mardi 26 novembre 2019

Vigilance




La vie ne se révèle qu’à ceux dont les sens sont vigilants 
et qui s’avancent, félins tendus, vers le moindre signal.
Tout sur terre nous interpelle, nous hèle, mais si finement 
que nous passons mille fois sans rien voir.
Nous marchons sur des joyaux sans les remarquer.
Les sens nous restituent le sens.
.
Christiane Singer
.



samedi 23 novembre 2019

Torpeur ordinaire


Nous ne pouvons pas évoluer ou changer réellement,
nous "éveiller" de notre "torpeur"
 ou nous libérer de la souffrance,
si nous ne connaissons pas en profondeur
notre fonctionnement ordinaire,
c'est-à-dire notre "état de sommeil" au quotidien :
état de dépendance aux événements 
et identification aux humeurs
et aux émotions qui en résultent.
Les enseignements majeurs mettent l'accent
 sur le fait que nous "dormons",
inattentifs et insensibles
 à notre environnement et à nous-même.




Mère le constate ainsi :
"Les gens qui vivent dans la conscience ordinaire
savent très peu ce qui se passe physiquement (...)
Au fond, l'immense majorité des hommes
sont comme prisonniers 
avec toutes les portes et les fenêtres fermées,
 alors ils étouffent  (ce qui est assez naturel)
 mais ils ont avec eux  la clef 
qui ouvre toutes les portes et les fenêtres,
 et ils ne s'en servent pas .
(...)
Il n'y en a pas un sur un million qui sache vivre ! 
Ils arrivent dans la vie, ils ne savent pas pourquoi ;
ils savent qu'ils ont un certain nombre d'années à vivre,
 ils ne savent pas pourquoi ; 
ils pensent qu'ils auront à s'en aller
 parce que tout le monde s'en va 
et ils ne savent pas non plus pourquoi...
Ils sont nés, ils vivent, 
ils ont ce qu'ils appellent des bonheurs et des malheurs, 
et puis ils arrivent à la fin, et ils s'en vont.
 Ils sont entrés et ils sont sortis sans rien apprendre."



dimanche 17 novembre 2019

Citations de Georges Bernanos





La menace qui pèse sur le monde
 est celle d'une organisation totalitaire et concentrationnaire universelle
qui ferait, tôt ou tard, sous un nom ou sous un autre, qu'importe !
de l'homme libre une espèce de monstre réputé dangereux
pour la collectivité tout entière,
et dont l'existence dans la société future serait aussi insolite
que la présence actuelle d'un mammouth sur les bords du Lac Léman.

Ne croyez pas qu'en parlant ainsi je fasse seulement allusion au communisme.
Le communisme disparaîtrait demain, comme a disparu l'hitlérisme,
que le monde moderne n'en poursuivrait pas moins son évolution
vers ce régime de dirigisme universel
auquel semble aspirer les démocraties elles-mêmes.
.

Georges Bernanos


 
Un demi-siècle après Bernanos, nous pouvons témoigner qu'il a dit vrai,
nous pouvons même nous avancer encore plus loin que lui :
l'ennemi le plus implacable et le plus destructeur de toute vie de l'esprit,
c'est le capitalisme industriel.

Pourquoi ? Parce qu'il détruit toute trace de vie spirituelle
avec le consentement et la complicité des intéressés.

.




Une civilisation ne s’écroule pas comme un édifice, 
on dirait beaucoup plus exactement 
qu’elle se vide peu à peu de sa substance 
jusqu’à ce qu’il n’en reste plus que l’écorce.
.

Georges Bernanos
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samedi 9 novembre 2019

La voix du silence









Autrefois, je ne savais pas
Qu'il est des mots qu'on n'entend pas
Mais un soir une ombre est venue
Qui m'a dit : "Écoute un peu plus
Une voix te parle en mots inconnus
Entends-tu
Tout bas la voix du silence ?"


Je m'en suis allée promener
Les peupliers se sont penchés
Pour me raconter des histoires
Qu'ils étaient les seuls à savoir
Et le vent et la mer
Doucement me parlaient
J'entendais
Chanter la voix du silence


Et depuis j'ai vu bien des gens
Qui jetaient des mots à tous vents
Et qui discouraient sans parler
Qui entendaient sans écouter
Ils composaient des chants
Que nulle voix n'a repris
Et leurs cris
Couvrent la voix du silence


Les hommes ne voient plus les fleurs
Ils en ont pris des rides au coeur
Ils espèrent en faisant du bruit
Meubler le vide de leur vie
Et mes mots tombent sans un bruit
En gouttes de rosée
Étouffés
Comme la voix du silence


Toi tu dors à mon côté
Et je n'ose pas te parler
De peur que mes mots se confondent
Avec le bruit que fait le Monde
Mais je t'aime tant
Qu'un jour tu comprendras
Tu m'entendras
Crier les mots du silence
.

(Version française de "Sound of silence")