Et dans la mesure où de telles atrocités
appartiennent
au passé plus ou moins proche ou plus ou moins lointain,
elles sont englouties rapidement et avec soulagement dans la mer de
l’oubli,
ce qui permet le retour de cet espèce d’état flottant dans le rêve,
qu’on appelle “état normal”.
.
C.G. Jung
.
Cet oubli du passé signifie que le passé n’est plus vraiment présent dans la conscience des gens ; le passé s’est déplacé de la conscience vers l’inconscient.
RépondreSupprimerIl se produit alors ce que Jung affirmait pour sa part : tout ce qui ne vient pas à la conscience, tout ce qui n’est pas rendu conscient, ce qui n'est pas présent à la conscience, se présente sous forme de destin. C’est ainsi qu’un peuple est amené à revivre son passé, comme un destin induit par l’état d’inconscience dans lequel est relégué le passé.
Amezeg
Oui, ce qui est vrai pour l'individu l'est aussi pour la collectivité.
RépondreSupprimerCe qui n'est pas conscientisé, tout ce qui est "balayé sous le tapis", tout ce qui est relégué dans l'oubli, finit par se manifester de nouveau, sous une autre forme, dans la vie réelle.
Et il y a aussi cette tendance à penser que, de nos jours, certaines choses ne sont plus possibles, que certaines formes de folies ou de barbaries ne nous guettent plus.
Rien n'est plus faux. Elles ont juste changé de visage. Et elles sont plus insidieuses, plus sournoises, plus cachées. Mais toujours là.
« Et il y a aussi cette tendance à penser que, de nos jours, certaines choses ne sont plus possibles, que certaines formes de folies ou de barbaries ne nous guettent plus. »
SupprimerOui, cela me rappelle cet homme qui, en pleine "crise Covid", lorsque je lui disais que l’histoire nous a montré tout ce dont l’humanité est capable, en bien comme en mal, m’affirmait qu’il fallait faire confiance à l’humain et ne pas trop s’inquiéter…
Il n’y a pas plus sourd que celui qui ne veut pas entendre, dit la sagesse populaire. Et prendre conscience de ce qui est demande un effort, entraîne une perte de confort psychologique, crée une inquiétude ou une angoisse que l’on veut fuir et repousser.
Mais ce refus de prendre conscience de la réalité psychique du mal, ce désir – assez infantile – de croire que l’humain n’est, somme toute, que bienveillance et bonté à l’égard d’autrui sont les dispositions psychiques qui conduisent immanquablement à revivre, tôt ou tard, le passé enfoui dans l’inconcient/ce.
Amezeg
Tout à fait.
SupprimerJ'ajouterais juste que certains ne "veulent" pas quitter ce "confort psychologique" qui consiste à rester dans une vision du monde "rose bonbon", et que d'autres ne "peuvent" pas le faire (car cela menace leur fragile équilibre).
Notre échange m'a donné l'idée d'ajouter une citation de Jung...:-)
RépondreSupprimerJe n’avais pas lu cette citation ajoutée lorsque j’ai rédigé mon deuxième commentaire, mais " cet espèce d’état flottant dans le rêve " dont parle Jung correspond tout à fait à ce qui me semblait être la situation de cet homme qui prônait de "faire confiance à l’humain" sans chercher à savoir si l’humain était toujours digne de confiance. Un homme par ailleurs sympathique, intelligent et ayant fait d’assez longues études scientifiques.
SupprimerAmezeg :-)
Pas plus tard qu'hier soir, je mangeais avec une personne tout aussi "sympathique, intelligente et cultivée" que la tienne qui me tenait le même genre de discours...:-)
RépondreSupprimerC'est comme si les gens s'en tenaient à des généralités, sans aller voir de quoi (ou de qui) il s'agit réellement.
C'est comme si, aussi, à partir du moment où le "mal" atteint une certaine ampleur, les gens n'arrivaient plus à le conscientiser ou même, tout simplement, à l'imaginer possible.
(lire article précédent sur Karski : de l'impossibilité de faire passer ce que l'on a vu, ou ce que l'on sait, si cela dépasse la capacité d'entendement de l'interlocuteur).
Et cela n'a rien à voir avec l'intelligence ou la culture de cet interlocuteur : cela a à voir avec sa représentation du monde (représentation dans laquelle le mal reste dans "certaines limites").
Et c'est pourquoi, malheureusement, plus les crimes sont "gros", plus ils sont "inimaginables"...et plus ils ont des chances d'aboutir...et de rester impunis.
SupprimerCe que Jung (toujours lui) résumait par cette formule (que je cite de mémoire) : "Nous n'avons pas d'imagination dans le mal."
RépondreSupprimerLa citation exacte étant : "Nous ne possédons aucune imagination dans le mal, mais elle, elle nous possède." (Ma Vie)
RépondreSupprimerIl disait aussi : "Ah ces braves gens, tous pleins de leur zèle et de leur santé, ils me donnent toujours l’impression de têtards optimistes qui, serrés dans une mare, agitent gaiement leur queue au soleil dans l’eau la moins profonde qui soit et qui ne soupçonnent pas que dès demain la mare sera sèche."