La Cigale, ayant chanté
Tout l’été,
Se trouva fort dépourvue
Quand la bise fut venue :
Pas un seul petit morceau
De mouche ou de vermisseau.
Elle alla crier famine
Chez la Fourmi sa voisine,
La priant de lui prêter
Quelque grain pour subsister
Jusqu’à la saison nouvelle.
“ Je vous paierai, lui dit-elle,
Avant l’Oût, foi d’animal,
Intérêt et principal. ”
La Fourmi n’est pas prêteuse :
C’est là son moindre défaut.
Que faisiez-vous au temps chaud ?
Dit-elle à cette emprunteuse.
Nuit et jour à tout venant
Je chantais, ne vous déplaise.
Vous chantiez ?
J’en suis fort aise.
Eh bien! Dansez maintenant. …
Inspirée par ce conseil,
La Cigale,
Heureuse et joyeuse, dansa,
Puis chanta dans le soleil.
Sa liesse alentour berça
Insectes et fleurs du maquis.
Ce bonheur, tous, les conquit.
Du chant, elle tissait du rêve,
Et de sa danse, du sourire.
A notre Cigale ils offrirent
Festin de nectars et sèves.
La fourmi, docte économe,
Travaillant comme bête de somme,
Tomba gravement malade.
Un jour, on la trouva roide.
Sans été, ni chant, ni vers,
Sa vie ne fut qu’un hiver.
Photo de Christineeeee...
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