vendredi 21 avril 2017

Réveillez-vous !



Si dans un cauchemar,
vous êtes poursuivi par un monstre féroce,
vous avez deux solutions pour vous en tirer :
- Courir vite ou se battre contre lui
ça peut marcher.
- Vous réveiller ! 
ça marche à coup sûr.

Le premier type de changement -courir ou se battre-
se produit à l'intérieur du système existant qui reste stable; 
c'est ce que nous sommes habitués à considérer 
comme "un changement",
une réaction..

Vous avez l'air d'agir et de réagir à la situation
puisque quelque chose se passe  que l'on peut décrire, 
mais vous restez bien prisonnier de l'univers donné : le cauchemar initial.

Tous les candidats centralisateurs (c'est-à-dire tous...)
proposent ce type de changement à chaque élection :
changer d'équipes d'énarques qui utiliseront les mêmes méthodes
que les énarques précédents.
Le système reste stable.

Même si vous pressentez qu'en fait, ça ne change pas grand-chose,
vous êtes accoutumés à l'idée que "changer", c'est juste cela :
voter pour des programmes différents.
Et comme, bien entendu, cela ne change votre réel qu'à la marge
ou que cela le complique carrément, vous vous dites :
"Ce qu'il faut cette fois, 
c'est un programme très différent, courageux, 
réellement de gauche ou de droite." etc.

En vérité, cela ne change rien 
puisque l'action publique continue dans une logique 
-celle du cauchemar - qui reste invariable.
cela ne fait pas disparaître le monstre qui vous menace
et vous maintient dans l'insécurité.

Quittez vite la croyance que ce genre de changement apparent
-se contenter de "changer le programme"-
a la moindre chance de vous tirer d'affaire.

Le second type de changement
-"se réveiller"- 
fait à coup sûr disparaître le monstre.
Vous mettez fin au cauchemar.
L'image est parlante mais dans le monde réel
vous n'êtes pas habitué à ce type de changement très particulier
puisque aucun parti ne vous l'a jamais proposé. 
(...)
Le premier type de changement, courir ou se battre, 
se concentre sur le "quoi faire",
le programme et les mesures à prendre,
le second type de changement
se focalise sur le "comment faire"
beaucoup plus déterminant.

Eh bien, je propose un changement de type 2 :
que chacun se réveille, c'est-à-dire devienne véritablement acteur 
d'une démocratie citoyenne
où l'individu n'existe pas tous les cinq ans
mais pendant les cinq années du mandat.
(...)

Croire en un changement réel qui viendrait
d'un candidat incarnant le système
crée une insécurité croissante
car notre espérance est constamment déçue.

Ce n'est hélas pas une question de casting,
comme on veut nous le faire croire à chaque scrutin,
mais bien une question de système
qui assure à l'oligarchie d'Etat le contrôle effectif du pays.

En gros, votre bulletin de vote reste un miroir aux alouettes
si vous soutenez quelqu'un issu du système qui n'a, d'évidence,
pour vocation que de se reproduire.
Même s'il ou elle a l'air compétent à la télé,
même s'il ou elle prononce les mots miroirs
qui reflètent vos émotions et que vous avez envie d'entendre.
Quittez la croyance que changer uniquement
de contenu (le programme) est sérieux !

Ce n'est pas facile à admettre, j'en conviens !
On aimerait tellement croire le contraire...
.
.


jeudi 20 avril 2017

Conditionnement collectif


 
Grâce au contrôle des pensées, à la terreur constamment martelée
pour maintenir l’individu dans un état de soumission voulu,
nous sommes aujourd’hui entrés dans la plus parfaite des dictatures,
une dictature qui aurait les apparences de la démocratie,
une prison sans murs dont les prisonniers ne songeraient pas à s’évader,
dont ils ne songeraient même pas à renverser les tyrans.

Système d’esclavage où, grâce à la consommation et au divertissement,
les esclaves auraient l’amour de leur servitude.
.
Aldous Huxley
.



 
Pour étouffer par avance toute révolte, 
il ne faut pas s’y prendre de manière violente. 
Les méthodes du genre de celles d’Hitler sont dépassées. 
Il suffit de créer un conditionnement collectif si puissant 
que l’idée même de révolte ne viendra même plus à l’esprit des hommes.

L’idéal serait de formater les individus dès la naissance 
en limitant leurs aptitudes biologiques innées. 
Ensuite, on poursuivrait le conditionnement 
en réduisant de manière drastique l’éducation, 
pour la ramener à une forme d’insertion professionnelle. 
Un individu inculte n’a qu’un horizon de pensée limité 
et plus sa pensée est bornée à des préoccupations médiocres, 
moins il peut se révolter.

Il faut faire en sorte que l’accès au savoir 
devienne de plus en plus difficile et élitiste. 
Que le fossé se creuse entre le peuple et la science, 
que l’information destinée au grand public 
soit anesthésiée de tout contenu à caractère subversif.

Surtout pas de philosophie. 
Là encore, il faut user de persuasion et non de violence directe : 
on diffusera massivement, via la télévision, 
des divertissements flattant toujours l’émotionnel ou  l’instinctif.
On occupera les esprits avec ce qui est futile et ludique. 
Il est bon, dans un bavardage et une musique incessante, 
d’empêcher l’esprit de penser. 
On mettra la sexualité au premier rang des intérêts humains. 
Comme tranquillisant social, il n’y a rien de mieux.

En général, on fera en sorte de bannir le sérieux de l’existence, 
de tourner en dérision tout ce qui a une valeur élevée, 
d’entretenir une constante apologie de la légèreté ; 
de sorte que l’euphorie de la publicité devienne 
le standard du bonheur humain et le modèle de la liberté. 
Le conditionnement produira 
ainsi de lui-même une telle intégration, 
que la seule peur – qu’il faudra entretenir – 
sera celle d’être exclu du système 
et donc de ne plus pouvoir accéder 
aux conditions nécessaires au bonheur.

L’homme de masse, ainsi produit, 
doit être traité comme ce qu’il est : un veau
et il doit être surveillé comme doit l’être un troupeau. 
Tout ce qui permet d’endormir sa lucidité est bon socialement, 
ce qui menacerait de l’éveiller doit être ridiculisé, étouffé, combattu.

Toute doctrine mettant en cause le système 
doit d’abord être désignée comme subversive et terroriste 
et ceux qui la soutiennent devront ensuite être traités comme tels. 
On observe cependant, 
qu’il est très facile de corrompre un individu subversif : 
il suffit de lui proposer de l’argent et du pouvoir.
.
 
Serge Carfantan
citant Günther Anders
"L’Obsolescence de l’homme", 1956
.
 
 
 
 
 
 


mercredi 12 avril 2017

Bientôt les élections...



On pourrait en pleurer, 
mais on va en rire... ;-)

Les élections françaises
...vues du côté Suisse...
.
La Licorne
.

Il me fait bien rire, ce petit helvète...
Et puis, tiens, sur un sujet pas facile,
j'aime bien cette vidéo-là aussi...
.


samedi 8 avril 2017

Conformisme ou force de l'esprit



 
Le conformisme pousse à désirer des choses 
qui ne sont pas le moins du monde désirables, 
à se laisser étriper, dévaliser pour la possession de biens 
qui se délitent dès que nous les possédons.

Le conformisme nous pousse à faire la sourde oreille 
aux vraies aspirations de justice, de justesse,
d'audace, de solidarité et d'inventivité;
 il mène à une torpeur mortelle.

La transmission, elle, consiste
dans la révélation de la force de l'esprit : 
l'homme est en mesure de penser ce qui n'est pas.
.
Christiane Singer
.




vendredi 31 mars 2017

Ouvrons les yeux




 
Je ne perds jamais de vue 
que le seul fait d'exister est une chance.
.
Katherine Hepburn
 .

La vie t’a offert 86.400 
secondes aujourd’hui.
En as-tu utilisé une seule pour dire merci ?
.
 
La gratitude peut transformer votre routine 
en jours de fête.
.
William Arthur Ward
.



jeudi 23 mars 2017

Un seul



L'infiniment petit peut avoir des effets incroyables
sur l'entière réalité....
Il en est de même dans d'autres descriptions
du réel biologique -l'acupuncture par exemple.
Quand vous imaginez que la pointe d'une aiguille
placée au juste endroit peut guérir
un organe ou le corps tout entier,
quel paradigme pour l'imaginaire !
.
Plus besoin d'un mouvement de masse,
ni de toute une majorité !
Un seul destin peut créer un champ de conscience
auquel participent des époques entières.
.
Christiane Singer
"Du bon usage des crises"
.


dimanche 19 mars 2017

Un rêve...



J'ai un rêve...

Quelques semaines avant les élections françaises,
je fais le rêve d'un autre président,
d'un président différent...

D'un président dont la langue ne serait plus de bois mais de chair,
D'un président qui ne ferait plus écrire ses discours par d'autres,
 mais qui dirait ce qu'il pense vraiment...
D'un président qui évoquerait les vrais problèmes...
D'un président qui renoncerait à flatter les intérêts des uns et les autres
et qui nous parlerait simplement, comme un père de famille parle à ses enfants
pour leur dire ce qui les attend...

D'un président qui remettrait du coeur et de l'humanité dans une politique
qui ne jure que par la croissance et le profit...
D'un président  qui vivrait comme vous et moi, 
sans paravent, sans immunité , sans dorures et sans privilège.
D'un président indépendant et courageux
qui se soucierait de l'avenir des gens et du pays
plus que de l'avenir des multinationales
ou de l'avenir de ceux
qui l'ont aidé à se hisser au pouvoir...
et qui, même, parfois, oserait se soucier de l'avenir du monde 
plus que de l'avenir de son pays...

D'un président (ou d'une présidente ;-),
qui aurait de l'expérience
et qui aurait acquis, au cours de sa vie, 
ce trésor qui ne s'achète pas :
le trésor de la sagesse.
Oui, d'un(e) président(e) "sage"
qui gouvernerait avec bon sens, générosité et sagesse...

Je vous entends déjà : "Tu rêves.."
Eh bien, oui, je rêve...
je l'ai dit depuis le début...
Je rêve...
Mais peut-être pas tant que ça, finalement !

Ecoutez donc celui-là...
C'était le président
d'un tout petit pays d'Amérique du Sud :
 l'Uruguay.
Il a gouverné de 2009 à 2015.
Il s'appelle José Mujica. 
Il existe vraiment.
Si vous ne le connaissez pas,
écoutez ce discours...
vous  pourriez être étonnés ! :-)

.
La Licorne
.


Discours atypique et courageux
(prononcé à la conférence de Rio en 2012)

P-S : Qu'on se comprenne bien...j'aime son discours...
j'aime ce qu'il dit de la vie...
et j'aime sa façon de vivre et de gouverner...
mais je ne défends pas
l'orientation politique de José Mujica...
pas plus que je n'en défends une autre, d'ailleurs... :-)

Je constate juste avec bonheur...
qu'une autre façon de faire est...possible !




lundi 27 février 2017

Un voyage à l'essentiel


Film documentaire d'Alex Ferrini

Un film riche, lumineux, profond, inspirant...
Un film qui pose les bonnes questions...
et qui, en plus, donne des réponses.

Tourné par trois jeunes parisiens en quête de sens,
qui ont quitté pendant plus d'un an leur vie "ordinaire"
et ont rejoint l'Amérique du Sud,
il est un hymne à la vie
et il donne de l'espoir, beaucoup d'espoir...
car il montre que ce sont les gens simples, 
les gens comme vous et moi,
qui, face au marasme actuel, 
peuvent faire quelque chose.

Ceux qui changent intérieurement
finiront par changer le monde...

Ce film est dans la lignée de "Demain"...
Je l'ai adoré...vraiment.
Allez le voir !
.
La Licorne
.


dimanche 26 février 2017

L'éveil et la "grande paix du coeur"




Une vague d’éveil des consciences 
déferle sur l’humanité depuis quelques années, 
prenant diverses formes.
De nombreux témoignages se succèdent, 
à travers des livres ou sur internet. 
De plus en plus d’êtres sont pris dans ce courant 
et partagent, transmettent ou enseignent.
Nous sommes aux balbutiements d’une ère nouvelle, nous avançons en aveugles,
 poussés par une force dont au fond nous ignorons tout, 
et nous nous guidons, nous accompagnons et nous éclairons les uns les autres, 
miroitants visages d’une même Conscience qui se rencontre elle-même.

Qu’est-ce que l’éveil ? 
Est-ce un état, une révélation, une expérience, une compréhension, 
un processus, un aboutissement, un commencement ?...
Différentes approches et écoles existent à ce sujet depuis la nuit des temps, 
et certaines sont en désaccord, ce qui génère une certaine confusion. 
Chaque témoignage d’éveil est unique, et chaque aperçu ou moment d’éveil, 
chez un même être, l’est également.

Au regard de ma propre expérience, 
l’éveil n’est pas quelque chose que l’on atteint, 
mais que l’on reconnaît. 
C’est l’instant où notre nature véritable se révèle, 
où nous réalisons que nous ne sommes pas 
le corps matériel et l’individu limité 
que nous avons cru être 
et que l’essence de ce que nous sommes est purement spirituelle.

L’éveil est également la qualité première et fondamentale de l’esprit
c’est-à-dire une conscience d’une clarté absolue, 
totalement présente à elle-même et à la réalité telle qu’elle est, 
sans filtre, sans conditionnement et sans séparation.
Nous sommes cette pure conscience, cette êtreté, 
et cette pure conscience est atemporelle, impersonnelle, globale, universelle. 
Elle n’a ni début ni fin et ne peut ni disparaître, ni être détruite. 
La matière en est le reflet à travers des formes aussi variées qu’infinies. 
Ces formes sont changeantes, limitées et impermanentes, 
mais ce qui les produit, ce qui en est la source, 
est éternel, inaltérable, illimité.

L’éveil est le moment où cesse l’identification à la forme limitée et mortelle, 
et où l’on réalise que l’on est fondamentalement immortel et infiniment libre. 
Libre de toute définition, de tout concept, 
de toute représentation, de toute histoire personnelle. 
Libre, et Un avec tout ce qui est. Une seule et même Conscience, 
un seul et même Esprit qui se manifeste 
dans une apparente multiplicité de formes et de perceptions.

Ce moment semble se produire en un point précis dans le temps, 
dans l’histoire d’un individu, mais il se situe totalement hors du temps.
 L’individu avec sa perception temporelle disparaît, le cerveau cesse d’interpréter, 
il ne reste que la prise de conscience de Ce qui Est de toute éternité 
et qui n’est pas assujetti au temps.

Cependant, cet événement va déclencher par la suite 
tout un processus dans le psychisme de celui qui le vit. 
Rares sont ceux qui restent instantanément et définitivement 
dans cette perception globale et impersonnelle. 
Pour la plupart, la perception habituelle, « ordinaire », 
avec l’impression d’être un individu séparé, revient ensuite, 
mais toute leur vie sera profondément imprégnée de cette connaissance. 
Cela va modifier leurs croyances, leurs valeurs, leurs aspirations, 
leur façon de se situer dans le monde, leur conscience de soi.

Ce processus va entraîner à la fois une intégration et une désintégration progressives. 
Intégration de cette vision absolue et spirituelle dans un psychisme
 conditionné à croire à une réalité relative et matérielle. 
Et simultanément, désintégration des conditionnements, de l’identification, 
des croyances acquises depuis la naissance du corps physique. 
Une inversion de perspective, une véritable mue psychique 
qui se produit par étapes, et parfois douloureusement.

Il y a des moments d’extase, de paix, de joie profonde, de liberté, 
de clarté d’esprit, de magie, de bonheur, de plénitude. 
Mais aussi des phases de doute, de découragement, de perte de repères,
 de stagnation, d’obscurité, de régression, d’impuissance, de désespoir. 
Il peut se produire pendant un temps des va-et-vient 
entre conscience pure et identification, 
éveil et sommeil, libération et absorption. 
Et cela peut être très perturbant 
et entraîner une violente lutte intérieure 
car cela recrée une nouvelle dualité.

Mais il semble que cela fasse partie du processus,
 pour que s’établisse peu à peu ce que les Japonais de la tradition shinto 
appellent «la grande paix du cœur», 
c’est-à-dire la reconnaissance que Ce que nous sommes 
n’est pas affecté par les changements d’état et ne change jamais, 
que Ce qui est conscient de la dualité est au-delà de toute dualité 
et ne connaît que l’amour et l’accueil de toute expérience.
.
.
 
 
 
 


jeudi 23 février 2017

Trouver son chemin intérieur



Une révolte collective n'est jamais une vraie révolte.
C'est la préparation d'un futur système
de soumission générale...

Une vraie révolte nécessite une transformation intérieure
dont elle devient l'élément principal
Elle est donc essentiellement personnelle...
.
Paul Degryse
"Le dit des chamanes"
.


mercredi 22 février 2017

Modernité




Le progrès est extraordinaire !
D'abord, il permet de supprimer l'utilité des efforts, 
puis, à la fin, 
de supprimer l'utilité de ceux qui voulaient en faire...!
.

Avant on justifiait le travail
parce qu'il produisait des biens. 
maintenant, on justifie le mal
parce qu'il produit du travail...
.

L'homme court à ses rendez-vous
de peur d'être en retard et pendant ce temps,
il rate le seul auquel il est toujours à l'heure : 
l'instant présent.
.

Croire connaître une chose 
parce qu'on peut en décrire et en chiffrer tous les composants
est aussi stupide que croire se régaler d'une confiture
en mâchant l'étiquette collée sur le pot !
.

Tout être humain est un prédateur
qui cherche pouvoir sur les autres
jusqu'à ce qu'il ait compris
que le plus grand des pouvoirs
s'exerce sur soi-même...

.
Paul Degryse
"Le dit des chamanes"
Aphorismes et paradoxes
 pour un temps nouveau
.



samedi 18 février 2017

Ignorance




 
Notre erreur est d'accepter de multiples greffes
et de nous mutiler par imitation,
il nous est impossible d'agir 
en accord avec nous-mêmes 
car nous nous ignorons,
ignorant notre ignorance, 
nous ne tentons pas de dépasser les limites.

Mais qui peut inverser le cours d'une rivière ?
La dimension magique
surgit en nous comme une blessure.
.
 
Alexandro Jodorowsky
"L'"échelle des anges"
 
.



mercredi 15 février 2017

Mise en condition



 
 
Il y a dans nos sociétés
un système de mise en condition des êtres humains 
qui nuit à la réflexion.

Si on se laisse domestiquer
par la presse, la publicité et la télévision, 
on perd tout recul face au monde.
.
Théodore Monod
.
 





mardi 14 février 2017

Les droits de l'âme



Nietzsche parle du désir de reconnaissance comme d'un désir d’esclave 
quêtant l'approbation d'une autorité extérieure.

Dans nos sociétés capitalistes qui font du travail un fétiche, 
l’esclave désire être reconnu comme tel : 
un laborieux, si affairé qu’il en a perdu jusqu’au goût de l’Otium, 
ce loisir studieux auquel se consacraient les aristocrates dans l’antiquité.

Selon Nietzsche, toujours : 
« Celui qui ne dispose pas des deux tiers de sa journée est un esclave. »

Dans L’éducation sentimentale, lors de la veillée funèbre
autour du cadavre du banquier Dambreuse,
Flaubert décrit celui-ci "chérissant le pouvoir d’un tel amour
qu’il aurait payé pour se vendre".

Une telle description colle parfaitement à l’homme contemporain : 
prêt à payer – et cher – pour se vendre. 
La marchandisation généralisée réduit l'être humain
à une valeur d'échange monétaire 
qui l'oblige à se vendre pour exister.


Tel un ogre, le Capital gère ses affaires comme il digère les individus 
à travers la mécanique infernale de l’intérêt et du profit 
où chacun est transformé en comptable pointilleux et cynique
de ses intérêts égoïstes.

Le Capital obéit aux règles de l'égo, ce Je d'enfant d'autant plus mégalo 
qu’il est effrayé par son impuissance et par la mort. 
Transcender l’égo, c’est participer au Grand Jeu fondateur 
des communautés post-capitalistes.

Trump est un signe des temps qui n'aurait pas dû se prénommer Donald mais Picsou. 
Parce qu'il incarne de manière caricaturale, jusqu'à la nausée, l'esprit du capitalisme,
 il en annonce aussi prophétiquement la fin programmée.

Comme l'écrit Michel Onfray : " Trump est le nom du capitalisme nu.
 En ce sens les médias, les élites, les sondeurs, les penseurs comme il faut le haïssent 
parce qu'il montre la vérité du capitalisme cynique
pour lequel l'argent est le fin mot de l'histoire. 
Ceux qui haïssent Trump lui reprochent de montrer ce qu'est le capitalisme sans fard 
et de leur gâcher le travail pendant qu'eux avancent masqués."

La victoire obscène de Donald Trump met à nu cette société du spectacle 
qui transforme chacun en voyeur de sa propre vie. 
Le triomphe de ce que le situationniste Guy Debord nommait la "séparation", 
pourrait annoncer l'émergence d'une nouvelle forme d'humanité,
 réunifiée à un niveau supérieur 
car "Là ou croît le péril, croît aussi ce qui sauve" (Holderlin).

L'homme aliéné de la modernité se reconnaît au fait qu’il se croit libre 
alors même qu'il vit sous l'emprise d’une époque paradoxale produisant à la chaîne
 ces oxymores vivants que sont des individus grégaires.

La barbarie a deux visages : le fanatisme identitaire et le fondamentalisme marchand. 
Une partie de l’humanité est enchaînée par la tradition et l’autre déchaînée par le progrès. 
Ces deux parties se combattent l’une l’autre sans s’apercevoir 
qu’elles sont les deux faces d’une même pièce
dont nous sommes les figurants angoissés et aliénés.

A quand l’organisation systématique de programmes de "démarchandisation" 
- comme il existe des programmes de "déradicalisation" - 
pour nous libérer du fétichisme de la marchandise et de son emprise mortifère ?


Réenchanter le monde, c’est accueillir et intensifier cette présence d’esprit
dont la puissance créatrice décolonise l’imaginaire
et démarchandise les relations.

(...) 

Civilisation en péril cherche dans l'urgence des "professeurs de l'être" 
capables de nous libérer des illusions morbides de l'avoir et du paraître.
.
"Journal intégral"



dimanche 12 février 2017

Le Nouveau et la résistance au Nouveau




J'ai lu récemment (dans le Journal intégral d'Olivier Breteau)
 cette remarque que je trouve très juste :

porteurs d'une quadruple révolution silencieuse 
dans le domaine écologique, 
dans celui du rapport entre hommes et femmes, 
dans la quête d'une spiritualité non dogmatique 
et dans une ouverture multiculturelle (...)  
représentent le symétrique exact 
du quatuor mortifère symbolisé par Trump :
 irresponsabilité écologique, machisme,
 intégrisme culturel et religieux,
 racisme et défense délirante d'une suprématie des Blancs."

Il est vrai que la symétrie est flagrante.
On a là le Nouveau...et la résistance au Nouveau.

A bien y regarder, notre monde paraît aujourd'hui
partagé en deux camps antagonistes :
le camp de ceux (et celles) qui, suivant le "courant du temps",
s'engouffrent dans le "tourbillon du changement"
et celui de ceux qui, apeurés, y résistent de toutes leurs forces...
ne veulent pas lâcher la rive,
et s'arc-boutent sur les anciennes valeurs.

On traite les premiers d'utopistes...
et les seconds d'intégristes.
Pour chaque groupe, bien évidemment, 
le "diable" est de l'autre côté...

Les tensions entre les deux tendances sont parvenues à leur comble...
et beaucoup se demandent, avec un peu d'effroi, et pas mal d'appréhension,
de quel côté la balance finira par pencher...

La vérité est peut-être que, loin d'être une situation purement extérieure, 
le "combat" fait d'abord rage à l'intérieur de chacun de nous :
Reconnaissons honnêtement, qu'en ce moment, nous sommes tous, peu ou prou,
en proie à un conflit entre une envie irrépressible de "plonger dans l'avenir"
et la peur de lâcher nos habitudes et nos vieilles certitudes.
Tiraillés entre ces deux élans, déchirés par nos contradictions, 
nous faisons un pas en avant puis un en arrière...
dansant d'un pied sur l'autre 
sans parvenir à nous décider. 

La situation mondiale est le parfait "reflet"
de ce qui se passe dans nos consciences individuelles. 
C'est bien notre "balance intérieure" qu'il convient d'équilibrer...
et cela, en évitant deux extrêmes
qui seraient tous deux sources de danger...

Le premier danger est le "saut" inconséquent et prématuré dans le vide...
le rejet brusque et radical de tout le passé
(attitude qui ne peut que susciter une "réaction inverse" en retour)
et le second est le refus obstiné de s'ouvrir à de nouvelles vues
et à une transformation de fond qui s'annonce inévitable.

Tout va très vite, tout se précipite...
Or, il faut du temps pour "intégrer" le Nouveau.
Car, comme le dit Edgar Morin,
cela n'implique pas seulement de changer l'extérieur de nos vies,
cela implique avant tout de "se changer soi-même".
La tâche est immense.
On ne peut y arriver du jour au lendemain.
Et beaucoup ne sont pas prêts.

Notre époque est un "sas", un seuil, un passage...
elle nous invite à "lâcher" progressivement
mais résolument, nos "sécurités"
et à nous avancer tous ensemble
vers l'inconnu, vers une Renaissance...
d'une ampleur jamais vue.
Elle nous invite à abandonner nos visions périmées
et à nous ouvrir à une "nouvelle conscience".
Elle nous invite, en même temps, à quitter une civilisation
et à en créer une nouvelle.

Cela suppose, aussi bien individuellement que collectivement,
des avancées et des reculs,
des "allers-et- retours" entre progrès et régression...
Historiquement, cela se passe presque toujours ainsi.
Le progrès n'est pas "linéaire"...
Les "bonds en avant" sont très souvent accompagnés
de phases - temporaires - de retour en arrière. (*)
De fait, ces phases "d'opposition" sont presque une bonne nouvelle :
elles sont le signe que le mouvement est "en marche"...
le signe qu'il est devenu suffisamment "puissant" et suffisamment "visible"
pour qu'on y résiste ! (**)
Les crispations identitaires ne font que mettre en évidence
la force inexorable du courant contraire.

Il serait bien sûr naïf d'imaginer
que cette Mutation , cette "Renaissance"
 puisse se faire sans crise et sans douleurs...
car c'est là le propre de tout "accouchement"...
et celui d'une nouvelle civilisation ne fait pas exception.
Mais, comme dans toute naissance,
on supporte ces "contractions" avec d'autant plus de patience
qu'on en connaît la finalité.
Un nouveau monde nous attend, soyons-en certains...
Il viendra...
Naturellement ou "sous forceps",
en douceur ou dans le drame...
(c'est à nous d'en décider)
mais il viendra !

Beaucoup de choses dépendront de notre "participation"
(ou non) à cet avènement,
la situation n'est pas exempte de dangers vitaux,
mais j'ai envie de croire que le Nouveau l'emportera
(écologie, rapport apaisé hommes/femmes,
fin des dogmes et société multiculturelle)
et que dans vingt ans,
après le "grand changement",
après l'émergence globale d'une "nouvelle conscience"
nous pourrons nous pencher sur les années en cours
en les regardant comme les dernières "résistances",
les derniers "soubresauts"...
avant la délivrance !

La Licorne
.

(*) Ainsi, pour l'abolition de l'esclavage,
 il a fallu s'y prendre à plusieurs fois.
(Napoléon l'avait rétabli en 1802)

Et il en est de même pour l'abolition de la monarchie,
et l'établissement d'un autre régime
qui, malgré tous les espoirs de la Révolution,
ne s'est pas imposé sans moults "retours en arrière".
.

(**)  "Toute vérité franchit trois étapes.
D'abord, elle est ridiculisée.
Ensuite, elle subit une forte opposition.
Puis, elle est considérée comme ayant été une évidence."
(Arthur Schopenhauer)

La première étape est franchie,
nous en sommes à la deuxième...
juste avant l'évidence... ;-)
.


samedi 11 février 2017

La seule transformation véritable



C'est lorsqu'on est au bord de l'abîme 
que l'on décèle les réflexes salvateurs. 
Nous n'en sommes pas encore là 
et peut-être ne les trouvera-t-on pas, 
mais nous pouvons espérer. 

D'abord parce qu'il existe une marge d'incertitude 
sur les prédictions, par nature hypothétiques, 
qui annoncent l'état de la planète d'ici un siècle. 
Le péril sera-t-il, dans les faits, plus massif ou plus supportable, 
interviendra-t-il plus vite ou plus lentement ?
Nous en sommes à faire des paris.

Ce qui peut laisser le temps d'accomplir 
la seule transformation véritable et durable 
qui soit : celle des mentalités.

Combattre les sources d'énergie sale est bien,
 mais ce n'est pas suffisant. 
Seule une prise de conscience fondamentale sur ce nous sommes 
et voulons devenir peut permettre de changer de civilisation. 
(...)
Et d'ailleurs, c'est aussi parce que nous manquons de spiritualité, 
d'intériorité, de méditation, de réflexion et de pensée 
que nous échouons à révolutionner nos consciences.


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mercredi 8 février 2017

Le défi de la complexité




Une conférence passionnante...
de mon "philosophe" préféré... :-)

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La Licorne
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dimanche 5 février 2017

Le piège électoral


Dans le contexte politique actuel,
triste et affligeant,
scandaleux et révoltant...
je ne résiste pas à la tentation
de rééditer deux articles de 2013...
qui n'ont - malheureusement -
pas pris une ride.


Voilà le premier :




Nous devrions faire la grève...des mots menteurs :
nous devrions refuser d'appeler "démocratie"
ce qui est son strict contraire !
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 Etienne Chouard
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Si les élections pouvaient changer quoi que ce soit,
il y a longtemps qu'elles auraient été supprimées.
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Coluche
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Même si les élections existent
et peuvent changer les gouvernements,
le débat électoral est un spectacle
soigneusement contrôlé et géré
par des équipes rivales de professionnels experts
dans les techniques de persuasion.


Le débat porte sur le petit nombre de dossiers
sélectionnés par ces équipes.
La masse des citoyens joue un rôle passif, voire apathique,
en ne réagissant qu'aux signaux qui lui sont envoyés.


Derrière le spectacle du jeu électoral,
la politique réelle est définie en privé
dans la négociation
entre les gouvernements élus et les élites
qui représentent de manière écrasante
les intérêts des milieux d'affaires.
.

Hervé Kempf
"L'oligarchie, ça suffit, vive la démocratie!"
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Il y a longtemps que le vrai pouvoir
n'est plus dans les urnes.
Il plane bien au-dessus d'elles, dans nos institutions
dont les membres ne sont pas éligibles :
notre FMI, notre OCDE, notre OMC,
notre banque mondiale,
qui mènent la vraie marche de la planète.
Les démocraties sont de belles coquilles vides.
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Michel Piquemal
"Le Prophète du libéralisme" 

....
..
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Et voilà le deuxième :

Le régime démocratique a été considéré
comme quelque chose d'acquis,
et de nombreux citoyens
ne se préoccupent plus de la chose commune.

Cette passivité a permis à l'oligarchie et à la finance
de monopoliser le pouvoir.

Rien ne se fera
sans un nouvel engagement politique
– au meilleur sens du terme –
de chacun d’entre nous.

Hervé Kempf
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Le titre de la vidéo est certes provocateur...
mais écoutez quand même...!
Peut-être en apprendrez-vous plus en un quart d'heure
qu'en plusieurs semaines d'émissions en tout genre... :-)
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La Licorne
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