Comme il est terrible ce
Donald Trump, ce tout nouveau président des États-Unis.
Si on faisait la liste de tous les qualificatifs qui lui ont été attribués,
nous n’aurions pas le choix, il faudrait dire de lui qu’il est un monstre.
Mais amusons-nous, quitte à rire jaune par la suite,
à le regarder par l’autre côté de la lorgnette,
à partir de ce que nous sommes comme société.
Ainsi, il nous faudra peut-être reconnaître que Donald Trump n’est pas une exception,
mais bel et bien le pur produit de notre société occidentale.
Qu’il est notre création, en fait, une sorte de concentré de ce que nous sommes devenus.
Oui, un concentré, et c’est d’ailleurs ce qui le rend tellement indigeste et difficile à avaler.
On dit de lui qu’il est
narcissique,
inculte,
qu’il n’a que mépris pour la connaissance et la science,
qu’il déforme ou nie les faits ou la réalité afin d’imposer la sienne,
qu’il parvient à faire passer ses opinions pour des « vérités » à force de les répéter,
qu’il vit dans un monde superficiel, kitsch à souhait
où le paraître prend le dessus sur l’être, l’apparence sur l’authenticité.
Mais n’est-ce pas là le triste portrait de notre société ?
(...)
Lorsque j’ouvre la télé (...), lorsque je lis certains journaux
ou que j’écoute la radio poubelle,
lorsque je surfe sur les médias sociaux, je n’ai pas tellement le choix de constater
que j’y retrouve exactement ce que nous reprochons tous à Donald Trump :
de l’opinion vulgaire, du potinage, de la médiocrité, des comportements narcissiques,
beaucoup de légèreté, de la désinformation, des théories du complot,
une fuite dans le virtuel et beaucoup de selfies nombrilistes,
de likes consensuels, d’images déformées,
enjolivées, « photoshopées », truquées,
arrangées par le gars des vues.
Mais tout ceci, on ne veut pas le voir, encore moins le savoir ou se l’avouer.
On préfère se moquer du personnage Trump, quitte à en faire une immense caricature
qui nous permettra ainsi de nous sentir tellement, tellement loin et différent de lui.
Malheureusement, Donald Trump, à la manière d’un verre grossissant,
ne fait que nous renvoyer l’image de nos travers, de notre médiocrité,
de notre hypocrisie et aussi de notre lâcheté.
Réjean Bergeron
Professeur de philosophie
à Montréal