mondiale.

L’ancien diplomate polonais commence à parler, mais soudain les mots s’arrêtent… cet homme de devoir n’est pas de ceux qui étalent leurs sentiments. Mais l’émotion est trop forte, il se lève brusquement et quitte la pièce. 

Il reviendra cependant à la caméra, pour, encore une fois, témoigner de ce qu’il a vu en 1942 et que presque personne, à l’époque, n’avait cru, ou n’avait voulu croire.

En 1942, Jan Karski fut selon ses propres termes, « le témoin oculaire de la politique allemande de l’extermination des juifs d’Europe », qui réussit, au péril de sa vie, à quitter l’Europe occupée pour alerter le monde libre. 

Jusqu’au président Roosevelt, l’homme le plus puissant de la planète, mais en vain. Indifférence ? Incrédulité ? Rien ne fut tenté alors pour arrêter la machine de mort nazie.

C’est l’histoire du combat de Jan Karski que je vais raconter ce soir. L’incroyable course contre la montre de cet homme seul, qui tenta de dire l’innommable.

 
 (2018)
 
Annette Becker Historienne, 
professeur émérite des universités
 


   
 
 
 
 

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