jeudi 10 mai 2018

Le chant de l'âme


 
 
La vie ne nous appartient pas, c'est nous qui lui appartenons.
Elle est transcendante pour la simple raison
que tout en palpitant au plus intime de nous,
elle est infiniment au-dessus et au-delà de nous.
Nous ne pouvons que nous en remettre à elle en toute confiance.
 
Quand les âmes se font chant,
Le monde d'un coup se souvient.
La nuit s'éveille à son aube ;
Le souffle retrouve sa rythmique.
Par-delà la mort, l'été
Humain bruit de résonance
Quand les âmes se font chant.
 
Écoutons Kandinsky : "L'artiste est la main qui, par l'usage convenable
de telle ou telle touche, met l'âme humaine en vibration (...)
 Cézanne savait faire d'une tasse de thé une création douée d'une âme,
 ou plus exactement reconnaître dans cette tasse un être"
 (Du spirituel dans l'art et dans la peinture en particulier).
Tous les êtres ne sont pas forcément artistes,
mais toute âme a un chant.
Elle est à même de répondre à d'autres chants qui lui parlent.
 À toutes les époques, dans toutes les cultures,
 chaque âme a une musique qu'elle aimerait entendre
au moment de quitter le berceau terrestre.
L'âme n'aura de cesse de résonner
avec un chant plus vaste que soi.
 
Ne quémande rien. N'attends pas
D'être un jour payé de retour.
Ce que tu donnes trace une voie
Te menant plus loin que tes pas.
 
François Cheng
 
 
Soudain, nous viennent des flots
De larmes, nous plongeant dans
L'abîme du silence, larmes
De peine, larmes de joie,
Gouttes de pluie qui glissent
Leurs perles sur les feuilles
De lotus, que vient sécher
Un inattendu rayon
De soleil, déjà ardent,
Déjà irradiant, déjà nimbé
De poignante douceur, hors
De toutes voix, hors
De toutes voies, dans
L'innocence de l'instant,
Dans l'abîme de la désormais
Insondable souvenance.
 
 
Ici, à l'ombre, nous avons murmuré
Des choses, et puis tout d'un coup
Nous nous sommes tus,
De crainte qu'à trop toucher
Le secret nos mots ne deviennent cendres.
Une coupe d'encens couvant l'attente
Nous protège du dehors, là,
Près de la fenêtre entrouverte,
L'éclatante pivoine, ivre
De son rêve de rondeur, de parfum,
S'ouvre sans frein au soleil,
Fontaine de pétales jaillie du fond
Aux laves irrévélées, pure flamme
En son interminable délire,
En son irrépressible, inépuisable
vouloir-dire.
 
Le chant le plus authentique est plus
qu'un produit maîtrisé par l'esprit ;
 il jaillit bien de l'âme.

La grande affaire pour un artiste, j'en suis persuadé maintenant,
c'est d'entendre et de donner à entendre  l'âme qui l'habite
et qui résonne de fait  à l'âme cachée de l'univers.
.
François Cheng
"Cinq méditations sur la mort,
autrement dit sur la vie"
.



.



2 commentaires:

  1. Ah, cette âme si mystérieuse et si présente à la fois !! Nous devrions plus l'écouter, la laisser s'exprimer.....Elle connaît tant de choses !!

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Elle est , au fond de nous, la "petite voix" qui sait... :-)

      Supprimer