mercredi 31 octobre 2018

Les trois sortes de violence



Il y a trois sortes de violence. 
La première, mère de toutes les autres, est la violence institutionnelle
celle qui légalise et perpétue les dominations, les oppressions et les exploitations, 
celle qui écrase et lamine des millions d’hommes
 dans ses rouages silencieux et bien huilés.

La seconde est la violence révolutionnaire, 
qui naît de la volonté d’abolir la première.

La troisième est la violence répressive
qui a pour objet d’étouffer la seconde en se faisant l’auxiliaire 
et la complice de la première violence,
 celle qui engendre toutes les autres.

Il n’y a pas de pire hypocrisie de n’appeler violence que la seconde, 
en feignant d’oublier la première, qui la fait naître, 
et la troisième qui la tue.
.

archevêque de Recife
.




mardi 30 octobre 2018

Violence structurelle : la violence invisible





La notion de "violence structurelle" a été introduite en 1971
par Johan Galtung et Tord Hoivik.

Selon  Galtung, il y a violence structurelle
"lorsque les structures  politico-économiques
 empêchent les individus ou des groupes
 de réaliser  leurs potentialités spirituelles ou somatiques."


Définitions d'autres sources:

“Atteinte physique et psychologique
qui résulte de systèmes sociaux politiques et économiques
injustes et qui exploitent.”

Source: Robert Gilman, Structural violence, 






"Il faut entendre par violence structurelle tout ce qui détruit les  hommes
 dans leur être psychique, physique et spirituel de manière anonyme
 et sans qu'ils soient agressés personnellement par les armes

 (par exemple, un enfant doué qui est privé d'éducation 
en raison de son  appartenance raciale;
 un homme qui meurt de faim 
au milieu d'une monde  abondant en nourriture.) 

Cette violence creuse un fossé considérable  
entre une réalité existante (analphabétisme, faim)
 et une réalité  possible (éducation, santé). 





La réduction de la violence structurelle,  
qui conditionne l'établissement d'une paix positive, 
se fonde sur certaines notions telles que justice sociale, équité, 
émancipation,  participation, liberté, responsabilité, 
droits de l'homme et bien-être.  
Elle se rapproche aussi concrètement d'une conception large 
de la lutte contre le sous-développement et l'autoritarisme."
 
Source : Roy Preiswerk, Que faut-il entendre par "recherches pour la paix" ?



"La violence symbolique est la dimension culturelle 
ou communautaire de la violence structurelle, 
elle écarte toute solution alternative 
pour ne garder que la possibilité proposée 
par l’ordre social local comme allant de soi et seule valable."
 
Source: Violences structurelles et violences systémiques.

 La violence ordinaire des rapports sociaux en Afrique
Jacky Bouju et Mirjam De Bruijn





lundi 29 octobre 2018

La politique de l'oxymore (2)


Un oxymore est une figure de style 
rapprochant deux termes dont le rapprochement
crée une formule en apparence contradictoire.

En rhétorique,
c'est une « ingénieuse alliance de mots contradictoires ».




Exemples littéraires :

"Éphémère immortel” – Paul Valéry, Charmes.

“Le superflu, chose très nécessaire” – Voltaire, Le Mondain.

Cette obscure clarté qui tombe des étoiles...
– Corneille, Le Cid.

Jeune vieillard” – Molière, Le Malade imaginaire.

Boucherie héroïque” – Voltaire, Candide.




On a remarqué que les oxymores se mettent à proliférer 
dans les sociétés soumises à de fortes tensions,
 comme le montre le cas exemplaire du régime de Vichy, 
un gouvernement qui se réclame de la patrie 
mais qui est installé et maintenu par une armée d'occupation; 
une politique de soumission, qui est présentée
 comme une entreprise de régénération nationale;
 un éloge de la vie champêtre, 
dans un régime à la solde de l'industrie lourde allemande; 
enfin, et c'est sans doute le comble, 
une exaltation des vieilles valeurs chrétiennes, 
au service d'une entreprise 
fondamentalement antichrétienne et néopaïenne...
.




La montée actuelle des tensions fournit donc un terrain propice 
à la prolifération des figures de conciliation ou de dénégation
susceptibles d'égarer toujours plus les esprits.

Plus le temps passe et plus s'exaspèrent les contradictions 
et les tensions internes qui travaillent la société libérale.
Il faudrait écrire une encyclopédie pour en dresser la liste complète. 
En attendant ce travail salutaire, en voici un petit échantillon.

La société contemporaine dispose d'une perspective temporelle 
incommensurablement plus profonde que toutes les sociétés du passé,
 avec les quinze milliards d'années de la cosmologie. 
Et pourtant elle lie son activité à l'instantanéité de la bourse. 
Pour elle, comme l'a vu Gauchet, le temps a disparu.

Elle prône (et c'est là sa contradiction majeure, son "péché mortel") 
une croissance infinie dans un monde fini.

Ses théoriciens affirment que toute vie humaine est réglée 
par des processus sans sujets, mais d'autre part 
elle promeut l'individu comme valeur centrale. 

Ils affirment que les valeurs, les idées,
 sont la cause des maux qui affectent la société 
et que seule la main du marché pourra nous conduire au bonheur. 
Mais cela n'empêche pas les hommes politiques, 
pour masquer la dureté inhumaine de ce programme, 
de se lancer dans des tirades
 sur la "politique de civilisation et sur les valeurs".

Elle promeut comme valeur centrale l'individu
 mais produit à la chaîne des êtres formatés, 
qui se dépossèdent de leur individualité par les pratiques mêmes
 à travers lesquelles ils pensent la développer.

L'autonomie de l'individu est promue comme valeur centrale
 alors que des forces invisibles gigantesques 
le déconstruisent en sous-main -
des forces gigantesques qui sont à la sociologie 
ce que la matière noire est à la cosmologie.

Elle considère l'enseignement et l'éducation 
comme l'alpha et l'oméga de la société moderne, 
mais voue un mépris de plus en plus pesant, et presque officiel,
aux enseignant(e)s.

Par l'enseignement, elle fait de la vérité la valeur suprême. 
Mais par la propagande publicitaire et la communication, 
elle légitime le mensonge raisonné
et le reconnaît implicitement
comme le moteur de la vie sociale. 

Elle vante le risque et l'initiative individuelle 
mais prône par ailleurs le risque zéro.
Elle développe jusqu'à la folie l'obsession de la sécurité
dans un monde sur le point d'exploser.

Contre le fonctionnaire repoussoir
elle dresse la figure héroïque de l'entrepreneur.
mais chacun sait que les banques
se méfient des jeunes entrepreneurs
et préfèrent avoir pour clients des fonctionnaires, 
et que les capitalistes implorent le secours de l'état
quand une crise financière risque de les déborder.

Elle enferme la vie quotidienne
dans un corset toujours plus dense
de réglementations.
Elle dérégule le travail et la finance, 
mais surrégule la vie quotidienne 
du commun des mortels.

Elle exalte la figure du "pro"
c'est-à-dire de l'homme réduit 
à une sorte de mécanisme fonctionnel au rendement optimal
mais, en contrepartie, elle cultive jusqu'à la saturation
la contre-figure de l'artiste
c'est-à-dire de l'homme ou de la femme d'exception
pouvant se targuer d'avoir un métier 
là où les autres ne font que mettre en oeuvre
 des techniques, des procédures.
(...)

Elle exalte le mérite et l'enrichissement 
mais fait reposer en dernier recours toute possibilité 
d'enrichissement véritable (et donc le mérite)
sur l'héritage des capitaux et des biens.

Elle dénonce la politique insidieuse des sectes
mais repose dans es fondements mêmes
sur le contrôle des esprits
- et particulièrement de l'esprit des enfants-
par la propagande publicitaire.
Et l'on constate sans surprise que TF1 
est à la pointe de la dénonciation des sectes.

Elle exalte l'individu et la vie privée
mais en même temps met en place
 des moyens de contrôle "panoptiques"
 qui, inexorablement, vont
empiéter sur la vie privée et la grignoter peu à peu
.
Plus notre vie privée devient transparente, 
et plus le monde de la finance 
qui domine notre existence s'opacifie.

Elle affirme que la lutte des classes est dépassée;
qu'il faut être "moderne";
que le temps est venu d'un monde apaisé
où le loup cohabitera avec l'agneau,
où la richesse des riches profitera à tous.
mais en même temps ceux qui nous gouvernent
se déterminent uniquement en fonction de rapports de force,
comme l'actualité se charge de nous le montrer jour après jour.

Elle fait de la lutte contre le chômage et la délinquance deux de ses priorités, 
mais a besoin pour fonctionner d'un taux de chômage élevé.

Elle prône la libre circulation des marchandises et des capitaux ;
réclame jusqu'à l'absurde la suppression des écluses douanières
entre des systèmes économiques et sociaux aussi différents 
que la Chine et le vieille Europe.
Mais dans le même temps, elle met de plus en plus de barrières
au libre déplacement des êtres humains
originaires des nations pauvres (...).

Elle développe une sensibilité anthropomorphique
à l'égard des animaux, fait du chasseur un hideux repoussoir, 
mais fait reposer sans frémir son économie sur l'élevage industriel. 
(...)

Elle s'indigne de l'eugénisme appliqué aux hommes
mais le prône pour les animaux.
(...)

Elle nie les capacités paranormales des êtres humains
comme la clairvoyance et la télépathie
mais elle est habitée par le fantasme 
d'une omniprésence virtuelle de tous les êtres humains,
qu'elle s'efforce de réaliser peu à peu par la technologie.
 (...)

Je laisse le lecteur allonger cette liste,
que l'on pourrait prolonger pendant des pages...
.

Bertrand Maheust
"La politique de l'oxymore"
.
 
 

 Pratique de l'oxymore
chez nos dirigeants 
(Allez...pas de jaloux...
j'en ai mis pour tout le monde... ;-)


.

 La personnalité de Jacques Chirac ?
 .
Comment peut-on définir la Sarkolangue ?

"La Sarkolangue, c'est cette capacité sarkozyste 
à démentir formellement le lendemain
ce que l'on martelait la veille."
.

François Hollande : on l'appelait
le "Président normal"
.


 Et enfin Emmanuel Macron
dont chacun connaît l'expression favorite :
"En même temps" :-)

 
 
Emmanuel Macron est le roi de l'oxymore
cette disposition de la pensée
qui allie deux mots a priori incompatibles.
Et de droite et de gauche
est même devenu l’emblème 
de son positionnement politique. 
Tout, chez le nouveau président,
se décline sur ce mode.
.



dimanche 28 octobre 2018

La politique de l'oxymore (1)




...Si la contradiction et le conflit sont inhérents à tout univers mental, 
ils atteignent dans le nôtre une dimension inégalée
 à cause des tensions sans précédent 
dans lesquelles ce dernier se trouve placé,
 du fait du processus de saturation dans lequel il est engagé.

Comme l'a écrit Michéa, 
la croissance est "la condition transcendantale 
de tous les équilibres libéraux".

Or, nous savons désormais que la biosphère (...) 
est une pellicule fine et fragile, 
une sorte d'exception presque miraculeuse 
dans un environnement cosmique vide et glacé; 
et que cette fragile biosphère ne pourra longtemps 
encore supporter une croissance continue sans s'effondrer.

C'est cette contradiction fondamentale qui sous-tend toutes les autres.
C'est pour masquer cette vérité incontournable 
que notre société multiplie les oxymores.

 (développement durable, agriculture raisonnée, 
marché civilisationnel, flexisécurité, 
moralisation du capitalisme, mal propre...etc)

Et pour se cacher à elle-même cette horrible vérité, 
que son projet fondamental est insensé et intenable 
et qu'il mène l'humanité aux abîmes".
(...)


Plus la tension va s'accroître, plus les usines de communication 
s'alimenteront aux ressources des sciences humaines
 et produiront des oxymores raffinés. 
Et plus l'on produira des oxymores, plus les gens, 
soumis à une sorte de "double bind" permanent, 
seront désorientés, et inaptes à penser 
et à accepter les décisions radicales qui s'imposeraient.

C'est ici le lieu de rappeler l'étymologie grecque d'oxymore, 
qui signifie  "folie aiguë".
Utilisé à dose massive, l'oxymore rend fou , 
comme l'ont montré Gregory Bateson et Paul Watzlawick. 
Transformé en "injonction contradictoire" par des idéologues, 
il devient un poison social.

Une novlangue libérale dont la fonction principale 
est de gommer les réalités qui fâchent, 
les aspects de la condition humaine qu'il convient de masquer 
est en train de prendre la suite 
de l'ancienne novlangue nazie ou communiste.
 .

Bertrand Maheust
"La politique de l'oxymore"
.



vendredi 26 octobre 2018

Nous ne pouvons pas tout avoir




Nous faisons tous face à des choix.

Nous pouvons avoir des calottes glaciaires et des ours polaires,
ou nous pouvons avoir des automobiles.

Nous pouvons avoir des barrages
ou nous pouvons avoir des saumons.

(...)
 Nous pouvons avoir le pétrole du fond des océans,
 ou nous pouvons avoir des baleines.

Nous pouvons avoir des boîtes en carton
ou nous pouvons avoir des forêts vivantes.

 Nous pouvons avoir des ordinateurs
et la myriade de cancers qui accompagne leur fabrication,
 ou nous pouvons n’avoir aucun des deux.

Nous pouvons avoir l’électricité
et un monde dévasté par l’exploitation minière,
ou nous pouvons n’avoir aucun des deux
(...)

Nous pouvons avoir la civilisation
— trop souvent considérée comme la plus haute forme d’organisation sociale —
 qui se propage (qui métastase, dirais-je) sur toute la planète,
 ou nous pouvons avoir une multiplicité de cultures autonomes uniques
 car spécifiquement adaptées au territoire d’où elles émergent.

Nous pouvons avoir des villes et tout ce qu’elles impliquent,
ou nous pouvons avoir une planète habitable.
.
Nous pouvons avoir le « progrès » et l’histoire,
 ou nous pouvons avoir la soutenabilité.

Nous pouvons avoir la civilisation,
ou nous pouvons au moins avoir la possibilité d’un mode de vie
qui ne soit pas basé sur le vol violent de ressources.

Tout cela n’est absolument pas abstrait.
 C’est physique.
Dans un monde fini,
 l’importation forcée et quotidienne de ressources
est insoutenable.
Hum.



Montrez-moi comment la culture de la voiture peut coexister avec la nature sauvage,
et plus particulièrement, comment le réchauffement planétaire anthropique
peut coexister avec les calottes glaciaires et les ours polaires.

N’importe laquelle des soi-disant solutions
 du genre des voitures électriques solaires
présenterait des problèmes au moins aussi sévères.

L’électricité, par exemple, a toujours besoin d’être générée,
les batteries sont extraordinairement toxiques,
et, quoi qu’il en soit, la conduite n’est pas
le principal facteur de pollution de la voiture :
bien plus de pollution est émise au cours de sa fabrication
qu’à travers son pot d’échappement.

La même chose est vraie
de tous les produits de la civilisation industrielle.

Nous ne pouvons pas tout avoir.


Cette croyance selon laquelle nous le pouvons est une des choses
 qui nous ont précipités dans cet horrible endroit.
Si la folie pouvait être définie
comme la perte de connexion fonctionnelle avec la réalité physique,
 croire que nous pouvons tout avoir.

— croire que nous pouvons simultanément
démanteler une planète et y vivre ;
croire que nous pouvons perpétuellement
utiliser plus d’énergie que ce que nous fournit le soleil ;
 croire que nous pouvons piller du monde
plus que ce qu’il ne donne volontairement ;
 croire qu’un monde fini peut soutenir une croissance infinie,
qui plus est une croissance économique infinie,
qui consiste à convertir toujours plus d’êtres vivants en objets inertes
 (la production industrielle, en son cœur, est la conversion du vivant
 — des arbres ou des montagnes — en inerte
— planches de bois et canettes de bière) —

 est incroyablement cinglé.

Cette folie se manifeste en partie par un puissant irrespect
pour les limites et la justice.
Elle se manifeste au travers de la prétention
selon laquelle il n’existe ni limites, ni justice.

Prétendre que la civilisation peut exister
sans détruire son propre territoire,
ainsi que celui des autres et leurs cultures,
c’est être complètement ignorant de l’histoire, de la biologie,
de la thermodynamique, de la morale,
et de l’instinct de conservation.

Et c’est n’avoir prêté absolument aucune attention
aux six derniers millénaires.

Derrick Jensen


jeudi 25 octobre 2018

Laudato si



Depuis quelques années,
le message de décroissance  nous arrive même...
et c'est une heureuse surprise,
du sommet de l'Eglise !


En effet, en 2015, le Pape lançait déjà,
au travers de son encyclique "Laudato si"
(titre inspiré de Saint François d'Assise)
un appel musclé au changement...
sous toutes ses formes.



Titrée "Laudato si" (Loué sois-tu...)
la première encyclique entièrement écrite par le pape François 
est consacrée à l'écologie.
Dans ce texte (...), le souverain pontife dénonce aussi
 l'égoïsme des pays riches.
Tout au long des quelque 200 pages de cette encyclique, 
le pape prend la défense des plus pauvres, 
grandes victimes du réchauffement climatique.

Mais ce texte dénonce aussi un système économique 
soumis au diktat du marché et une "culture du déchet".


Image associée


"Aujourd'hui, tout ce qui est fragile reste sans défense
 par rapport aux intérêts du marché divinisé", écrit le pape. 
La "soumission" du politique à la finance et à la technologie 
a abouti à l'échec des précédents sommets sur le climat, 
dénonce l'évêque de Rome.

Décroissance des pays riches envisagée

 

Pour éviter que la Terre ne se transforme en un "immense dépotoir", 
le pape argentin préconise une révolution sociale, économique et culturelle. 
François préconise l'abandon progressif des énergies fossiles.

Appelant à des changements de styles de vie, 
les pays riches doivent aider les plus pauvres, 
principales victimes du mode de vie des plus aisés. 
Le souverain pontife demande aussi 
une certaine décroissance des pays riches.

Article ICI
.



mercredi 24 octobre 2018

Décroissance et sobriété heureuse



 Pierre Rabhi remet lui aussi en cause le dogme de la croissance
et propose une voie pour l'homme occidental actuel :
la sobriété heureuse.

L'autolimitation permet de dégager du temps...
pour vivre heureux !


Votre croissance, nous n'en voulons plus...


Il est absolument nécessaire de s'indigner...
et de "casser la langue de bois", les dogmes,
les concepts éculés qui nous emprisonnent...

A ce propos, je vous invite à écouter
ce récent et courageux discours de François Ruffin
à l'Assemblée nationale :




Extrait :

(...)
Que proclame, par exemple, le président Macron?
Que, comme on l’a encore répété à cette tribune, « sans croissance,
il n’y a aucune chance d’avoir de la redistribution. »
C’est faux. C’est archi-faux.
C’est une imposture. On peut redistribuer.
On peut redistribuer tout de suite.
Et on peut redistribuer massivement
.
Pourquoi, alors, un tel mensonge ?
Parce que Macron est l’homme des 500 familles.
Des 500 familles qui se gavent.
Des 500 familles qu’on retrouve chaque année dans Challenges,
qui est, vous le savez, ma lecture favorite.
L’an dernier, ce magazine de l’économie écrivait :
« Le constat saute aux yeux : le patrimoine des ultra-riches, en France,
a considérablement progressé depuis deux décennies.
La valeur des 500 fortunes a été multipliée par sept !
Des chiffres qui témoignent du formidable essor des entreprises
 au bénéfice de leurs actionnaires ». « Résultat :
les ’’500’’, qui ne comptaient que pour l’équivalent
 de 6 % du PlB en 1996,
pèsent aujourd’hui 25 % ! »

Mais cela, c’était l’an dernier :
cette année, dans le nouveau classement de Challenges,
ces 500 fortunes, qui pesaient l’an dernier 25 % du PIB,
représentent aujourd’hui 30 % de ce même PIB !
Ils ont donc gagné 5 % en douze mois seulement.

Et ce qui manquerait, après tout ça, c’est la croissance ?
Non, ce qui manque, c’est le partage.
Le partage d’abord, le partage tout de suite !

 Le gâteau devant nous est énorme, gigantesque :
2 300 milliards d’euros.
Voilà le PIB de la France.
Deux mille trois cents milliards d’euros !
Une richesse jamais atteinte !
Il y a de quoi déguster pour tout le monde, et même largement.
Partageons !
Mais ce mot, partage, vous fait horreur.
Partager : c’est pour les riches depuis toujours un cri d’effroi.

Votre raisonnement, alors, c’est-à-dire le raisonnement
que l’on nous serine depuis quarante ans, c’est :
on va faire grossir le gâteau,
comme ça, les pauvres auront plus de miettes,
les riches auront un plus gros morceau et tout le monde sera content.

C’est une imposture. C’est une escroquerie.

Un économiste, ou un intellectuel, l’a d’ailleurs dit très clairement :
 « Il est un mythe savamment entretenu par les économistes libéraux,
selon lequel la croissance réduit l’inégalité.
Cet argument permettant de reporter ’’à plus tard’’
toute revendication redistributive est une escroquerie intellectuelle
 sans fondement. »

 Qui formulait cette brillante analyse ?
Qui disait : n’attendez pas la croissance pour redistribuer ?
 Savez-vous, monsieur le ministre, qui a dit cela ?
Jacques Attali ! Mais en 1973…
Depuis, il les a rejoints, les économistes libéraux.
Il en a pris la tête, il a répandu cette escroquerie intellectuelle sans fondement.
Il a conseillé Ségolène Royal avant de rejoindre Nicolas Sarkozy
 et de pondre ensuite, aux côtés d’Emmanuel Macron,
ses 316 propositions pour libérer la croissance française,
 symbole de la pensée unique. D’une présidence à l’autre,
cette escroquerie intellectuelle se perpétue donc.

L’urgence écologique

 

Mais l’escroquerie tourne aujourd’hui à la tragédie.
Car enfin, et surtout, il y a la planète.
Vous aurez beau habiller votre croissance de tous les adjectifs du monde
 – verte, durable, soutenable… –
à qui ferez-vous croire que l’on va produire plus et polluer moins ?
C’est du bidon. C’est du baratin greenwashé.
C’est du verdissement lexical.
La vérité, et vous le savez, c’est que le gâteau PIB est aujourd’hui
truffé de trucs toxiques, bourré de  glyphosate, pourri de plastique,
 et qu’il ne fait plus tellement saliver.

La vérité, et vous le savez, c’est qu’on en est déjà, en trente ans,
à 30 % d’oiseaux en moins, 80 % pour les insectes volants,
les papillons, les coccinelles.
Et les prévisions montent à 95  % pour 2030,
 c’est-à-dire une disparition quasi-totale pour demain, en France !

La vérité, et vous le savez, c’est qu’on est déjà au-dessus
de 1,5 degré de réchauffement climatique
– au-dessus de 2 degrés et, sans doute, de 3 degrés.
Les pôles fondent, et les glaciers avec eux.
La vérité, c’est que l’angoisse monte encore plus vite que le niveau des océans.
Quel air, quelle terre, quelles mers allons-nous laisser à nos enfants ?

La vérité, c’est que tout cela, vous le savez, mais vous continuez comme avant,
répétant « Croissance ! Croissance ! Croissance ! » comme si de rien n’était.

.

François Ruffin
26 septembre 2018
.

Texte complet ICI
.







Hymne écologique


A quelques jours du 11 novembre, 
alors qu'on s'apprête à célébrer le centenaire 
de la fin de la première guerre mondiale, 
il me semble que nous avons d'autres guerres à mener, 
d'autres combats à gagner...

Le premier est bien sûr celui de la sauvegarde du climat...

La sécheresse sévit depuis des mois.
Juste à côté de chez moi,
un lac et une rivière sont totalement à sec, 
les poissons meurent... par centaines.

Face à cette réalité qui nous crève les yeux et le coeur,
comment ne pas avoir envie de pleurer ?


Comme beaucoup d'autres, je me dis 
que la situation est urgente, gravissime..
et que nous ne nous en sortirons 
que si nous retrouvons notre esprit de solidarité...
et que nous agissons tous ensemble.
Ce matin, m'est venue l'idée d'écrire un nouvel hymne ...
un hymne non pas guerrier, mais écologique...

Je vous le livre comme il m'est venu...

La Licorne





Aujourd'hui la Terre nous supplie...
Le jour du choix est arrivé !
Rejetons toutes les tyrannies
Qui nous maintiennent divisés
L'étendard de l'espoir est levé !
Regroupons-nous, voix solidaires
Pour dire que nous ne voulons pas
Du règne de cet argent-roi
Qui détruit la vie, la joie, la Terre ...




Tous debout, citoyens !
Tous ensemble, marchons
Marchons, chantons, 
Pour qu'une eau pure
Abreuve nos sillons ...

 

lundi 22 octobre 2018

Espoir


Le changement climatique mobilise...
Les actions collectives et spontanées se multiplient,
et cela fait chaud au coeur !




Si nous nous réveillons, 
peut-être est-il encore temps....
d'éviter le pire.

.
La Licorne
.
 



La mutation viendra aussi de l'intérieur




Il faut peut-être que la crise s'approfondisse, 
approcher plus près du désastre, 
pour provoquer les sursauts de la prise de conscience.

Comment viennent les grandes solutions 
dans l'histoire de l'humanité ? 
Par la jonction d'un courant profond et inconscient 
qui traverse des milliers d'individus, 
et des idées hyper conscientes
qui jaillissent de quelques esprits. 
C'est cette jonction qui fait les grands mouvements. 
Il faut espérer que quelque chose
de cet ordre va se produire...

La seule chose que je crois, c'est que la révolution salutaire 
ne pourra pas venir uniquement de l'extérieur, 
c'est à dire par des réformes d'institutions, 
par des changements économiques et politiques.

et sans doute à deux niveaux : 
d'abord par ce que j'appelle la réforme de la pensée, 
qui consiste à penser de manière
plus complexe et plus riche, 
plus adéquate, moins mutilée; 
et deuxièmement par une réintériorisation 
de l'existence humaine 
qui cessera de s'agiter dans tous les sens
 uniquement en fonction des conquêtes extérieures, 
de plus en plus artificiellement stimulées et surexcitées.


Je mets donc comme condition à la sortie de l'agonie 
une réforme intérieure, dans les deux sens du terme : 
l'un beaucoup plus réflexif et intellectuel, 
l'autre beaucoup plus intériorisé, 
dans le sens de la vie de "l'âme", 
pour employer ce mot entre guillemets, 
bien qu'il corresponde à une réalité profonde.
.
1988 




Une autre fin du monde est possible


Climat et effondrement : 
« Seule une insurrection des sociétés civiles 
peut nous permettre d’éviter le pire »
  


Sommes-nous sous la menace d’un « effondrement » imminent, 
sous l’effet du réchauffement climatique et de la surexploitation des ressources ?
 Pour l’historien Christophe Bonneuil, la question n’est déjà plus là : 
des bouleversements sociaux, économiques et géopolitiques majeurs sont enclenchés 
et ne vont faire que s’accélérer.

Il faut plutôt déplacer la question et produire une « pensée politique » 
de ce qui est en train de se passer : 
qui en seront les gagnants et les perdants ? 
Comment peser sur la nature de ces changements ? 

Migrations de masse, émergence d’un « capitalisme écofasciste », 
risque de conflits pour les ressources : 
malgré un constat brutal sur le monde qui se dessine, 
l’historien appelle à éviter le piège 
d’un « romantisme » de l’effondrement.


"Une autre fin du monde est possible", affirme-t-il.
Il revient aux sociétés civiles d'écrire le scénario final.


Article complet ICI







dimanche 21 octobre 2018

Comment les riches détruisent la planète




Pour la première fois dans notre histoire, 
le dynamisme de l’espèce humaine 
se heurte aux limites de la biosphère. 
Nous devons relever le défi, magnifique mais redoutable,
 d’orienter différemment l’énergie humaine.

Or une classe dirigeante cupide fait obstacle à ce changement de cap. 
Elle n’est animée d’aucun idéal, ne délivre aucune parole mobilisatrice 
et prétend que la seule voie possible 
est celle qui accroît toujours plus la richesse.

Cette représentation du monde est aveugle. 
Elle sous-estime la gravité de l’empoisonnement de la biosphère
 et consent à dilapider les chances de survie des générations futures.

Pour l’auteur de ces pages incisives
on ne résoudra pas la crise écologique sans s’attaquer à la crise sociale. 
Elles sont intimement liées

Ce sont aujourd’hui les riches qui menacent la planète.




samedi 20 octobre 2018

Une femme en colère



Monique Pinçon-Charlot est une sociologue réputée
qui, avec son mari, a écrit de nombreux livres 

Elle prend la parole au cours d'un débat
et dit tout haut, sans fioritures et sans langue de bois, 
la situation réelle de notre monde actuel, 
que les dominants sont en train de saccager 
et de marchandiser..
.
et elle évoque la guerre (*) sans merci 
que ceux-ci mènent contre la population...

Ecoutez bien...
En trois minutes, tout est dit...





 
(*) Il est en effet grand temps de comprendre 
que c'est bien d'une vraie guerre qu'il s'agit,
(et non d'une lutte de classes).

Voilà d'ailleurs ce que disait, en fanfaronnant,
Warren Buffett en 2005 :
"C'est ma classe, la classe des riches,
qui mène cette guerre,
et qui est en train de la gagner. "
 


 
 
(Warren Buffett, fut, un temps...
l'homme le plus riche de la planète)

.



lundi 15 octobre 2018

La Terre en colère



Extraits :

Ce que l'homme a mis des dizaines de millénaires à édifier,
la nature le défait en quelques poignées de jours.
Humain... Cela vient de "humus", la terre.
Comme le mot humilité.
L'humilité, c'est pour l'homme se souvenir
 qu'il est fait de terre, et qu'il sera rendu à la terre.
S'il l'oublie... la Terre, un jour, le lui rappelle...
Les yeux se ferment, les regards se détournent.
L'homme a reçu ce don merveilleux :
ne voir que ce qu'il veut, ne croire que ce qui l'arrange.
Oublier.
.
Voir est un chemin
Accepter ce qui est, ce qui se donne, ce qui advient.
Sans condition.
Sans détourner le regard, sans laisser ses yeux fabriquer des mirages
 pour éloigner ce qui dérange.
.
Elle avait compris quelque chose : c'était en elle que tout se jouait.
La nature n'était hostile que dans la mesure exacte
où elle projetait sur elle le chaos dont elle était porteuse.
.
Toute notre culture est basée sur la peur.
Toutes nos énergies sont consacrées à refuser la mort.
Et nous ne voyons pas qu'à refuser la mort c'est à la vie que nous disons non.
Car la mort et la vie ne sont qu'une seule et même réalité.
 Cela, les Indiens le savent.
(...)

Nous, les Blancs, qui dominons le monde,
avons trop peur de sentir la vie parcourir notre chair,
trop peur de savourer notre appartenance à la Terre,
parce que c'est aussi garder mémoire qu'il faudra retourner,
un jour, à la terre.
.

 L'Indien sait, d'un savoir cellulaire,
qu'il n'est pas distinct de la Terre dont il provient et dont il est fait.
Avec mes frères, j'ai appris à marcher pieds nus sur la terre brûlante,
comme eux je me suis étendu sur la Terre à me laisser bercer
par la pulsation profonde de sa vie.

 Aimer la vie, me disait Lololma,
c'est se souvenir que l'on n'est rien.
L'homme blanc préfère se faire croire qu'il est tout.
Il est rempli de haine pour la Terre dont il est fait.
Il veut la posséder.
Il met la Terre en demeure de produire, toujours davantage.
Il ne veut aucune limite à sa puissance.
Il détruit ce qui lui échappe, il se rend sourd et aveugle
à ce qu'il ne peut détruire.
Il ne connaît plus rien du Grand Mystère.
.
C'est pour ça qu'à présent, a-t-il ajouté,
nous prions et méditons sans cesse.
Ce sont les jours de Purification.
Ce monde meurt car il est sorti de l'équilibre.
Un autre peut naître.
Mais pour cela, il faut des Veilleurs.
C'est à cela que le peuple hopi est destiné :
veiller.
.
Denis Marquet
"Colère"
.






dimanche 14 octobre 2018

Notre nature sauvage







auteur du best-seller "Femmes qui courent avec les loups",
ce n'est pas un hasard si les étendues sauvages de notre planète 
ont disparu en même temps que notre compréhension 
de notre nature profonde s'est amoindrie.

Pour elle,  
« Chaque femme porte en elle 
une force naturelle riche de dons créateurs, 
de bons instincts et d’un savoir immémorial.
 Chaque femme a en elle la Femme Sauvage. 
Mais la Femme Sauvage, comme la nature sauvage, 
est victime de la civilisation. 

La société, la culture la traquent, la capturent, la musellent, 
qu’elle entre dans le moule réducteur des rôles qui lui sont assignés 
ne puisse entendre la voix généreuse issue de son âme profonde. (…)

 « Pourtant, si éloignés que nous soyons de la Femme Sauvage, 
- notre nature instinctuelle-, nous sentons sa présence. 

Nous la rencontrons dans nos rêves, dans notre psyché. 
Nous entendons son appel. 
C’est à nous d’y répondre, de retourner vers elle dont nous avons, 
au fond de nous-mêmes, tant envie et tant besoin. "
[…] 





dimanche 7 octobre 2018

Retrouver l'harmonie avec la planète



Au cinéma le 10 octobre




Aujourd’hui, c’est fondamental. 
Il faut que l’attitude envers la nature soit spirituelle. 
Ce que fait le réalisateur de La particule humaine
 c’est essayer de retrouver une voie claire et saine
 en contraste avec la vie moderne, devenue un cauchemar.
Il faut que l’on regarde ce qui s’est passé avant cette ère moderne,
 où les gens avaient un rapport sain avec la terre, 
où on n’était pas dans cette grosse agriculture industrielle. 
Il faut trouver un moyen de se remettre en harmonie avec la planète." 


 

lundi 1 octobre 2018

Ouvrir les yeux sur l'inévitable...


Notre maison brûle,
et nous regardons ailleurs...
.
Jacques Chirac
(2002)



Interview d'Yves Cochet
(décembre 2017)
.

c'est bien de remettre la crise écologique au centre de nos préoccupations.
C'est ainsi, par exemple que, suite à cette démission,
200 personnalités (*) viennent de lancer un appel dans Le Monde
On peut y lire notamment ceci :

« Il est trop tard pour que rien ne se soit passé :
 l'effondrement est en cours.

La sixième extinction massive se déroule à une vitesse sans précédent.
Mais il n'est pas trop tard pour éviter le pire.
Nous considérons donc que toute action politique
qui ne ferait pas de la lutte contre ce cataclysme
sa priorité concrète, annoncée et assumée, ne serait plus crédible...
De très nombreux autres combats sont légitimes.
Mais si celui-ci est perdu, aucun ne pourra plus être mené.»

("L'effondrement qui vient")







(*) L'un des signataires est le regretté...
Charles Aznavour !
Ce sera la dernière cause qu'il aura soutenue...
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