dimanche 27 novembre 2016

Marcher sur le vide




LA GRANDEUR DE L’OBSTACLE
N’EST PAS PUNITION, MAIS CONFIANCE.
Faites attention ! Vous tous !
 
Il n’y a pas d’abîmes si sombres,
Il n’y a pas de falaises si hautes,
Il n’y a pas d’égarements si tortueux
Qui ne soient pas CHEMIN.
Que les frayeurs terribles ne vous égarent pas !

Vous pouvez déjà marcher, 
non seulement sur l’eau -si vous avez la foi – 
mais aussi sur le vide.
Sur le vide noir. Ne vous effrayez pas !
 
Faites attention à cette seule chose :
NE VOUS APPUYEZ PAS !
Ce qui paraît l’appui le plus sûr, 
C’est le vide le plus noir.
 
NE LE SAISISSEZ PAS,
CAR VOUS DEVIENDRIEZ LE VIDE VOUS-MÊME !
Il y a un unique appui qui ne déçoit pas.
(...)
CHACUN DE VOS PAS A TRAVERS LE VIDE
DEVIENT UNE ILE FLEURIE
OU LES AUTRES PEUVENT POSER LE PIED.
 
Mais sur le chemin, n’emportez rien d’ancien avec vous !
Le vide attire le vide.
Vous devez partir sans vêtement.
Un vêtement neuf, encore jamais vu, vous attend…
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samedi 26 novembre 2016

Entre deux abîmes, le chemin...


Il est de savoir quelle civilisation
s'établira demain sur ce monde nouveau
qui s'élabore au fond du creuset.
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Lucien Febvre
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Nous savons qu'il n'y a rien d'autre que du présent, 
et qu'il n'y aura jamais rien d'autre.
Par conséquent la véritable valeur d'un projet 
n'est pas dans son accomplissement comme résultat,
mais dans son accomplissement comme processus, 
autrement dit dans le chemin qu'il oblige à ouvrir et à parcourir.

 Car nous sommes toujours en chemin ;
il n'y a pas de point final, seulement des haltes temporaires
pour un repos qui n'est que préparation à un nouveau mouvement. 
Et ce qui vaut pour les individus vaut aussi pour la société :
seul compte le chemin.

La tâche d'ouvrir ce chemin est ô combien exaltante
Mais il faut avoir bien conscience qu'elle recèle d'incroyables difficultés, 
car il s'agit d'avancer sur le fil d'un rasoir entre deux abîmes.

 D'un côté celui où nous précipiterait l'inaction, l'abîme de la désagrégation, 
qu'il ne faut pas forcément concevoir comme une apocalypse 
(nucléaire, biologique, climatique, ou autre). 
Car entre d'une part la grande inertie du système économico-social actuel, 
et d'autre part la très grande faculté d'adaptation de l'homme, 
les choses se feront progressivement, si progressivement peut-être 
que les ruptures ne seront guère perceptibles.

Le climat évoluera lentement, l'environnement se dégradera de plus en plus, 
de nouvelles maladies se propageront, les économies se désorganiseront, etc, 
mais à tout cela l'homme s'adaptera au jour le jour.

Seulement, dans ce contexte de déclin de la civilisation
cette adaptation risque fort d'être une régression, 
qui verrait la résurgence de tant de comportements néfastes

Précisons encore que si chacun se contente de cultiver dans son coin son jardin, 
de se faire un joli sam-suffit, cela ne résoudra rien car tout est lié.

Quant à l'autre côté du fil du rasoir, c'est un abîme où nous précipiterait 
un excès de zèle et de prosélytisme.
Nous le savons bien, l'enfer est pavé de bonnes intentions.

Prudence donc avant de généraliser à l'humanité 
des modèles qui n'ont pas été éprouvés. 
Et n'en déplaise à monsieur Rousseau et à quelques uns de ses suivants 
qui ont fait bien du mal à leurs semblables, 
il est tout à fait stupide de vouloir forcer les hommes 
à être libres et heureux ! 

D'abord on ne sait même pas ce que ces mots veulent dire, 
ensuite toutes les expériences faites en ce sens
montrent que ça ne marche pas, 
et enfin cela attise les rancoeurs, 
et pollue un astral qui l'est déjà passablement.

Entre ces deux abîmes, tout est possible 
parce que notre pensée est créatrice de la réalité. 
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Vahé Zartarian-Martine Castello
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dimanche 20 novembre 2016

Leonard Cohen : un chanteur "spirituel" ?




 
La quête de Leonard Cohen était d’atteindre les profondeurs du cœur. 
Pour cela, il n’eut d’autres choix que d’explorer avec une lucidité implacable 
la part d’ombre et de lumière qui constitue chacun de nous, 
à commencer par lui-même. 
 
Profondément tourmenté depuis l’enfance autant qu’il aspirait à la lumière, 
Leonard Cohen a su déployer comme peu d’artistes
 une œuvre qui oscille de la grâce à la chute, de la haine à l’amour, 
sondant chaque émotion comme une vérité sans fard. 
 
 « Tout est dit dans mes chansons », affirmait l’écrivain romancier et poète, 
devenu chanteur parce qu’il voulait donner une voix à ses textes. 
Au fil de ses mots et de ses mélodies, 
des anges peuvent côtoyer les lames de rasoir, 
des berceuses renfermer une violence impitoyable, 
sa voix grave s’envelopper de chœurs féminins, 
la pureté blanche d’une avalanche engloutir une âme lourde… 
 
Si son but est d’approcher la grâce, 
il ne peut l’atteindre sans traverser les abîmes.
 C’est que pour lui, « nos cœurs brûlent dans nos poitrines 
comme de la viande de kebab sur sa broche ». 
Pour tenter de comprendre et traverser ce feu, 
toute l’œuvre de Leonard Cohen est composée 
comme un gigantesque art d’aimer. 
Pour les femmes, la poésie, Dieu, ou toute chose vivante. 
 
Amours issus d’un même élan se confondant sans cesse. 
À l’écoute des textes ciselés sur parfois des années, 
accompagnés d’arpèges de guitare comme de musique électronique, 
Leonard Cohen a su transcender une à une ses peurs 
pour entrer dans une sagesse rayonnante. 
 
À la fin de sa vie, il n’avait pas fait disparaître le côté sombre de l’existence, 
mais, devenu léger, il avait su frotter le noir 
jusqu’à ce qu’il prenne les propriétés de la lumière.
 


Extraits d'une interview d' Alexandra Pleshoyano 
(en intégralité ICI) :


 3 - Comment expliquez vous que ses chansons et son aura touchent tous les âges et toutes les religions ?
Alexandra Pleshoyano : Probablement parce que Leonard est vrai et qu’il chante à partir de son cœur. Il souhaitait lorsqu’il était jeune toucher les gens comme un magicien, les transformer, les blesser, laisser sa marque sur eux et les rendre beaux . 

Son public varie des adolescents aux octogénaires. Il a un impact profond et de longue durée sur les gens. Avec Leonard c’est du cœur à cœur. Il s’adresse directement à toi. Il représente la voix/voie de l’intimité. En parlant de son livre le plus intime et personnel publié, Book of Mercy, Leonard dit : « si la chose devient suffisamment intime et suffisamment personnelle et suffisamment vraie, alors ça va s’adresser à tout le monde… C’est la condition pour l’universalité, cette intimité absolue » .

Tel que l’exprime le Talmud: Dieu cherche le cœur de la personne. Leonard chante avec son cœur. Selon le fondateur du mouvement hassidique, Israel Baal Shem Tov , lorsqu’une personne chante, elle confesse toute sa vie. « Et lorsque qu’une personne se confesse, ajoute-t-il, vous êtes obligés de l’écouter » .
 Leonard écrit : « Après les prières du Shabbat, le papillon du Baal Shem m’a suivi jusqu’en bas de la colline […]. »

Malgré la diversité du genre humain, il existe un rapport intrinsèque entre les rites religieux et la musique. Celle-ci unit les gens malgré leurs différences et touche directement le cœur de la personne. Par son mouvement dynamique et créatif, la musique fait naître de nouvelles formes de communautés. 

Il y a un son et un ton sacrés dans la voix de Leonard. La religion – qu’on y croit ou non – fait partie de la civilisation et de la culture humaine. Elle se manifeste non seulement à travers les rites sacrés propres à chaque confession, mais à travers la création artistique. Depuis le début de la création, l’art est la réponse humaine à la Présence du sacré qui peut être conçue de différentes manières. 

Je crois personnellement que la musique sacrée est une clé importante pour le dialogue interreligieux et interspirituel. Tel que l’écrit Rudolf Otto, la musique représente ce grand combat pour atteindre le tout Autre que rien ne peut exprimer. 

La musique est le langage universel des émotions humaines, l’expression de l’inexprimable . Selon le Baal Shem Tov, la joie et l’extase rapprochent de la Présence de Dieu (Shehkinah) et la musique est le medium par lequel on éveille cette joie et cette extase . 

Lorsque Leonard chante, il chante pour l’Autre et se donne corps et âme à ceux qui l’écoutent. Lorsque vous parlez ou chantez à partir de votre cœur, vous touchez tous les cœurs qui ont des « oreilles pour entendre ». Leonard révèle tout ce qu’il est à travers ses écrits : son amour, sa haine, ses angoisses, sa colère, son amertume et son espérance. On sait presque tout de lui si on prend le temps de méditer ses paroles.




À la fin de son premier roman publié, Leonard retranscrit quelques pages de son journal intime, dont cette prière adressée au Tout Autre : « Ramène-moi à la maison. Bâtis à nouveau ma maison. Fais de moi un hôte en Toi. Prends ma douleur. Je ne peux plus l’utiliser. Elle ne fait rien de beau. […] Sainte vie. Fais que je puisse la mener. Je ne veux pas haïr. Laisse-moi m’épanouir. Que le rêve de Toi s’épanouisse en moi. »

La vie de Leonard est comme un fil ininterrompu se promenant entre la lumière et les ténèbres, entre les anges et les démons, entre l’espérance et le désespoir. Dans une même phrase, Leonard peut passer du profane au sacré, de la chair à l’esprit, de l’humain au divin. 

Sa vie est tissée de contradictions, d’oppositions et de paradoxes, mais il a le courage et l’honnêteté de se présenter tout entier. C’est certainement un des côtés les plus appréciés chez lui. 
Leonard amalgame fréquemment spiritualité et sensualité exprimant ainsi son désir pour la femme et son désir pour Dieu. Tel qu’il l’écrit : « Gémis pour moi, comme je gémis pour toi mon amour, comme je gémis pour Dieu » 
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7 - Dans ses chansons, on trouve énormément de symboles universels, même chrétiens comme "The Lord", "The Church", "Hallelujah" ... 
Est-ce voulu pour toucher le plus grand nombre ?

Alexandra Pleshoyano : Leonard témoigne de son héritage juif à travers tous ses écrits en y ajoutant des éléments du christianisme et du bouddhisme Zen. Il n’y voit rien d’incompatible, parce qu’il ne s’attarde pas aux dogmes. The Lord (le Seigneur) et Hallelujah sont des termes juifs qui ont été récupérés par les chrétiens. 

Mais on retrouve en effet chez Leonard – dans sa poésie, ses romans et ses chansons – tout un amalgame de son héritage juif, du christianisme – rappelons que Montréal durant l’enfance et la jeunesse de Cohen était dominé par le Catholicisme et que même sa nurse Mary était une irlandaise catholique qui l’emmenait parfois à l’église avec elle – et du bouddhisme Zen qu’il a fréquenté pendant plus de trente ans. Mais en dernière instance il insiste sur son identité juive.

8 - On sait très peu de choses sur les 9 mois qu'il a passé en Inde en 2001 avec un Maître ... Pouvez-vous nous en dire plus ?
Alexandra Pleshoyano : Je sais que Leonard a passé plusieurs mois à Bombay auprès de Ramesh S. Balsekar et qu’il aurait été particulièrement touché par un de ses livres intitulé The Ultimate Understanding, mais je n’en sais pas plus.
9 - Quelle est selon vous la chanson la plus spirituelle de Leonard Cohen ?
Alexandra Pleshoyano : Dans une interview, Leonard a confié au journaliste que chaque poète possède un poème et que chaque romancier possède une histoire, et que tout le monde possède une chanson et que toutes ses chansons sont en fait une seule chanson. 

Tous ses livres, a-t-il ajouté, représentent un seul poème. La chanson la plus spirituelle de Leonard est donc celle qu’il porte au plus profond de son être et qui est la Source même où il puise toutes celles qu’il nous offre si généreusement depuis plus de quarante ans.





lundi 14 novembre 2016

dimanche 13 novembre 2016

Il arrive un temps




Il arrive un temps...
Il arrive un temps dans la vie où on apprend
la différence entre tenir la main de l'autre
et l'enchaîner à soi.

Un temps où on apprend que l'amour
ne signifie pas se soulager de tout souci sur l'autre.
Et que la compagnie n'est pas toujours
une garantie contre la solitude.
Un temps où on apprend que les baisers
ne sont que des cadeaux
et ne sont pas des promesses.

Il arrive un temps dans la vie où on apprend
à accepter ses échecs en gardant la tête haute
et les yeux ouverts,
où on apprend à bâtir notre vie dans l'instant présent
parce qu'on ignore si on sera toujours là demain.

Il arrive un temps dans la vie où on apprend
que même le soleil brûle si on abuse.
Il arrive un temps dans la vie où on apprend...
La souffrance, la peine, l’absence,
Mais où on apprend qu'on a en soi
la force d'y faire face.

Il arrive un temps dans la vie où on découvre...
ce que l'on vaut vraiment...
Et on continue d’apprendre...
Avec chaque abandon, chaque perte,
chaque départ, on apprend.

Alors travaillons à décorer notre jardin intérieur
au lieu d'attendre que quelqu'un nous offre des fleurs.



samedi 12 novembre 2016

Fêlure


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There is a crack
A crack in everything
That's how the light gets in...

Il y a une fêlure
Une fêlure en tout ce qui est
C'est comme ça que la lumière entre...
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Léonard Cohen
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